Imaginez un terrain de football niché au cœur de la campagne colombienne, où des femmes, bottes aux pieds et ponchos sur les épaules, s’affrontent avec ferveur sous un soleil éclatant. Ce n’est pas une scène ordinaire : c’est le tournoi Bota, Ruana y Sombrero, un événement unique qui célèbre à la fois le sport et la richesse culturelle des agricultrices colombiennes. Cet événement, bien plus qu’un simple match, incarne une fierté locale et une passion débordante pour le football féminin, un sport qui gagne du terrain dans le pays.
Un Tournoi Ancré dans la Tradition
Dans les régions rurales du centre de la Colombie, le football se joue autrement. Loin des stades modernes, le tournoi Bota, Ruana y Sombrero réunit des femmes qui, pour la plupart, passent leurs journées dans les champs. Ces agricultrices, souvent méconnues, trouvent dans cet événement une occasion de briller. Luz Mery Contreras, une participante de 39 ans, résume l’essence de ce tournoi avec émotion :
Ce tournoi représente beaucoup parce qu’il fait partie de notre culture traditionnelle et parce que les agricultrices se sentent délaissées.
Luz Mery Contreras, agricultrice
Ce n’est pas seulement un moment de compétition, mais une célébration de l’identité rurale. Les joueuses, vêtues de tenues traditionnelles, incarnent un lien profond avec leurs racines, tout en défiant les clichés sur le sport féminin.
Une Tenue Pas Comme les Autres
Jouer au football en bottes de caoutchouc, jupe, poncho (ruana) et chapeau de paille n’est pas une mince affaire. Pourtant, ces femmes relèvent le défi avec une agilité impressionnante. Luz Mery Contreras, capitaine de l’équipe Las Habas, confie avec un sourire :
Malgré la tenue peu propice à l’activité sportive, on joue super bien !
Luz Mery Contreras, capitaine de Las Habas
Sous son poncho, elle arbore fièrement le maillot de l’équipe nationale colombienne, un symbole de son admiration pour des joueuses comme Linda Caicedo, star du Real Madrid. Cette passion pour le football transcende les générations et relie ces agricultrices aux exploits de l’équipe nationale, qui se prépare pour les qualifications de la Coupe du monde 2027.
Le tournoi ne se contente pas de mettre en avant le sport : il célèbre l’héritage rural à travers des tenues emblématiques, transformant chaque match en une véritable ode à la culture colombienne.
Un Ballon Unique et des Règles Originales
Ce qui distingue ce tournoi, c’est son ballon : fabriqué en peau de vache avec ses poils, il est plus léger et plus difficile à contrôler qu’un ballon classique. Cette particularité ajoute une dose de challenge, mais les joueuses s’adaptent avec brio. De plus, le tournoi a ses propres règles :
- Si un chapeau tombe, le jeu s’arrête pour permettre à la joueuse de le remettre.
- Si une botte s’envole, même consigne : pause et rééquipement.
- Les équipes portent des noms inspirés de la vie rurale, comme Las Jediondas ou Las Potrancas.
Ces règles, bien que ludiques, témoignent de l’esprit communautaire du tournoi. Elles garantissent que l’accent reste sur le plaisir et le respect des traditions, plutôt que sur la compétition acharnée.
Des Femmes aux Multiples Talents
Les participantes ne se contentent pas de jouer au football. Beaucoup, comme Milena Arias, une agricultrice et pompière volontaire de 42 ans, mènent une vie bien remplie. Milena, membre de l’équipe Las Garrapatas, explique :
Jouer avec des bottes, une ruana et un chapeau, c’est complètement fou, même les plus professionnelles n’y arriveraient pas.
Milena Arias, agricultrice et pompière
Pour elle, le football est une passion de toujours. Elle pratique également le futsal tout au long de l’année, prouvant que le sport est bien plus qu’un loisir occasionnel pour ces femmes. Leur engagement est d’autant plus remarquable qu’elles jonglent avec des responsabilités professionnelles et familiales.
Une Pause Gourmande et Énergisante
À la mi-temps, les joueuses se réunissent pour se désaltérer avec du guarapo, un jus de canne à sucre traditionnel. Cette boisson, typique des zones rurales, agit comme un véritable énergisant naturel. Les visages maquillés, les participantes partagent des rires et des anecdotes, renforçant les liens communautaires qui rendent ce tournoi si spécial.
| Équipe | Signification |
|---|---|
| Las Habas | Les fèves |
| Las Jediondas | Les malodorantes |
| Las Potrancas | Les pouliches |
| Las Garrapatas | Les tiques |
Un Événement aux Retombées Profondes
Le tournoi Bota, Ruana y Sombrero va bien au-delà du sport. Il offre une plateforme pour valoriser les agricultrices, souvent invisibilisées dans la société colombienne. En jouant, ces femmes revendiquent leur place et inspirent les nouvelles générations. Leur engagement reflète également l’essor du football féminin en Colombie, porté par des figures comme Linda Caicedo et une équipe nationale en pleine ascension.
Pour beaucoup, ce tournoi est une bouffée d’oxygène, un moment de liberté et de joie. Il montre que le sport peut être un vecteur d’unité, de fierté et de célébration culturelle, même dans les contextes les plus inattendus.
Un Avenir Prometteur pour le Football Féminin
Le succès du tournoi Bota, Ruana y Sombrero illustre la vitalité du football féminin en Colombie. Alors que l’équipe nationale se prépare pour les qualifications de la Coupe du monde 2027, des événements comme celui-ci montrent que la passion pour le sport est bien ancrée, même dans les campagnes les plus reculées. Ces agricultrices, avec leurs bottes et leurs ponchos, prouvent que le football n’a pas de frontières.
En somme, ce tournoi est une ode à la résilience, à la culture et à la passion. Il rappelle que le sport peut transformer des vies, renforcer des communautés et célébrer l’identité d’un peuple. Qui sait quelles nouvelles stars émergeront de ces terrains ruraux ?
