Une tragédie humaine secoue le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique. Samedi dernier, l’explosion d’un camion-citerne a provoqué la mort de 98 personnes selon un nouveau bilan communiqué par les secours lundi. L’accident, survenu dans l’État du Niger dans le centre du pays, a également fait 69 blessés et détruit une vingtaine de boutiques.
Le drame s’est produit vers 10h du matin à un carrefour de la ville de Dikko. Un camion transportant 60 000 litres d’essence s’est renversé sur la route. Une foule s’est alors rassemblée pour tenter de récupérer le carburant qui se déversait, malgré les risques. C’est alors que le camion a explosé, piégeant des dizaines de personnes.
Une situation économique désespérée pousse à prendre des risques
Cet accident tragique met en lumière la situation économique critique du Nigeria. Le pays traverse une grave crise, avec une inflation galopante dépassant les 30% depuis un an. Les réformes lancées par le président Bola Ahmed Tinubu, au pouvoir depuis mai 2023, ont aggravé les difficultés de la population.
Parmi ces mesures figure notamment la fin des subventions sur les carburants. En conséquence, les prix de l’essence ont été multipliés par cinq en 18 mois, devenant inabordables pour une grande partie des Nigérians. Face à cette situation désespérée, certains n’hésitent pas à prendre tous les risques pour tenter de récupérer du carburant, même lors d’accidents.
Un lourd bilan humain et matériel
Le bilan de cet accident est particulièrement lourd. Aux 98 morts et 69 blessés s’ajoutent des dégâts matériels importants, avec une vingtaine de boutiques détruites par l’explosion et l’incendie qui a suivi. Une catastrophe qui vient alourdir encore le bilan humain des accidents de ce type.
Plus de 265 personnes ont perdu la vie dans des accidents similaires durant les cinq derniers mois.
Mohammed Idris, ministre nigérian de l’Information
Appels à la prudence et à la prévention
Face à cette situation, les autorités nigérianes appellent la population à la plus grande prudence. Le président Bola Ahmed Tinubu a souligné le caractère « tragique et évitable » de cet accident. Il a ordonné le lancement d’une campagne nationale de sensibilisation aux dangers de la récupération de carburant.
Nous devons sensibiliser le public pour qu’il évite de s’approcher lorsqu’un accident de ce type se produit.
Mustapha Lamorde, représentant de l’autorité de régulation du secteur pétrolier (NMDPRA)
Un message relayé par le gouverneur de l’État du Niger, Umaru Bago, qui a invité la population « à être toujours responsable et à donner la priorité à sa sécurité ». Mais dans un contexte de crise économique et sociale aiguë, ces appels à la prudence semblent insuffisants pour endiguer ces tragédies à répétition.
Une urgence humanitaire et économique
Au-delà de la prévention des accidents, c’est toute la situation économique et humanitaire du Nigeria qui est en question. Avec plus de 33 millions de Nigérians qui pourraient souffrir de la faim en 2025 selon un rapport d’experts, le pays fait face à une véritable urgence.
Dans ce contexte, les accidents tragiques comme celui de Dikko apparaissent comme les symptômes d’une crise profonde. Ils révèlent le désespoir d’une population poussée à prendre tous les risques pour survivre. Une situation intenable qui appelle des mesures fortes de la part des autorités pour soutenir les plus vulnérables et relancer l’économie du pays.
Mais avant toute chose, c’est une véritable prise de conscience collective qui semble nécessaire. Comme le souligne un secouriste sur place sous couvert d’anonymat, « tant que la population sera aussi désespérée, il sera difficile d’éviter ce genre de drames. Il faut agir d’urgence pour redonner de l’espoir aux Nigérians. » Un défi immense pour ce pays de plus de 210 millions d’habitants, qui doit affronter cette nouvelle tragédie comme un sombre rappel de l’ampleur de la tâche à accomplir.
