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Tirs sur un vol américain à Haïti : Les USA interdisent tous leurs vols civils

Après qu'un avion américain ait essuyé des tirs en Haïti, les États-Unis ont pris une mesure radicale. Ils exhortent le nouveau gouvernement haïtien à agir face aux crises qui minent le pays. La situation sécuritaire est critique et menace de s'aggraver...

Haïti est en proie à une grave crise sécuritaire qui vient de franchir un nouveau cap alarmant. Hier, un avion de la compagnie américaine Spirit Airlines a essuyé des tirs juste avant d’atterrir à Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Fort heureusement, seul un membre d’équipage a été légèrement blessé, mais l’appareil a subi des impacts de balles visibles sur la carlingue et dans la cabine. Face à cet incident qui aurait pu tourner au drame, les États-Unis ont décidé de prendre une mesure radicale.

Washington interdit tous ses vols civils vers Haïti

Le régulateur américain de l’aviation (FAA) a annoncé mardi l’interdiction de « toutes les opérations de l’aviation civile des États-Unis sur le territoire et dans l’espace aérien d’Haïti en dessous de 10 000 pieds, et ce pour une durée de 30 jours ». Les principales compagnies américaines desservant Haïti, à savoir Spirit Airlines et American Airlines, avaient déjà suspendu leurs liaisons dès lundi.

Cette décision sans précédent témoigne de la gravité de la situation sécuritaire en Haïti. Le pays des Caraïbes, l’un des plus pauvres au monde, est depuis des mois sous l’emprise de puissants gangs armés qui contrôleraient jusqu’à 80% de la capitale Port-au-Prince selon certaines estimations. La ville tourne au ralenti, rythmée par des tirs nourris dans certains quartiers et la menace permanente d’attaques.

Un nouveau Premier ministre sous pression

C’est dans ce contexte explosif qu’un nouveau Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, vient d’être investi. Cet homme d’affaires, nommé par le Conseil présidentiel de transition, a promis de faire de la sécurité sa priorité absolue. Mais il devra composer avec une pression internationale de plus en plus forte, États-Unis en tête.

Les besoins immédiats du peuple haïtien exigent que le gouvernement de transition donne la priorité à la gouvernance plutôt qu’à la concurrence entre les intérêts personnels des acteurs politiques.

Matthew Miller, porte-parole de la diplomatie américaine

Washington, historiquement très impliqué dans les crises haïtiennes, « salue l’engagement » des nouvelles autorités à « se doter d’un plan d’action qui définisse leur vision pour renforcer la sécurité, la gouvernance et qui ouvre la voie vers des élections libres et justes ». Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a lui aussi appelé « une nouvelle fois tous les protagonistes haïtiens à travailler ensemble de manière constructive ».

Une force internationale dépassée

Malgré ces pressions, la situation semble échapper à tout contrôle. La mission multinationale de soutien à la police haïtienne, déployée cet été avec l’appui de l’ONU et des États-Unis, ne compte qu’un peu plus de 400 hommes. Un effectif bien maigre face aux gangs lourdement armés qui sèment la terreur.

Les chiffres donnent le vertige. Selon la représentation de l’ONU en Haïti (Binuh), 1233 meurtres ont été recensés entre juillet et septembre, dont 45% imputables aux forces de l’ordre et 47% aux gangs. Des atrocités sont rapportées, avec des enfants mutilés à la machette, lapidés, décapités, brûlés vifs ou enterrés vivants.

Le spectre d’une catastrophe humanitaire

Face à cette spirale de violences, plus de 700 000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont dû fuir leur domicile pour trouver refuge ailleurs dans le pays selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Port-au-Prince est une ville assiégée, avec des pénuries croissantes de nourriture, d’eau potable et de carburant.

La communauté internationale, États-Unis en tête, semble désormais consciente de l’urgence. Mais au-delà des condamnations et des appels, c’est une action concrète et massive qui est attendue pour éviter que ce pays meurtri ne sombre définitivement dans le chaos. La suspension des vols américains n’est qu’un symptôme de plus d’un pays au bord de l’abîme.

Haïti paye au prix fort des décennies d’instabilité politique chronique, de mauvaise gouvernance et de sous-développement. Sans une mobilisation internationale d’envergure et un sursaut des acteurs politiques locaux, c’est une véritable catastrophe humanitaire qui menace. Le peuple haïtien, lui, semble pris en otage entre des gangs sans foi ni loi et des dirigeants impuissants. Un cercle vicieux dont on ne voit pas, pour l’heure, l’issue.

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