Lorsqu’une tragédie frappe, le temps semble s’arrêter. C’est exactement ce qui s’est passé le 1er novembre dernier à Novi Sad, en Serbie, lorsque l’auvent en béton de la gare s’est effondré peu avant midi, faisant 15 morts et plusieurs blessés. Depuis, le pays est en deuil et attend des réponses. L’enquête, menée par le parquet de la ville, vient de connaître un nouveau rebondissement avec l’arrestation de 11 personnes.
Un ex-ministre parmi les personnes arrêtées
Parmi les individus interpellés figure Goran Vesic, l’ancien ministre de la Construction qui avait démissionné quelques jours après le drame. Selon ses dires, il s’est rendu volontairement à la police pour répondre aux questions des enquêteurs et prouver son innocence. Son prédécesseur, Tomislav Momirovic, actuellement ministre du Commerce, a lui aussi remis sa démission.
Ces arrestations interviennent après un travail minutieux du parquet, qui a collecté et analysé de nombreux documents, mené des entretiens avec de multiples témoins et reçu une expertise sur les causes et circonstances de l’effondrement. La Justice serbe semble déterminée à faire toute la lumière sur cette catastrophe.
La population réclame des comptes
Depuis le drame, des manifestations sont régulièrement organisées par une population en colère qui exige des comptes. L’opposition et une partie des citoyens réclament notamment la publication des contrats signés avec les entreprises ayant participé aux travaux de rénovation de la gare.
Nous voulons savoir qui est responsable de cette tragédie. Nos morts méritent la vérité et la justice.
Un manifestant à Novi Sad
Un consortium international, composé de sociétés chinoises, françaises et hongroises, était en charge de ce chantier achevé depuis plusieurs semaines lorsque le drame est survenu. Beaucoup s’interrogent sur d’éventuelles malfaçons ou négligences.
Des vies brisées, un pays meurtri
Au-delà des responsabilités, ce sont surtout des vies qui ont été fauchées ce jour-là. Des enfants, des parents, des grands-parents âgés de 6 à 74 ans qui attendaient simplement leur train. Des familles à jamais brisées, des destins stoppés nets par des blocs de béton.
Face à l’innommable, les mots paraissent dérisoires. Mais ils sont pourtant essentiels pour panser les plaies d’un pays en état de choc. Les Serbes attendent maintenant de leur Justice qu’elle soit à la hauteur, qu’elle fasse preuve de transparence et apporte des réponses à leurs questions légitimes.
Car au-delà du deuil, c’est aussi la confiance qui s’est effondrée ce 1er novembre. La confiance en des institutions censées protéger les citoyens, en des entreprises censées construire en toute sécurité, en des dirigeants censés assumer leurs responsabilités. Il faudra du temps pour la reconstruire, comme il faudra du temps pour se remettre de cette tragédie nationale.
Mais les Serbes sont un peuple résilient, qui a déjà surmonté bien des épreuves par le passé. Ils sauront puiser en eux la force de se relever et d’avancer, sans jamais oublier ceux qui sont partis trop tôt. Et en exigeant que toute la vérité soit faite sur ce drame qui les a touchés au plus profond de leur chair.
Une enquête sous haute surveillance
Avec ces arrestations, l’enquête sur l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad prend un tournant décisif. Les regards sont désormais braqués sur le parquet de la ville, qui devra faire preuve d’une rigueur et d’une impartialité exemplaires.
- Analyse minutieuse de tous les documents relatifs au chantier de rénovation
- Audition de tous les témoins et acteurs impliqués de près ou de loin
- Expertises techniques poussées pour déterminer les causes exactes du drame
- Recherche d’éventuelles négligences, malfaçons ou corruptions
Rien ne devra être laissé au hasard dans cette quête de vérité et de justice, l’une des plus importantes de l’histoire récente de la Serbie. Car au-delà des responsables directs, c’est tout un système qui pourrait être mis en cause et devoir se réformer en profondeur.
Nous suivrons cette enquête avec la plus grande attention. Elle doit être menée de manière exemplaire, sans aucune zone d’ombre. Nous le devons aux victimes et à leurs familles.
Ana Brnabic, Première ministre serbe
Les prochaines semaines seront décisives et le parquet devra faire preuve de la plus grande transparence dans ses investigations. C’est à ce prix que la confiance des citoyens serbes pourra commencer à se reconstruire et que le pays pourra entamer son long chemin vers la résilience.
L’espoir au cœur du deuil
Malgré l’immensité du chagrin et du choc, des lueurs d’espoir persistent au cœur des ténèbres. Elles sont portées par les innombrables témoignages de solidarité et de soutien qui ont afflué de tout le pays et du monde entier dès les premières heures ayant suivi le drame.
Des collectes ont été organisées pour aider les familles des victimes. Des cellules psychologiques ont été mises en place pour accompagner les personnes traumatisées. Des veillées ont réuni des milliers de citoyens unis dans le recueillement.
Ces élans du cœur prouvent qu’en dépit des pires tragédies, l’humanité et la bienveillance peuvent toujours prendre le dessus. Elles seront des ressources précieuses pour les Serbes dans les moments difficiles qui s’annoncent, notamment lorsque la douleur cédera inévitablement la place à la colère et aux questionnements.
Nous sommes un peuple uni et solidaire. Nous traverserons cette épreuve ensemble, dans la dignité et le respect de nos disparus. Et nous en ressortirons plus forts.
Un habitant de Novi Sad
Ces paroles résonnent comme une promesse. Celle de ne jamais oublier les 15 vies fauchées ce jour noir du 1er novembre. De tout mettre en œuvre pour comprendre et éviter qu’un tel drame ne se reproduise. Et de puiser dans cette tragédie la force de bâtir une Serbie plus juste, plus sûre et plus humaine. L’espoir est là, fragile mais tenace. À l’image de ce peuple résilient qui a toujours su se relever de tout.