Imaginez un instant : vous êtes au sommet de votre carrière, vous animez depuis plus de quinze ans l’un des jeux télévisés les plus populaires de France, et du jour au lendemain, tout s’effondre à cause d’une seule phrase, une blague maladroite. C’est exactement ce qui est arrivé à Tex, l’animateur emblématique des Z’amours. Aujourd’hui, il accepte enfin de parler ouvertement de cette période douloureuse qui a marqué sa vie.
Une chute brutale après dix-sept ans de succès
Tex, de son vrai nom Jean-Christophe Le Texier, a incarné pendant dix-sept longues années l’esprit léger et taquin des Z’amours. Cette émission, diffusée sur France 2, était devenue un rendez-vous incontournable pour des millions de téléspectateurs. Entre les couples qui se disputaient pour des questions anodines et les réponses parfois hilarantes, Tex apportait une touche d’humour et de complicité qui faisait toute la saveur du programme.
Mais en décembre 2017, tout bascule. Une apparition dans une autre émission, sur une chaîne concurrente, va changer le cours de sa carrière. Une blague jugée déplacée sur les violences faites aux femmes provoque une vague d’indignation. Très rapidement, la polémique enflamme les réseaux sociaux et dépasse largement le cadre télévisuel.
Le jour où tout a basculé
Invité dans l’émission C’est que de la télé présentée par Julien Courbet sur C8, Tex tente une plaisanterie qui, sur le moment, passe presque inaperçue. Pourtant, elle sera reprise, décortiquée, et condamnée publiquement. Les mots prononcés sont considérés comme sexistes et minimisant un sujet grave. L’opinion publique s’enflamme en quelques heures.
Tex lui-même reconnaît aujourd’hui que ce n’était pas sa meilleure idée. Il avoue ne pas être fier d’avoir choisi cette blague, surtout dans le contexte de l’époque. Mais il pointe aussi du doigt le rôle joué par l’animateur qui l’interviewait. Selon lui, une remarque de Julien Courbet aurait amplifié la réaction et mis le feu aux poudres.
« S’il n’avait pas fait de réflexion, personne n’aurait réagi. Si lui met le feu… Bah forcément, ça va brûler des gens et c’est ce qu’il s’est passé. »
Ces mots résument parfaitement le sentiment d’injustice qui l’anime encore aujourd’hui. Pour lui, la responsabilité est partagée, et il estime que la production aurait dû le soutenir plutôt que de le laisser seul face à la tempête.
Une production qui ne le défend pas
Ce qui a le plus blessé Tex, ce n’est pas tant la polémique elle-même, mais la réaction de ceux avec qui il collaborait depuis près de vingt ans. Il pensait pouvoir compter sur le soutien de sa société de production. Il pensait que l’on comprendrait qu’il s’agissait d’une erreur isolée et non d’une personnalité problématique.
Mais la réalité a été tout autre. Selon ses propres mots, ceux qui étaient censés le défendre l’ont au contraire « massacré ». Ils ont préféré couper les ponts rapidement pour limiter les dégâts d’image de l’émission et de la chaîne.
« Je pensais que ma prod allait me défendre, et ils me massacrent. C’est eux qui m’ont dégagé. »
Cette trahison l’a profondément marqué. Il parle d’une relation professionnelle longue de presque deux décennies, et du choc de se retrouver abandonné par ceux qu’il considérait comme une seconde famille.
L’intervention politique qui a tout aggravé
La polémique n’est pas restée cantonnée au monde médiatique. Elle a rapidement atteint les plus hautes sphères de l’État. À l’époque, Marlène Schiappa occupe le poste de secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Elle prend publiquement position contre les propos de Tex, et cette intervention donne une dimension politique à l’affaire.
Pour l’animateur, cette prise de parole publique a été déterminante. Il la perçoit comme un moyen pour la ministre de se positionner médiatiquement sur un sujet sensible. Il va même jusqu’à comparer cette stratégie à une forme de calcul politique opportuniste.
« Elle m’a massacré, elle m’a utilisé pour me monter sur la tête (…) c’est un coup politique pour elle. »
Ces accusations sont lourdes. Elles montrent à quel point Tex ressent encore aujourd’hui un sentiment d’injustice face à la façon dont son cas a été instrumentalisé.
Des excuses qui arrivent trop tard
Dans les jours qui suivent la diffusion de la fameuse séquence, Tex et son directeur tentent de limiter les dégâts. Ils rédigent ensemble un mot d’excuses. Ils contactent la direction des programmes de France Télévisions. Mais le mal est déjà fait.
Lors d’un appel avec Caroline Got, alors directrice des programmes, Tex comprend rapidement que sa place est déjà compromise. Le ton de la conversation est clair : la décision est prise, et elle est irrévocable.
Cette sensation d’être déjà condamné avant même d’avoir pu s’expliquer pleinement reste l’un des souvenirs les plus douloureux pour l’animateur. Il a le sentiment d’avoir été jugé et condamné sans véritable procès.
Un impact personnel profond
Au-delà de la carrière professionnelle, cette affaire a eu des répercussions importantes sur la vie personnelle de Tex. Sa compagne, Béatrice, a été profondément affectée par cette tempête médiatique. La famille a dû se protéger des regards et des jugements.
Tex évoque aussi les difficultés rencontrées par ses enfants, confrontés aux commentaires et aux rumeurs à l’école. Cette dimension familiale est rarement mise en avant dans ce genre d’affaires, mais elle montre l’ampleur des conséquences d’une polémique médiatique.
Une carrière qui continue malgré tout
Malgré ce coup dur, Tex n’a pas complètement disparu des écrans. Il a continué à travailler dans l’ombre, à participer à des projets plus discrets. Mais l’animateur populaire qu’il était autrefois n’a jamais retrouvé sa place au premier plan.
Il a notamment exprimé son avis très tranché sur la nouvelle version de l’émission Intervilles, regrettant l’absence des éléments cultes qui faisaient le sel de l’ancienne formule. Cette intervention montre qu’il reste attaché au monde de la télévision et qu’il suit toujours l’actualité des programmes.
Le contexte plus large des polémiques médiatiques
L’affaire Tex s’inscrit dans un mouvement plus large de prise de conscience et de tolérance zéro face aux propos jugés sexistes ou discriminants. À l’époque, le mouvement #MeToo battait son plein, et la société était particulièrement sensible à ces questions.
De nombreux artistes et animateurs ont été confrontés à des situations similaires. Certains ont vu leur carrière brisée, d’autres ont réussi à rebondir. Le cas de Tex illustre parfaitement la difficulté de naviguer dans ce nouveau paysage médiatique où une phrase peut tout changer en quelques heures.
La liberté d’expression en question
Certains internautes et commentateurs ont défendu Tex en évoquant la liberté d’expression. Ils rappellent que des humoristes comme Coluche ont pu faire des blagues bien plus osées sans que cela ne mette fin à leur carrière. Ils estiment que le contexte a changé et que la tolérance pour l’humour noir ou provocateur a diminué.
D’autres au contraire considèrent que cette affaire est révélatrice d’un nécessaire changement de paradigme. Ils estiment que les médias publics doivent montrer l’exemple et ne pas tolérer des propos qui peuvent blesser une partie de la population.
Que reste-t-il des Z’amours sans Tex ?
Après le départ de Tex, l’émission a été confiée à Bruno Guillon. Si le programme a continué quelques années, il a finalement été arrêté en 2021. Beaucoup de fidèles téléspectateurs estiment que l’esprit des Z’amours n’était plus le même sans Tex à l’animation.
Les commentaires sur les réseaux sociaux et les forums témoignent de cette nostalgie. Pour beaucoup, Tex faisait partie intégrante du programme, au même titre que les couples et les questions décalées.
Le regard de Tex sur sa carrière aujourd’hui
Dans son interview récente sur la chaîne YouTube de Jordan de Luxe, Tex apparaît à la fois amer et résigné. Il ne cherche pas à minimiser sa responsabilité dans cette affaire, mais il refuse aussi d’endosser seul la faute.
Il parle de regrets, bien sûr, mais aussi d’une forme d’incompréhension face à la violence de la réaction et à la rapidité avec laquelle il a été mis au ban. Son témoignage est celui d’un homme qui a traversé une tempête médiatique et qui en porte encore les stigmates.
Leçons à tirer de cette affaire
L’histoire de Tex est riche d’enseignements. Elle montre d’abord la puissance des réseaux sociaux dans la propagation rapide d’une information, vraie ou déformée. Elle illustre aussi la difficulté pour les personnalités publiques de faire de l’humour dans un contexte où chaque mot peut être interprété et amplifié.
Elle met enfin en lumière le rôle des directions de chaînes et des productions dans la gestion de crise. Dans ce cas précis, la décision a été prise rapidement, sans laisser beaucoup de place à la défense ou à la nuance.
Tex aujourd’hui : une nouvelle page ?
À l’approche de ses 60 ans, Tex semble avoir tourné une page. Il continue d’apparaître occasionnellement dans des émissions, mais il s’est aussi lancé dans d’autres projets. Il parle de sa famille, de ses passions, et semble avoir trouvé un certain apaisement.
Cette interview est peut-être le signe qu’il est prêt à refermer ce chapitre douloureux de sa vie. En parlant ouvertement, il cherche peut-être à reprendre le contrôle de son récit, après avoir été pendant longtemps le sujet d’un récit écrit par d’autres.
Quoi qu’il en soit, l’histoire de Tex et des Z’amours reste gravée dans la mémoire collective des téléspectateurs français. Elle rappelle que derrière les sourires et les blagues des animateurs de télévision se cachent aussi des hommes et des femmes confrontés aux mêmes fragilités et aux mêmes injustices que tout un chacun.
Et si cette affaire a marqué la fin d’une époque pour Tex, elle a aussi ouvert un débat plus large sur la place de l’humour, les limites de la liberté d’expression et la responsabilité des médias dans notre société contemporaine.
Le parcours de Tex, entre succès fulgurant et chute brutale, est finalement le reflet de notre époque : rapide, impitoyable, mais aussi capable de seconde chance pour ceux qui savent rebondir.









