C’est dans les Alpes, théâtre des plus grandes épopées du cyclisme, que s’est jouée ce samedi la 20e et avant-dernière étape du Tour de France 2024. Une étape reine de haute montagne, avec l’ascension de cols mythiques comme le Turini et la Colmiane, avant la terrible montée finale vers le sommet du Col de la Couillole et ses 15,7 km à 7,1% de moyenne. Le tout après déjà plus de 3 semaines de course éreintantes. Les organismes sont à bout, chaque coup de pédale est une souffrance. Mais dans ce décor grandiose, il reste encore une occasion en or de bouleverser la hiérarchie. L’étape de la dernière chance pour certains, celle de la confirmation pour d’autres. Passage en revue des tops et des flops de cette journée décisive.
Pogacar, l’insatiable cannibale
Intouchable, tout simplement. Vainqueur au sprint devant son rival et maillot jaune Jonas Vingegaard, Tadej Pogacar s’offre une 5e victoire d’étape sur ce Tour de France 2024. Malgré l’énorme déficit accumulé sur son rival danois après une défaillance sur les pentes du Puy de Dôme en 3e semaine, le Slovène n’a rien lâché. Au contraire, il a multiplié les attaques, en solitaire ou au sprint, grapillant de précieuses secondes jour après jour.
Son succès ce samedi, bien que sans conséquence sur le classement général, a valeur de symbole. Même dans le malheur, Pogacar reste le patron. Sa dynamique, sa vista, sa vélocité lui permettent de lever les bras une nouvelle fois dans cette édition 2024, un record.
C’est dommage qu’il y ait eu cette méforme sur le Puy-de-Dôme, parce que vu ma condition et ma domination sur les étapes, j’aurais pu prétendre à la victoire. Je ne regrette rien cependant, c’est la course. Je suis content d’avoir encore prouvé que j’étais le plus fort.
– Tadej Pogacar, après sa victoire au Col de la Couillole
Carapaz, l’histoire en marche
Le meilleur grimpeur de ce Tour de France 2024 n’est autre que Richard Carapaz. Passé inaperçu dans les massifs français après sa chute dans la 1ère semaine, l’Équatorien n’a jamais lâché le morceau. Dans les grandes ascensions alpestres lors de cette dernière semaine, le coureur d’EF Education a construit son succès en partant à la pêche aux points, décrochant son premier maillot à pois.
Une récompense méritée pour le grimpeur le plus combatif et offensif du peloton. Mais surtout une première historique pour l’Équateur, jamais représenté sur un podium final des classements annexes du Tour de France. Le pays andin peut être fier de son champion.
Bardet, l’émouvant baroud d’honneur
Il avait annoncé que le Tour de France 2024 serait son dernier. À près de 33 ans, Romain Bardet fera ses adieux à la Grande Boucle dimanche sur les Champs-Élysées. Mais l’Auvergnat tenait à offrir une dernière fournée de frissons à son public. L’enfant de Brioude n’a pas manqué l’occasion sur cette 20e étape en prenant l’échappée dès les premiers kilomètres.
S’il n’a pas réussi à s’imposer, il a offert ses derniers coups de pédale sur le Tour de France devant les caméras et le public. Une manière de refermer la boucle pour le coureur de DSM, arrivé sur le Tour en 2012 en boulet de canon en s’offrant une étape de montagne. 12 ans après, il met un point final à sa carrière, riche de 3 podiums et de moments d’émotion intense. Un bel hommage.
Evenepoel, les limites du prodige
Encore un revers pour Remco Evenepoel. Leader de l’équipe Soudal Quick Step, le jeune prodige belge, vainqueur du Tour d’Espagne 2022 et du Giro 2023, n’arrive décidément pas à briller sur le Tour de France. Après un premier Tour en 2021 terminé à une modeste 43e place, le phénomène flamand n’est jamais parvenu à rivaliser avec les meilleurs en 2024.
Sa tentative dans l’étape de ce samedi en partant à l’assaut de Vingegaard dès le pied de l’ascension finale se voulait pourtant prometteuse. Mais le Danois a répliqué avec autorité, laissant sur place Evenepoel dans les 5 derniers kilomètres. Un nouveau coup dur qui assoit son impuissance face aux patrons Vingegaard et Pogacar sur 3 semaines.
J’ai tenté ma chance mais ils étaient plus forts. Je voulais me tester, voir où j’en étais dans une dernière étape de montagne. Force est de constater que je ne suis pas encore au niveau pour jouer le général. Je resterai sur une 3e place au final, c’est déjà une belle performance pour un premier podium. J’espère progresser dans les prochaines années.
– Remco Evenepoel, au micro de Sporza
Rodriguez, le coup de mou fatal
Son rêve de top 5 s’est envolé dans les lacets du Col de la Couillole. Carlos Rodriguez, brillant 6e du classement général au départ de cette 20e étape, a complètement craqué dans les 10 derniers kilomètres. Distancé par le groupe des favoris, l’Espagnol d’Ineos-Grenadiers a été victime d’une fringale, incapable de suivre le rythme infernal imposé par Tadej Pogacar malgré l’aide de ses équipiers.
Il recule d’une place au général et doit même s’estimer heureux de conserver sa place dans le top 10. Un coup d’arrêt terrible pour le jeune grimpeur de 22 ans qui visait un premier accessit sur un grand Tour. Il devra se contenter de sa 7e place finale, rageant pour 38 petites secondes qui le séparent de la 6e position de Yates. Rodriguez apprend décidément à ses dépens la dure loi de la troisième semaine sur le Tour.
Épilogue à Paris
Après les dernières grandes manœuvres orchestrées ce samedi dans les Alpes, place à l’apothéose tant attendue sur les Champs-Élysées. L’occasion de célébrer les vainqueurs et les héros de ce Tour de France 2024 qui aura tenu toutes ses promesses.
Si le suspense pour la victoire finale est tué depuis longtemps, le public aura à cœur d’ovationner le nouveau roi Jonas Vingegaard, qui s’apprête à revêtir pour la deuxième fois le maillot jaune à Paris. Mais aussi Tadej Pogacar, grand animateur de la course, ainsi que Felix Gall, Jai Hindley et Remco Evenepoel, qui complètent un podium séduisant.
Ils seront accompagnés par l’inamovible maillot vert Jasper Philipsen, par l’épatant maillot à pois Richard Carapaz et par le meilleur jeune de cette édition, le Norvégien Tobias Johannessen. Une dernière étape en forme de parade, pour clore trois semaines folles. Rendez-vous en juillet 2025 avec un parcours qui s’annonce palpitant !