ActualitésSanté

Tragédie de Naomi Musenga : L’Opératrice du Samu Face à la Justice

L'opératrice du Samu qui s'était moquée de Naomi Musenga en 2017 comparaît devant la justice, six ans après le décès tragique de la jeune femme. Un procès très attendu qui ravive l'émotion suscitée par cette affaire choc. Retour sur les faits et les enjeux de ce procès hors norme...

En décembre 2017, la France entière était sous le choc en découvrant l’enregistrement glaçant de l’échange entre Naomi Musenga, 22 ans, et l’opératrice du Samu qui avait pris son appel. La jeune femme, souffrant d’intenses douleurs abdominales, s’était vue répondre avec moquerie et dédain. Quelques heures plus tard, elle décédait à l’hôpital. Six ans après ce drame qui avait suscité l’indignation nationale, la régulatrice comparaît ce jeudi devant le tribunal de Strasbourg pour “non-assistance à personne en danger”.

Retour sur une affaire tragique

Le 29 décembre 2017, Naomi Musenga, jeune maman de 22 ans, compose le numéro du Samu en proie à de violentes douleurs au ventre. L’opératrice qui lui répond, au lieu de prendre sa détresse au sérieux, se moque d’elle :

“Oui, vous allez mourir, certainement, un jour, comme tout le monde. Appelez SOS Médecins.”

Échange entre Naomi Musenga et l’opératrice du Samu

Sans poser de questions sur son état, la régulatrice raccroche au nez de Naomi, en violation des procédures d’urgence. La jeune femme rappelle SOS Médecins avant d’être finalement prise en charge par le Samu, mais il est déjà trop tard. Victime de deux arrêts cardiaques dans l’ambulance, elle meurt à l’hôpital quelques heures plus tard.

L’indignation nationale

Lorsque l’enregistrement de l’appel est rendu public quelques mois plus tard, c’est un véritable séisme. Les Français découvrent avec stupeur le traitement réservé à Naomi Musenga par la régulatrice du Samu. L’affaire prend une dimension nationale et le responsable du Samu de Strasbourg est poussé à la démission. Une enquête est ouverte et l’opératrice mise en examen pour “non-assistance à personne en danger”.

Un procès très attendu

Plus de six ans après les faits, l’opératrice comparaît enfin devant la justice ce jeudi 4 juillet. Pour les proches de Naomi, ce procès est l’occasion d’obtenir la vérité et que les responsabilités soient établies. Car malgré les enquêtes, les causes exactes du décès de la jeune femme restent inconnues. Aucun lien de causalité n’a pu être démontré entre le retard de prise en charge et sa mort.

L’avocate de l’opératrice conteste les poursuites visant uniquement sa cliente, regrettant que ses supérieurs hiérarchiques n’aient pas à répondre de leurs responsabilités. Cette dernière risque jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende pour non-assistance à personne en danger.

Au-delà d’un drame individuel

Si l’affaire Naomi Musenga reste une tragédie individuelle, elle a permis une prise de conscience des dysfonctionnements au sein des services d’urgence. Dans les mois suivant le drame, un diplôme spécifique a été créé pour les assistants de régulation médicale du Samu. Une manière de professionnaliser ces métiers de l’ombre, maillons essentiels de la chaîne des secours.

Au-delà de l’établissement des responsabilités, ce procès est porteur d’enjeux qui dépassent le seul cas de Naomi Musenga. C’est toute la qualité de la prise en charge des urgences médicales qui se joue aussi lors de cette audience très attendue. Un premier pas, peut-être, vers une meilleure considération de la détresse des patients.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.