Un appel déchirant, une voix d’enfant résonnant dans l’obscurité d’un conflit ravageur. En janvier 2024, une fillette palestinienne de cinq ans, coincée dans une voiture criblée de balles, a capté l’attention du monde entier par son ultime échange avec les secours. Ce drame, devenu symbole d’une guerre sans pitié, est aujourd’hui au cœur d’un film qui promet de marquer les esprits lors de la 82e Mostra de Venise. Réalisé par Kaouther Ben Hania, ce long-métrage ne se contente pas de raconter une tragédie : il interroge, accuse et espère changer les regards.
Un Film au Cœur d’un Conflit Brûlant
Présenté en compétition pour le prestigieux Lion d’or, ce film s’inscrit dans un contexte où la guerre à Gaza, déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, continue de susciter des débats enflammés. La Mostra, déjà marquée par une manifestation de milliers de personnes réclamant une prise de position claire contre les actions militaires israéliennes, accueille cette œuvre comme un cri d’alarme. Le drame qu’il dépeint n’est pas seulement celui d’une fillette, mais celui de tout un peuple pris dans l’étau d’un conflit dévastateur.
L’Histoire Tragique d’une Voix Étouffée
Le 29 janvier 2024, une fillette de cinq ans se retrouve piégée dans une voiture sous les tirs à Gaza. Pendant des heures, elle échange avec les opérateurs du Croissant-Rouge palestinien, implorant de l’aide alors que sa famille gît autour d’elle, probablement sans vie. Les enregistrements de ces appels, diffusés dans le monde entier, ont bouleversé des millions de personnes. La réalisatrice, touchée par ces échanges, a décidé d’en faire le cœur de son projet.
J’ai écouté, j’ai pleuré, j’ai écrit.
Kaouther Ben Hania, réalisatrice
Ces mots, partagés sur les réseaux sociaux, traduisent l’émotion brute qui a guidé la création du film. En contactant la mère de la fillette et les secouristes impliqués, la réalisatrice franco-tunisienne a construit une œuvre ancrée dans une vérité douloureuse, tournée avec des acteurs palestiniens pour plus d’authenticité.
Un Soutien de Poids à Hollywood
Le projet a attiré l’attention de figures majeures du cinéma. Brad Pitt et Joaquin Phoenix, tous deux producteurs exécutifs, ont été impressionnés par la puissance de l’œuvre. Leur implication donne une portée internationale au film, le positionnant comme un sérieux prétendant aux récompenses, notamment pour les Oscars. Mais au-delà des paillettes, c’est l’impact émotionnel qui prime.
Le film, centré sur le centre de contrôle du Croissant-Rouge, recrée l’atmosphère tendue de cette journée fatidique, mêlant suspense et désespoir.
Peu de détails ont filtré sur le contenu exact, mais l’équipe de production promet une immersion totale dans un moment clé de l’histoire récente. Les festivaliers de Venise, premiers spectateurs, s’attendent à une expérience viscérale.
Un Cri pour la Paix
La mère de la fillette, âgée de 29 ans, porte un espoir fragile mais déterminé. Vivant à Gaza avec son fils, elle a perdu son mari un an plus tôt et voit dans ce film une chance de donner un sens à sa douleur.
Ce film peut aider à arrêter cette guerre et à sauver les autres enfants de Gaza.
Wissam Hamada, mère de la fillette
Ses mots résonnent comme un appel universel. Elle souligne que son histoire n’est qu’une parmi des milliers, pointant du doigt l’inaction d’une communauté internationale qu’elle juge coupable de silence face aux souffrances des civils.
Un Contexte de Guerre Dévastateur
Le conflit à Gaza, déclenché par l’attaque du Hamas ayant causé 1 219 morts côté israélien, a entraîné une réponse militaire d’une ampleur sans précédent. Selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 63 633 personnes, majoritairement des civils, ont perdu la vie dans les bombardements israéliens. Ces chiffres, validés par l’ONU, ne distinguent pas les combattants des civils, mais ils témoignent de l’ampleur de la tragédie.
Événement | Date | Bilan |
---|---|---|
Attaque du Hamas | 7 octobre 2023 | 1 219 morts, 251 otages |
Réponse israélienne | Depuis octobre 2023 | 63 633 morts |
Le film s’inscrit dans ce contexte explosif, où chaque image, chaque mot peut raviver des tensions. Pourtant, il choisit de mettre en lumière une histoire humaine, loin des chiffres et des stratégies militaires.
La Mostra : Un Écho Politique
Le festival de Venise, connu pour son prestige, n’échappe pas aux débats géopolitiques. Une manifestation massive a eu lieu en ouverture, réclamant une prise de position contre les actions d’Israël à Gaza. Le directeur artistique, ému lors de la présentation du film en juillet, a reconnu son potentiel à bouleverser les spectateurs. Il espère toutefois éviter une polémique, conscient de la sensibilité du sujet.
Ce n’est pas la première fois que la Mostra devient une tribune politique. En sélectionnant ce film, elle assume un rôle de porte-voix pour des récits souvent étouffés par le fracas des armes.
Un Parcours Prometteur
Après sa première à Venise, le film entamera une tournée des festivals internationaux, de Toronto à Busan, avec des attentes élevées pour les Oscars. La presse spécialisée murmure déjà son nom, soulignant son universalité et sa force émotionnelle. Mais au-delà des récompenses, c’est son message qui compte : un appel à ne pas détourner le regard.
- Un récit centré sur une tragédie humaine.
- Une mise en lumière des civils pris dans la guerre.
- Un espoir de dialogue à travers l’art.
Ce film ne se contente pas de raconter une histoire : il pose des questions essentielles. Comment une enfant de cinq ans devient-elle un symbole ? Pourquoi le monde reste-t-il silencieux face à tant de drames ? À travers le prisme du cinéma, il invite à réfléchir et, peut-être, à agir.
Un Devoir de Mémoire
La réalisatrice a choisi de ne pas édulcorer la réalité. En reconstituant les appels désespérés au Croissant-Rouge, elle plonge le spectateur dans l’horreur vécue par une fillette et sa famille. Ce choix narratif, courageux, fait du film bien plus qu’une œuvre cinématographique : un acte de mémoire.
Pour la mère de la fillette, ce projet est une lueur d’espoir. Elle veut croire qu’il sensibilisera le monde à la souffrance des enfants de Gaza, victimes collatérales d’un conflit qui semble sans fin.
Un Silence International Assourdissant
Le film met aussi en lumière une réalité cruelle : l’absence de réaction face à cette tragédie. L’armée israélienne, interrogée sur l’incident, n’a pas ouvert d’enquête formelle, se contentant d’indiquer que les circonstances sont encore à l’étude. Ce manque de transparence alimente le sentiment d’injustice exprimé par la mère.
Le monde entier nous a laissés mourir, avoir faim, avoir peur.
Wissam Hamada
Ses mots, lourds de douleur, résument le sentiment d’abandon ressenti par de nombreux habitants de Gaza. Le film, en donnant une voix à cette souffrance, devient un outil de plaidoyer pour la justice.
Le Cinéma comme Arme Pacifique
Le choix de raconter cette histoire à travers le cinéma n’est pas anodin. L’art a le pouvoir de transcender les frontières, de toucher les cœurs et de provoquer des débats. En compétition à Venise, ce film s’impose comme une œuvre engagée, portée par une réalisatrice qui n’a pas peur de confronter son public à des vérités dérangeantes.
Kaouther Ben Hania, en puisant dans les appels réels et les témoignages, a créé une œuvre qui ne laisse personne indifférent. Elle ne cherche pas à juger, mais à montrer, à faire entendre une voix que beaucoup auraient préféré ignorer.
Vers un Impact Mondial
Ce film ne s’arrête pas à Venise. Sa tournée dans les festivals d’automne et les discussions autour des Oscars montrent qu’il a le potentiel de marquer l’année cinématographique. Mais son véritable succès résidera dans sa capacité à susciter une réflexion globale sur la guerre et ses conséquences humaines.
Ce film n’est pas seulement une œuvre d’art, c’est un appel à l’action, un rappel que derrière chaque chiffre se cache une histoire.
En mettant en lumière une tragédie individuelle, il invite à repenser notre rapport aux conflits lointains. La voix d’une enfant, même éteinte, peut-elle changer le cours des choses ? C’est le pari audacieux de ce film.