Dans un nouveau rebondissement tragique du conflit qui ravage le Soudan depuis avril 2023, une attaque contre l’hôpital principal de la ville d’el-Facher, dans l’ouest du pays, a fait neuf morts et 20 blessés parmi les patients et leurs proches vendredi dernier. Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a vivement condamné cette attaque, déplorant les assauts continus contre les établissements de santé à travers le Soudan.
Selon une source proche du dossier, l’attaque menée contre l’hôpital principal d’el-Facher a semé la panique et le chaos parmi les patients et le personnel soignant. Les assaillants n’ont pas été identifiés, mais le contexte de guerre civile qui déchire le Soudan depuis plusieurs mois laisse peu de doute sur leur appartenance à l’un des deux camps en présence : l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, ou les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdan Daglo.
Un pays plongé dans le chaos et la violence
Depuis le déclenchement des hostilités en avril dernier, le Soudan est le théâtre d’affrontements meurtriers entre les forces loyales aux deux généraux rivaux. Cette guerre fratricide a déjà fait des dizaines de milliers de morts parmi les civils, et provoqué le déplacement de plus de 11 millions de personnes, précipitant le pays dans une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent.
La région du Darfour, où se trouve la ville d’el-Facher, est particulièrement touchée par les violences. Représentant un quart de la population soudanaise, le Darfour compte aujourd’hui plus de la moitié de ses 10 millions d’habitants parmi les déplacés. La capitale du Darfour-Nord, el-Facher, est assiégée depuis mai par les FSR, bloquant l’accès à l’aide humanitaire et aux échanges commerciaux.
La famine frappe les camps de déplacés
En juillet, un rapport soutenu par les Nations unies a tiré la sonnette d’alarme sur la situation dramatique dans un grand camp de réfugiés du Darfour-Nord, où la famine s’est installée après plusieurs mois de siège des FSR. Les organisations humanitaires peinent à acheminer l’aide vitale aux populations prises au piège des combats.
Ces attaques continues contre la santé à travers le Soudan sont déplorables. Je demande la protection de tous les patients et professionnels de santé, et l’arrêt de toutes les attaques contre les établissements de santé et dans leurs environs.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS
L’OMS appelle à la protection des établissements de santé
Face à la multiplication des attaques contre les hôpitaux et les centres de soins, l’OMS a lancé un appel pressant à la protection des établissements de santé et de leur personnel. Dans un contexte de guerre civile, où les blessés affluent dans des hôpitaux déjà débordés et manquant cruellement de ressources, ces attaques aggravent encore un peu plus la crise humanitaire qui frappe le Soudan.
Malgré les efforts de médiation de la communauté internationale, aucune issue au conflit ne semble se dessiner à court terme. Les deux généraux rivaux semblent déterminés à l’emporter par les armes, au mépris des souffrances infligées à la population civile. Ces dernières semaines, l’intensification des frappes sur les zones résidentielles laisse présager d’un bilan humain toujours plus lourd dans les mois à venir.
La communauté internationale impuissante face à la tragédie soudanaise
Alors que le Soudan s’enfonce chaque jour un peu plus dans la guerre et le chaos, la communauté internationale peine à peser sur le cours des événements. Les appels au cessez-le-feu et à la négociation restent lettre morte, et l’acheminement de l’aide humanitaire se heurte à de multiples obstacles, laissant des millions de Soudanais livrés à eux-mêmes dans des conditions de plus en plus désespérées.
L’attaque contre l’hôpital d’el-Facher est un nouveau symbole de la descente aux enfers d’un pays autrefois considéré comme un pont entre l’Afrique et le Moyen-Orient, et qui sombre aujourd’hui dans un abîme de violence et de misère. Seule une pression internationale concertée et soutenue semble à même d’infléchir la trajectoire du conflit, et d’offrir un espoir de paix aux populations meurtries du Soudan.
