L’avenir de TikTok aux États-Unis n’a jamais semblé aussi incertain. Alors que la Cour suprême a approuvé une loi interdisant le réseau social au nom de la sécurité nationale, les millions de créateurs qui ont bâti leur succès sur la plateforme contemplent un futur nébuleux. « Plus tristes que choqués », comme le résume Ayman Chaudhary, une créatrice de 24 ans, ils tentent de s’adapter à cette nouvelle donne.
Pour beaucoup, TikTok est devenu bien plus qu’une simple application. C’est un mode de vie, une source de revenus, voire une partie intégrante de leur identité. « Je ne sais même plus vraiment comment me définir sans TikTok », confie Ayman, qui a su tirer profit de la puissance de l’algorithme pour se constituer une audience fidèle autour de ses recommandations de livres.
Un avenir en pointillé
Si la disparition de TikTok n’est pas encore actée, le spectre d’un blackout plane au-dessus des créateurs. ByteDance, la maison mère chinoise, refuse jusqu’ici de vendre son joyau, tandis que le président Donald Trump, qui sera investi lundi, a promis de statuer sur le sort du réseau « dans un avenir assez proche ». En attendant, c’est toute une communauté qui retient son souffle.
L’exil vers les alternatives chinoises
Face à cette incertitude, certains n’hésitent pas à franchir le pas et à migrer vers des plateformes chinoises similaires, à l’instar de Xiaohongshu, surnommé « Red Note ». « J’ai l’impression que c’est un mouvement de protestation. TikTok est interdit parce qu’il appartient à un groupe chinois, donc les gens vont sur une alternative chinoise », s’amuse Ayman. Un exil qui s’accompagne parfois d’un apprentissage accéléré du mandarin, comme l’a constaté l’application Duolingo avec une hausse de 216% de nouveaux apprenants.
Mes élèves n’adhèrent pas à l’idée que des espions chinois contrôlent l’algorithme. Ils pensent que le gouvernement n’aime pas TikTok parce qu’il ne peut pas facilement le contrôler.
Chris Dier, professeur utilisant TikTok dans ses cours
TikTok, tremplin des micro-influenceurs
Au-delà du pied-de-nez aux autorités, cette transition vers des réseaux chinois soulève des questions sur la pérennité des audiences. Car si le succès de TikTok repose sur son algorithme ultra-performant, capable de propulser des illustres inconnus au rang de stars, il a aussi permis à de nombreux micro-influenceurs de prospérer. « C’est une période effrayante pour beaucoup de petits créateurs, parce que TikTok est l’une des rares plateformes sur Internet où ils peuvent vraiment percer », souligne Nathan Espinoza, fort de ses 550 000 abonnés.
Quel avenir pour les créateurs ?
Si certains, à l’image de Nathan, misent désormais sur YouTube, beaucoup s’interrogent sur leur capacité à rebondir. Car au-delà des revenus publicitaires, c’est tout un écosystème de partenariats et de sponsoring qui pourrait s’effondrer avec la disparition de TikTok. Un séisme dont l’onde de choc risque de se faire sentir bien au-delà des frontières américaines, tant la plateforme a su s’imposer comme un acteur incontournable du paysage numérique mondial.
Une chose est sûre : les créateurs ne comptent pas baisser les bras. Armés de leur créativité et de leur capacité d’adaptation, ils explorent déjà de nouveaux horizons, prêts à écrire le prochain chapitre de leur histoire numérique. Car si TikTok venait à s’éteindre, son héritage, lui, continuera à briller à travers les millions de vidéos, de danses et de challenges qui ont fait vibrer une génération.