Un geste qui choque et indigne. Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux montre des touristes dispersant ce qui semble être des cendres humaines au Machu Picchu, haut lieu du tourisme au Pérou et site sacré des Incas. Face au tollé provoqué par ces images, les autorités ont annoncé un renforcement des mesures de sécurité pour préserver l’intégrité de ce joyau du patrimoine mondial.
Onde de choc après une vidéo polémique
C’est une séquence de quelques secondes qui a mis le feu aux poudres. Sur les images, on y voit une femme disperser le contenu d’un sac en plastique dans les airs, vraisemblablement des cendres, avant de prendre dans ses bras une autre personne, le tout avec en arrière-plan les ruines emblématiques du Machu Picchu. Publiée initialement sur TikTok par une agence de voyages, la vidéo a ensuite été massivement relayée, suscitant l’indignation au Pérou et au-delà.
Si aucune plainte n’a été déposée, les autorités péruviennes ont néanmoins décidé de sévir. « Nous allons renforcer les mesures de surveillance sur place », a déclaré César Medina, responsable du parc archéologique. Cela passera notamment par l’installation de caméras supplémentaires et un déploiement renforcé des gardiens.
Un site fragile à préserver
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1983, le Machu Picchu est le site touristique le plus visité du Pérou. Chaque jour, ce sont en moyenne 5600 personnes qui foulent le sol de cette cité inca perchée à 2400 mètres d’altitude. Une fréquentation massive qui n’est pas sans conséquence pour ce site vieux de plus de 500 ans.
Le Machu Picchu est un joyau fragile qu’il est essentiel de protéger. Chaque visiteur doit prendre conscience de sa responsabilité.
José Bastante, Directeur du parc archéologique
Au-delà de l’usure naturelle liée au temps et aux éléments, le comportement des touristes représente une menace supplémentaire. Jets de déchets, graffitis, ou dans le cas présent dispersion de cendres, sont autant d’actes irrespectueux qui dégradent le site. Des dégâts souvent irréversibles.
Un cadre législatif à renforcer
Si l’acte de disperser des cendres n’est pour l’instant pas punissable au regard de la loi péruvienne, cela pourrait bientôt changer. César Medina a en effet indiqué que cette pratique allait désormais être interdite pour des raisons sanitaires.
Plus largement, c’est tout le cadre réglementaire autour de la protection du Machu Picchu qui pourrait être renforcé. Pour l’heure, le site ne dispose que de peu de moyens pour lutter contre les incivilités : 4 caméras et une poignée de gardiens pour surveiller plus de 32 000 hectares.
Vers un tourisme plus responsable ?
Au-delà des mesures coercitives, c’est un changement de mentalité qui s’impose. À l’heure où le tourisme de masse montre ses limites, il est urgent de repenser notre façon de voyager. Respect des sites, des populations, de l’environnement doivent être les maîtres-mots.
Des initiatives existent pour promouvoir un tourisme plus durable et responsable. Limitation du nombre de visiteurs, sensibilisation aux bonnes pratiques, implication des communautés locales… Les pistes sont nombreuses pour concilier préservation du patrimoine et découverte du monde.
Voyager, c’est aller à la rencontre de l’autre. C’est un acte qui implique du respect et de l’humilité.
Luis Lumbreras, anthropologue péruvien
L’épisode des cendres dispersées au Machu Picchu est un signal d’alarme. Il nous rappelle la fragilité de notre héritage et la nécessité de le protéger. Mais il nous invite aussi à repenser notre rapport aux voyages, pour faire du tourisme une expérience enrichissante et vertueuse, pour soi comme pour les autres. Un défi à relever ensemble, voyageurs, professionnels et pouvoirs publics.