Culture

Théâtre: Plongez dans les Coulisses Fascinantes de la Haute Couture

Plongez dans les coulisses fascinantes et parfois sombres de la haute couture avec "Lacrima", une pièce de théâtre qui dévoile les secrets et les drames humains derrière la confection d'une robe de mariée royale. Une expérience théâtrale intense et révélatrice présentée au Festival d'Avignon. Découvrez comment ce conte de fées apparent peut tourner au cauchemar...

Les lumières de la rampe s’allument, le rideau se lève, et nous voilà propulsés dans les coulisses intrigantes et parfois sinistres de la haute couture. “Lacrima”, la dernière création de Caroline Guiela Nguyen présentée au Festival d’Avignon, nous entraîne dans un voyage captivant au cœur d’un atelier de couture où se joue bien plus qu’un simple ouvrage de dentelle et de soie. Ici, chaque point d’aiguille raconte une histoire, chaque couture porte les cicatrices d’âmes tourmentées.

Quand les Contes de Fées Virent au Cauchemar

Nous sommes en 2025, dans la maison de haute couture française Beliana. La mission : réaliser en huit mois la robe de mariée d’une princesse d’Angleterre. Un défi de taille pour Marion, première d’atelier interprétée magistralement par Maud Le Grévellec, et son équipe de petites mains aux doigts de fée. Mais derrière l’effervescence et l’exaltation apparentes se cachent des drames intimes, des non-dits pesants, des blessures à vif.

Car si le rêve d’une future mariée prend forme entre ces murs immaculés, c’est au prix de lourds sacrifices humains. De l’atelier parisien aux artisans de Mumbai, des sublimes dentellières d’Alençon aux brodeurs virtuoses perdant la vue, “Lacrima” explore avec une justesse déchirante l’envers du décor clinquant. Un envers fait de pressions insoutenables, de vies brisées sur l’autel du paraître.

Une Pièce qui Vous Prend aux Tripes

Pendant plus de trois heures, on suit le parcours chaotique de Marion, déchirée entre l’obsession de la perfection et la déliquescence de sa vie personnelle. Les scènes de ménage d’une rare intensité avec son mari Julien (troublant Dan Artus) vous tordent les entrailles. On tremble pour leur fille Camille, adolescente paumée magnifiquement incarnée par Anaele Jan Kerguistel. On retient son souffle face à la détresse d’Abdul, le brodeur prodige sur le point de tout perdre.

Vue de l’extérieur, une maison de haute couture est un paradis hermétique. Vue de l’intérieur, elle ressemble à un brasier.

Anthony Palou, Le Figaro

Portée par une distribution éblouissante et une mise en scène d’une formidable ingéniosité, “Lacrima” nous happe dès les premières minutes et ne nous lâche plus. On en ressort sonné, les nerfs à vif, le cœur au bord des lèvres. Mais aussi profondément humanisé, révolté par un système qui broie des vies sur l’autel du glamour et des paillettes.

Un Miroir Sans Fard de Notre Société

Car au-delà du microcosme de la mode, c’est bien un reflet glaçant de notre société que nous tend Caroline Guiela Nguyen. Une société obnubilée par l’image, prête à tout sacrifier pour sauver les apparences. Une société qui se gargarise de contes de fées éthérés en fermant les yeux sur les tragédies humaines qu’ils dissimulent.

Avec “Lacrima”, le théâtre renoue avec sa fonction cathartique originelle : nous confronter à nos parts d’ombre, exposer nos paradoxes, et peut-être, nous pousser à changer. Une pièce essentielle, un électrochoc salutaire. À voir absolument pour ne plus jamais regarder une robe de mariée, ou notre reflet dans le miroir, de la même façon.

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