Imaginez-vous rentrer chez vous chaque soir la boule au ventre. C’est malheureusement le lot quotidien des habitants de la résidence Le Sully, l’une des plus grandes copropriétés de Bourg-lès-Valence dans la Drôme. Excédés par les incivilités à répétition et la présence d’un point de deal actif, locataires et propriétaires se sentent abandonnés, pris au piège d’une spirale infernale qui ne cesse de s’aggraver depuis la crise du Covid.
Le calvaire des résidents du Sully
Façades dégradées, clôtures et portes endommagées, poubelles qui débordent, matelas et détritus jonchant le sol… Les exemples ne manquent pas pour illustrer la détérioration de la qualité de vie dans cette résidence. Un propriétaire, souhaitant garder l’anonymat par peur des représailles, témoigne :
Certaines personnes jettent leurs détritus par les fenêtres, voire des couches pleines ou des préservatifs usagés… Le vivre ensemble n’existe pas.
Mais le pire reste la présence d’un point de deal dans l’un des immeubles, drainant près de 50 passages par jour selon les estimations. Seringues abandonnées, prostitution, travail dissimulé, logements aux mains de marchands de sommeil… Les dérives sont multiples et les habitants n’osent plus réagir par peur des représailles violentes : pneus crevés, voitures cassées, serrures collées, menaces de mort… Ceux qui s’y risquent le paient cher.
L’exaspération des copropriétaires
Face à cette situation dramatique, les copropriétaires se sentent horriblement seuls et impuissants. Leurs fréquents appels à l’aide auprès des autorités restent lettre morte. La police leur répond être dans l’incapacité d’agir, tandis que la mairie de Bourg-lès-Valence semble sourde à leurs sollicitations répétées, comme le regrette amèrement ce propriétaire :
On les sollicite mais ils ne sont jamais venus. À Valence, des choses sont faites dans des immeubles du Polygone [à quelques centaines de mètres du Sully], la situation s’améliore parce que l’Agglo a mis les moyens. À croire que Valence et Bourg, ce sont deux pays différents.
L’urgence d’un sursaut collectif
Cette détresse des habitants révèle un profond besoin de soutien et d’accompagnement pour enrayer la spirale de l’insécurité et des incivilités qui gangrènent leur lieu de vie. Au-delà des difficultés de la résidence Le Sully, c’est toute la question de la cohésion sociale et du vivre-ensemble dans les zones urbaines fragiles qui est posée.
Pour inverser la tendance, il est urgent que les pouvoirs publics locaux se saisissent réellement de ces enjeux cruciaux et apportent des réponses concrètes, en concertation étroite avec les résidents et acteurs du terrain. Seule une mobilisation collective et déterminée, axée sur la prévention, la médiation et la répression ciblée des fauteurs de troubles permettra de restaurer la tranquillité et la qualité de vie auxquelles tous les habitants aspirent légitimement.
Les solutions existent, à l’image des méthodes déployées avec un certain succès par l’agglomération valentinoise dans le quartier voisin du Polygone. Encore faut-il une réelle volonté politique pour les mettre en œuvre et donner un nouvel espoir aux résidents du Sully et d’ailleurs. Car derrière ces faits divers sordides, ce sont des vies et un fragile équilibre du vivre-ensemble qui vacillent dangereusement. Et ça, nous sommes tous concernés.