L’avenir de TikTok, l’application préférée des adolescents du monde entier, est plus incertain que jamais aux États-Unis. Vendredi, la Cour suprême américaine doit examiner une demande déposée par ByteDance, la société mère chinoise de TikTok, dans l’espoir d’éviter une interdiction pure et simple de l’application sur le sol américain. Les enjeux sont colossaux pour ce réseau social devenu incontournable en quelques années à peine.
TikTok, une success story venue de Chine
Lancée en 2016 sous le nom de Douyin en Chine, puis un an plus tard à l’international sous celui de TikTok, l’application de vidéos courtes a connu une ascension fulgurante. Son concept novateur permet à des inconnus de devenir des stars planétaires du jour au lendemain en partageant leurs passions, leurs talents ou leur quotidien. La clé de ce succès ? Un algorithme de recommandation ultra-performant qui adapte le contenu proposé aux intérêts de chaque utilisateur.
Grâce à son format vidéo court et captivant, TikTok a d’abord séduit la génération Z avant de conquérir toutes les tranches d’âge. L’application a franchi le cap du milliard d’utilisateurs actifs en 2021 et a été téléchargée plus de 3 milliards de fois depuis son lancement, un record. Pendant la pandémie de Covid-19, sa popularité a explosé, offrant une bouffée d’air frais et de lien social à des centaines de millions de personnes confinées.
Une plateforme incontournable mais controversée
Au-delà du divertissement, TikTok est aussi devenu un outil marketing redoutable pour les marques et un tremplin pour une nouvelle génération d’influenceurs. Mais cette success story a aussi son revers : les liens de ByteDance avec le régime chinois inquiètent de nombreux gouvernements occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis. Ils craignent que les données des utilisateurs puissent être exploitées à des fins d’espionnage ou de propagande.
Dès 2020, l’Inde a banni TikTok pour des raisons de sécurité nationale. Aux États-Unis, Donald Trump a tenté d’obliger ByteDance à vendre ses activités à des entreprises américaines, sans succès. Aujourd’hui, l’épée de Damoclès est plus menaçante que jamais : sans accord de cession, TikTok pourrait être purement et simplement interdit aux États-Unis dès le 19 janvier.
La Cour suprême, arbitre de l’avenir américain de TikTok
Pour tenter d’éviter ce scénario catastrophe, ByteDance a saisi la Cour suprême en urgence. Le géant chinois espère obtenir un sursis le temps de trouver un terrain d’entente avec les autorités américaines. Selon une source proche du dossier, la nouvelle administration Biden serait plus ouverte à la négociation que la précédente, pour tenter d’éviter une fermeture de TikTok à l’échelle nationale.
Mais le chemin est encore long et semé d’embûches. TikTok est devenu le symbole des tensions géopolitiques et technologiques entre les États-Unis et la Chine. Son sort cristallise les craintes occidentales face à la montée en puissance des géants de la tech chinois. Bien plus qu’une application à la mode, c’est un enjeu de souveraineté numérique et de sécurité nationale qui se joue.
La décision de la Cour suprême est attendue avec fébrilité par les 100 millions d’utilisateurs américains de TikTok, mais aussi par tout l’écosystème qui gravite autour de l’application : créateurs, annonceurs, partenaires… Une interdiction aurait des répercussions majeures sur tout un pan de l’économie numérique. Sans compter la déception de toute une génération pour qui TikTok est devenu un mode d’expression et de créativité incontournable.
Au-delà de ce dossier brûlant, c’est toute la question de la régulation des réseaux sociaux et des géants du numérique qui se pose. Dans un monde de plus en plus connecté et mondialisé, comment concilier innovation, liberté d’expression et protection des citoyens ? La saga TikTok illustre parfaitement ces nouveaux défis du XXIe siècle. Et ce n’est sans doute qu’un début…
