C’est une affaire qui secoue en profondeur la tranquillité de Chatou, charmante commune des Yvelines. Mi-juin, plusieurs habitants ont eu la très désagréable surprise de découvrir dans leurs boîtes aux lettres ou sur leurs pare-brises des tracts ouvertement racistes, proférant notamment le slogan « Stop aux Blacks! ». Une enquête pour injures publiques à caractère raciste a depuis été ouverte par le parquet de Versailles, suite au dépôt de deux plaintes d’habitants et d’une main courante du maire Éric Dumoulin.
Une ville sous le choc
Si ces tracts n’ont été diffusés qu’en très peu d’exemplaires selon le maire, leur contenu et leur ciblage n’en restent pas moins choquants. Les auteurs semblent en effet avoir délibérément visé des personnes de couleur, en repérant des noms à consonance africaine sur les boîtes aux lettres ou en déposant les tracts sur les voitures de propriétaires noirs. Des méthodes dignes d’une autre époque, qui laissent Éric Dumoulin pantois :
Les propos de ces tracts sont racistes et totalement délirants. On n’a jamais eu ça à Chatou, qui est pourtant une ville globalement paisible et républicaine.
– Éric Dumoulin, maire de Chatou
Un maire en attente de réponses
Face à ce déferlement de haine, le maire attend désormais que les enquêteurs puissent rapidement identifier les responsables de cette regrettable publication. Il espère que toute la lumière sera faite au plus vite sur cette affaire qui « empoisonne » sa commune. Car au-delà du caractère isolé des faits, c’est bien un vent mauvais qui semble vouloir s’engouffrer dans les paisibles rues de Chatou.
Le spectre d’une société fragmentée
Cet incident soulève en effet des questions qui dépassent largement le cadre de cette bourgade des Yvelines. Il rappelle combien la haine de l’autre, souvent tapie dans l’ombre, peut resurgir à tout moment et en tout lieu. De quoi faire vaciller les fondements même de notre pacte républicain, basé sur la tolérance et le respect mutuel. Car ce n’est pas seulement Chatou qui est touchée, mais bien toute notre société qui se retrouve interpellée dans sa capacité à faire cohabiter les différences.
Quelle réponse face à la haine ?
Face à ces actes d’intolérance, les réactions oscillent souvent entre sidération, colère et volonté de riposte. Mais au-delà de l’émotion légitime, c’est bien une réponse ferme et sans ambiguïté qu’il convient d’apporter. Une réponse qui passe par la sanction des coupables bien sûr, mais aussi et surtout par la réaffirmation des valeurs qui nous unissent. Car si ces tracts racistes ne reflètent heureusement pas l’état d’esprit général, ils sont le symptôme d’un mal plus profond qui gangrène notre société : la peur de l’autre et le rejet des différences.
Pour une société unie et apaisée
C’est donc un véritable travail de fond qui doit être mené, alliant répression des propos et actes discriminatoires, et promotion inlassable du vivre-ensemble. Un travail d’éducation et de dialogue, pour démontrer que nos différences ne sont pas une menace mais une richesse. Un message de fermeté et de fraternité, adressé à tous ceux qui seraient tentés de sombrer dans la haine. Car c’est en faisant le choix de l’unité plutôt que de la division, que nous pourrons bâtir une société apaisée et harmonieuse.
L’affaire des tracts de Chatou n’est donc que la partie émergée de l’iceberg. Elle nous rappelle la nécessité de ne jamais baisser la garde face à l’intolérance, et de toujours œuvrer pour une société inclusive et respectueuse des différences. Un combat de chaque instant, qui engage chacun d’entre nous. Car c’est seulement ainsi, en additionnant les volontés individuelles, que nous pourrons faire reculer les préjugés et construire un avenir commun serein. Le chemin est encore long, mais il en va de notre cohésion sociale et de nos valeurs les plus chères.