Imaginez-vous devant la sépulture d’un homme qui a donné sa vie pour la France, un capitaine cité quatre fois pour sa bravoure, décoré de la Légion d’honneur. Et soudain, vous découvrez que tout ce qui ornait sa tombe a été arraché, volé, profané. C’est la réalité cruelle qu’a vécue la famille d’un héros de la Première Guerre mondiale à Thézillieu, dans l’Ain. Un acte qui glace le sang et soulève une vague d’indignation.
Un Sacrilège Inacceptable Sur La Mémoire Des Poilus
Le cimetière de Thézillieu, paisible village du Bugey, est devenu le théâtre d’un vandalisme odieux. La tombe du capitaine Barrucand, tombé au champ d’honneur en 1917 près de Reims, a été dépouillée de tous ses ornements métalliques. Ce n’est pas un simple vol : c’est une atteinte à la mémoire nationale, un crachat sur le sacrifice de ceux qui ont défendu la patrie.
Les faits se sont déroulés entre le 28 octobre et le 4 novembre, juste avant les commémorations de la Toussaint. Cinq vases en fonte de style Médicis ont été descellés avec violence. Sept tronçons de chaîne décorative, également en fonte, ont subi le même sort. Enfin, une grande plaque en bronze, installée en 2018 pour le centenaire de l’Armistice, a été arrachée. Le spectacle est désolant.
Qui Était Le Capitaine Barrucand ?
Pour comprendre l’ampleur du choc, il faut revenir sur le parcours exceptionnel de cet officier. Le capitaine Barrucand commandait une compagnie lors des terribles assauts de 1917. Quatre citations témoignent de ses actes d’héroïsme : il n’hésitait pas à s’exposer sous le feu ennemi pour secourir les blessés. Mort lors d’une offensive près de Reims, il laisse derrière lui une veuve, Alphonsine, et des lettres bouleversantes conservées précieusement.
Ces missives, adressées à son épouse, décrivent avec une humilité poignante les horreurs du front. Elles parlent de boue, de froid, de camarades tombés, mais aussi d’un devoir accompli avec panache. « Je pense à toi chaque soir avant de fermer les yeux », écrivait-il. Ces mots, lus aujourd’hui, donnent la chair de poule et rappellent le prix de la liberté.
« Ses actions audacieuses où, sous le feu des armes, il allait chercher les blessés sur le front, méritent tout au moins le respect. C’était un véritable héros. »
Isabelle Fustier, petite-nièce du capitaine
La décoration posthume de la Légion d’honneur couronne une carrière militaire exemplaire. Pourtant, plus d’un siècle après sa mort, sa sépulture est profanée pour quelques centaines d’euros de métal. Le contraste est insoutenable.
La Découverte Macabre
C’est Alain Espiard, passionné d’histoire locale et conservateur d’une exposition-musée dédiée aux deux guerres mondiales, qui a donné l’alerte. Le 28 octobre, il fleurissait les tombes familiales avec un ami. Tout était intact. Six jours plus tard, le 4 novembre, il revient et tombe sur le désastre.
Les vases, solidement scellés depuis des décennies, ont été forcés. Les chaînes, symbole de lien entre les générations, gisent au sol ou ont disparu. La plaque commémorative, fièrement inaugurée pour le centenaire, n’est plus qu’un emplacement vide. Des villageois rapportent avoir vu des mouvements suspects juste avant la Toussaint.
Chronologie des faits :
- 28 octobre soir : Tombe intacte, visitée par Alain Espiard.
- Entre 29 octobre et 3 novembre : Pillage présumé.
- 4 novembre : Découverte du vandalisme.
- 6 novembre : Visite d’Isabelle Fustier et dépôt de plainte.
Alain Espiard, membre de l’association patrimoniale du Dreffia, contacte immédiatement Isabelle Fustier, qui vit en Savoie. Elle se déplace deux jours plus tard. Sur place, l’émotion est palpable.
L’Émotion De La Famille
Isabelle Fustier arrive au cimetière le 6 novembre. Devant la tombe martyrisée, elle ne peut retenir ses larmes. « Je suis dégoûtée, écœurée », confie-t-elle. Pour elle, ce n’est pas qu’un vol matériel. C’est une attaque contre l’honneur de son grand-oncle, contre les valeurs qu’il incarnait.
Son père lui parlait souvent de ses deux oncles morts à la guerre. Des hommes au courage fabuleux. Les lettres du capitaine, exposées dans le musée d’Alain Espiard, sont des trésors familiaux. Elles humanisent la grande histoire, montrent la peur, l’amour, le sens du devoir.
Le choc est d’autant plus violent que la plaque volée datait de 2018. Elle commémorait le centenaire de la victoire, un moment de recueillement national. La voir arrachée pour être fondue est une insulte à tous les anciens combattants.
« Ce sacrilège pour quelques centaines d’euros n’a pas de sens. »
Isabelle Fustier
Un Phénomène Répandu Et Inquiétant
Malheureusement, Thézillieu n’est pas un cas isolé. Les cimetières français subissent une vague de profanations liées au vol de métaux. Cuivre, bronze, fonte : tout ce qui a de la valeur sur le marché noir est ciblé. Les tombes anciennes, souvent ornées d’objets en métal, sont des proies faciles.
Dans d’autres régions, des faits similaires ont choqué l’opinion. À Lannemezan, 63 tombes avaient été saccagées par des individus suivant les conseils d’un marabout. À Limoges, des enfants de 11 ans agressaient des visiteuses pour voler. Partout, le même constat : le respect des morts s’effrite.
| Lieu | Date | Dégâts |
|---|---|---|
| Thézillieu (01) | Novembre 2025 | 5 vases, 7 chaînes, 1 plaque bronze |
| Lannemezan (65) | Août 2020 | 63 tombes vandalisées |
| Saint-Marcet (31) | Mars 2011 | Profanation multiple |
Ces actes ne sont pas seulement matériels. Ils traumatisent des familles entières. La douleur du deuil est ravivée par cette violence gratuite. À Thézillieu, les habitants sont sous le choc. Comment peut-on toucher à la mémoire des héros ?
La Réaction Des Autorités Et De La Communauté
Isabelle Fustier a porté plainte dès le 6 novembre. Elle exige que les auteurs soient retrouvés et punis. « Par respect pour sa mémoire », dit-elle. L’enquête est en cours, mais les indices sont minces. Les voleurs ont agi de nuit, probablement avec des outils professionnels.
Alain Espiard, quant à lui, mobilise son association. L’expo-musée « d’une guerre à l’autre 80 ans déjà » devient un lieu de rassemblement. Il appelle à la vigilance : installer des caméras, organiser des rondes citoyennes. La mémoire des Poilus doit être protégée.
Le maire de Thézillieu, bien que discret, promet des mesures. Peut-être des grilles renforcées, un éclairage plus puissant. Mais au-delà des solutions techniques, c’est une question de civilisation. Comment restaurer le respect dû aux morts ?
La Mémoire Des Poilus En Péril
Cent dix ans après la fin de la Grande Guerre, les sépultures des combattants tombent en ruine. Le Souvenir français alerte depuis des années : des centaines de milliers de tombes sont abandonnées. À cela s’ajoute le vandalisme. Double peine pour nos héros.
Les lettres du capitaine Barrucand, conservées par Alain Espiard, sont un témoignage précieux. Elles montrent des hommes ordinaires dans des circonstances extraordinaires. Leur sacrifice a forgé la France d’aujourd’hui. Les profaner, c’est nier notre histoire.
Des initiatives existent pour sauver cette mémoire. Des internautes indexent les fiches des soldats morts pour la France. Des associations restaurent les monuments. Mais face à la cupidité, ces efforts semblent dérisoires.
Que Faire Pour Protéger Nos Cimetières ?
Plusieurs pistes émergent pour endiguer ce fléau :
- Installer des systèmes de vidéosurveillance dans les cimetières ruraux.
- Renforcer les scellements des ornements avec des résines spéciales.
- Sensibiliser les ferrailleurs à signaler les apports suspects de bronze ancien.
- Créer des partenariats entre mairies et associations patriotiques.
- Punir plus sévèrement les profanations de sépultures.
À Thézillieu, la communauté se mobilise. Des dons affluent pour remplacer la plaque. Une cagnotte est lancée. L’idée : graver un message encore plus fort, « À la mémoire du capitaine Barrucand, héros éternel ».
Mais au-delà des objets, c’est le symbole qui compte. Chaque vase volé, chaque chaîne brisée est une blessure. La famille espère que cette affaire fera jurisprudence. Que les voleurs seront arrêtés. Que la mémoire sera respectée.
Un Appel À La Vigilance Collective
Cet événement douloureux nous interpelle tous. Les cimetières ne sont pas des décharges. Ce sont des lieux sacrés où repose notre histoire collective. Visiter une tombe, c’est honorer un sacrifice. La profaner, c’est trahir nos valeurs.
Isabelle Fustier termine sur une note déterminée : « Je tiens à ce que de tels actes soient connus ». En parler, c’est déjà lutter. En partageant cette histoire, nous rendons hommage au capitaine Barrucand. Son courage sous les obus mérite mieux que l’oubli ou le mépris.
À l’approche du 11 novembre, prenons un moment pour nous recueillir. Pas seulement devant les monuments aux morts, mais devant chaque sépulture de Poilu. Leur mémoire est fragile. Protégeons-la. Car sans mémoire, point d’avenir.
Le capitaine Barrucand nous a légué bien plus que des médailles. Il nous a légué le sens du devoir. Honorer sa tombe, c’est honorer la France.
L’affaire de Thézillieu n’est pas qu’un fait divers. C’est un signal d’alarme. Dans une société où tout se marchande, rappelons que certaines choses sont inestimables : le courage, le sacrifice, la mémoire. Le capitaine Barrucand a donné sa vie pour que nous vivions libres. Le moins que nous puissions faire, c’est veiller sur son repos éternel.
La plainte est déposée. L’enquête suit son cours. Mais au-delà des sanctions, c’est un sursaut collectif dont nous avons besoin. Que cette profanation soit la dernière. Que plus jamais un héros ne soit dépouillé de sa dignité posthume.
À Thézillieu, les cloches sonneront le 11 novembre. Elles porteront le nom du capitaine Barrucand jusqu’au ciel. Et peut-être, dans le silence qui suivra, entendrons-nous l’écho de ses lettres : « Je pense à toi ». À nous de penser à lui.









