Chaque année, l’assemblée générale d’un géant pétrolier comme TotalEnergies est un moment clé, mais aussi un théâtre d’affrontements. En 2025, l’événement s’annonce particulièrement électrique. Alors que les militants climatiques préparent une mobilisation massive, le groupe français, l’un des leaders mondiaux de l’énergie, se retrouve sous le feu des critiques. Pourquoi cette tension persistante ? Entre la nécessité de répondre à la demande énergétique mondiale et les pressions pour une transition écologique rapide, TotalEnergies navigue en eaux troubles.
Une Assemblée Générale sous Haute Surveillance
Pour la deuxième année consécutive, l’assemblée générale (AG) de TotalEnergies se tient dans l’enceinte sécurisée de son siège, dans le quartier de La Défense. Ce choix stratégique vise à éviter les perturbations massives qui ont marqué les éditions précédentes. En 2023, des affrontements entre forces de l’ordre et militants avaient paralysé un quartier de Paris. L’année suivante, bien que l’AG ait été épargnée, les tensions s’étaient déplacées vers l’assemblée d’un actionnaire majeur du groupe, où des arrestations avaient eu lieu.
Cette année, les militants climatiques, menés par des organisations comme Extinction Rebellion (XR), annoncent une mobilisation à distance. Ils prévoient de cibler un partenaire de la multinationale avant de converger vers un lieu symbolique de la capitale pour une « Contre-Assemblée Générale de l’Énergie ». Cette stratégie, moins frontale mais tout aussi déterminée, illustre la persistance des critiques envers les activités pétrolières et gazières du groupe.
Les Griefs des Militants Climatiques
Les accusations portées contre TotalEnergies sont multiples. Les défenseurs du climat reprochent au groupe d’aggraver le réchauffement climatique par ses activités dans les énergies fossiles. Ils pointent également du doigt l’impact de ses projets sur la biodiversité et les droits humains, notamment dans des régions où l’extraction pétrolière est controversée. Ces critiques ne se limitent pas aux manifestations de rue : elles se prolongent dans les tribunaux.
En juin 2025, TotalEnergies devra répondre à une plainte pour publicité mensongère déposée par plusieurs ONG, dont Greenpeace. Ces organisations estiment que le groupe induit les consommateurs en erreur en mettant en avant une stratégie climatique qui, selon elles, manque de sincérité. Cette affaire judiciaire, une première pour le géant pétrolier, pourrait marquer un tournant dans la manière dont les entreprises énergétiques communiquent sur leurs engagements environnementaux.
« TotalEnergies doit arrêter de verdir son image sans actions concrètes. Les énergies fossiles aggravent la crise climatique », déclare un porte-parole d’une ONG environnementale.
Une Stratégie Énergétique à Double Vitesse
Face à ces critiques, TotalEnergies défend une approche pragmatique. Le groupe insiste sur la nécessité des énergies fossiles pour répondre à la demande mondiale, tout en investissant dans les énergies renouvelables. Selon son dernier rapport climat, environ un quart de ses investissements sur la période 2026-2030 sera consacré à l’éolien et au solaire, une proportion légèrement revue à la baisse par rapport aux années précédentes. Ce recalibrage a suscité des réactions mitigées.
Le groupe se distingue toutefois de ses concurrents européens, comme Shell ou BP, qui ont récemment réduit leurs ambitions dans la transition énergétique. TotalEnergies revendique un rôle de leader parmi les majors pétrolières en matière de transition énergétique. Pourtant, l’absence de vote sur sa stratégie climatique lors de l’AG 2025 a été perçue par certains comme un recul, alimentant les accusations de « marche arrière » de la part des militants.
TotalEnergies affirme maintenir le cap sur une transition énergétique équilibrée, mais les militants climatiques exigent des engagements plus audacieux.
Les Enjeux Économiques de l’AG 2025
Cette année, TotalEnergies doit également composer avec des défis économiques. La baisse des profits, liée à la chute des cours du pétrole, pèse sur ses perspectives. Malgré cela, l’AG 2025 ne devrait pas réserver de surprises majeures. Le groupe a choisi de privilégier un ordre du jour classique, sans soumettre de résolutions climatiques au vote des actionnaires. Cependant, un point formel de débat sur la stratégie climatique a été intégré, dans un effort de dialogue avec les investisseurs.
En 2024, plus de 20 % des actionnaires avaient exprimé leur désaccord avec la stratégie climatique du groupe, un signal fort pour une entreprise de cette envergure. Cette année, les discussions promettent d’être animées, même sans vote formel. Les investisseurs, de plus en plus sensibles aux questions environnementales, pourraient accentuer la pression sur la direction.
TotalEnergies et les Énergies Renouvelables : Un Virage Progressif
Le groupe n’est pas inactif dans le domaine des énergies vertes. Il a récemment multiplié les initiatives pour diversifier son portefeuille. Parmi celles-ci :
- Éolien offshore : TotalEnergies ambitionne une rentabilité de 12 % dans ce secteur, avec des projets en Europe et ailleurs.
- Biocarburants : La raffinerie de La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, est devenue un modèle en produisant des carburants à partir de sources renouvelables.
- Hydrogène vert : En partenariat avec Air Liquide, TotalEnergies investit dans des projets aux Pays-Bas pour décarboner ses raffineries.
- Biogaz : En Inde, un projet original de maison de retraite pour vaches sacrées produit du biogaz, répondant aux attentes locales.
Ces initiatives montrent une volonté de s’adapter aux attentes du marché et des régulateurs. Cependant, pour les militants, ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur de la crise climatique.
Un Contexte Global de Pression Croissante
La situation de TotalEnergies n’est pas isolée. À l’échelle mondiale, les grandes entreprises pétrolières font face à une montée des critiques. Les résolutions climatiques lors des assemblées générales sont en recul cette année, signe d’une certaine frilosité des majors face aux pressions des investisseurs et des ONG. Pourtant, la société civile ne relâche pas son étreinte.
En parallèle, les attentes des consommateurs évoluent. Les accusations de greenwashing se multiplient, obligeant les entreprises à revoir leur communication. TotalEnergies, avec son procès imminent pour publicité mensongère, est emblématique de ce tournant. Le groupe devra démontrer que ses engagements climatiques ne sont pas de simples promesses.
« Les entreprises comme TotalEnergies doivent aligner leurs actions sur leurs discours. Les consommateurs ne se contentent plus de belles paroles », affirme un analyste du secteur énergétique.
Quel Avenir pour TotalEnergies ?
L’avenir de TotalEnergies dépendra de sa capacité à concilier rentabilité économique et transition écologique. Le groupe investit dans des technologies de pointe, comme l’hydrogène vert ou les biocarburants, tout en maintenant une production significative de pétrole et de gaz. Cette stratégie, qualifiée de « double jeu » par certains, vise à répondre à la demande énergétique mondiale tout en préparant l’avenir.
Pourtant, les défis restent nombreux. Les militants climatiques, les investisseurs et les régulateurs exigent des engagements plus forts. Le procès de juin 2025 pourrait également influencer la perception du public. Dans ce contexte, l’AG 2025 est bien plus qu’une simple formalité : elle est un test de la crédibilité du groupe.
| Enjeu | Action de TotalEnergies | Critiques des ONG |
|---|---|---|
| Transition énergétique | Investissements dans l’éolien et le solaire | Efforts insuffisants face à l’urgence climatique |
| Publicité mensongère | Promotion d’une stratégie climatique | Communication trompeuse |
| Droits humains | Engagements éthiques dans les projets | Impact négatif dans certaines régions |
Conclusion : Un Équilibre Précaire
L’assemblée générale 2025 de TotalEnergies illustre les tensions qui traversent l’industrie énergétique. D’un côté, le groupe cherche à maintenir sa position de leader tout en investissant dans les énergies vertes. De l’autre, les militants climatiques et une partie des actionnaires exigent un virage plus radical. Dans un monde où les attentes environnementales ne cessent de croître, TotalEnergies devra prouver que son modèle est viable à long terme.
La question reste ouverte : le géant pétrolier parviendra-t-il à répondre aux défis climatiques tout en préservant sa rentabilité ? L’issue de l’AG 2025 et du procès à venir pourrait apporter des éléments de réponse.
