Le géant de l’émission de stablecoins Tether fait face à de nouveaux défis réglementaires aux États-Unis. Selon une récente analyse de JPMorgan, l’entreprise pourrait être contrainte de revoir en profondeur la composition de ses réserves afin de se conformer aux futures normes américaines. Au cœur des préoccupations : la détention d’actifs comme le Bitcoin, qui pourrait ne pas être en adéquation avec les exigences à venir.
JPMorgan sonne l’alerte sur les réserves de Tether
Dans un rapport publié mercredi, les analystes de JPMorgan dirigés par Nikolaos Panigirtzoglou tirent la sonnette d’alarme. Selon les données de Tether, ses réserves ne seraient conformes qu’à 66% avec le projet de loi STABLE de la Chambre des représentants, et à 83% avec le projet GENIUS du Sénat.
Ces deux textes, bien qu’encore en discussion, prévoient un encadrement strict des réserves des émetteurs de stablecoins de plus de 10 milliards de dollars de capitalisation, ce qui est le cas de Tether et de son USDT pesant plus de 140 milliards.
Seuls les actifs très liquides et de haute qualité comme les dépôts assurés, les bons du Trésor américain, les pensions à court terme ou encore les réserves des banques centrales seraient autorisés. Des critères auxquels ne répondent visiblement pas une partie significative des réserves actuelles de Tether.
Vendre du Bitcoin pour acheter des bons du Trésor ?
Pour se mettre en conformité, Tether pourrait donc être amené à vendre certains de ses actifs non-éligibles comme ses avoirs en métaux précieux, en obligations d’entreprises, en prêts adossés à des garanties… mais aussi potentiellement ses Bitcoins.
En contrepartie, l’entreprise devra acquérir davantage de bons du Trésor américain et d’autres actifs de réserve approuvés. Un rééquilibrage d’ampleur qui pourrait avoir un impact sur les marchés, notamment celui des cryptomonnaies.
Ces nouvelles règles sur la transparence et les audits de réserves plus fréquents pourraient également poser d’autres défis à Tether.
– Extrait du rapport de JPMorgan
Tether se veut rassurant
Du côté de Tether, on se montre plutôt serein face à ces perspectives réglementaires. Un porte-parole de la société a affirmé :
Tether surveille de près l’évolution des différents projets de loi américains sur les stablecoins et interagit activement avec les régulateurs locaux. Nous consultons l’industrie et rien n’est encore définitif. Mais avec notre capital excédant les 20 milliards de dollars et nos 1,2 milliard de bénéfices trimestriels, nous nous adapterons aisément aux nouvelles exigences.
– Un porte-parole de Tether
Le PDG de Tether Paolo Ardoino s’est même fendu d’un tweet ironique à l’encontre de JPMorgan, l’accusant d’être « frustré de ne pas posséder de Bitcoins » après la publication de leur analyse.
Les stablecoins sous haute surveillance
Ces développements autour de Tether s’inscrivent dans un contexte de surveillance accrue des stablecoins par les autorités américaines. Leur importance systémique grandissante et les risques potentiels pour la stabilité financière en cas de « run » inquiètent les régulateurs.
D’autres grands émetteurs comme Circle (USDC) ou Binance (BUSD) seront également concernés par ces nouvelles règles en gestation. Si elles sont adoptées en l’état, elles pourraient redéfinir en profondeur le paysage des stablecoins et, par ricochet, celui des cryptomonnaies dans leur ensemble.
Les prochains mois seront donc cruciaux pour ces acteurs clés de l’écosystème crypto, qui devront naviguer avec agilité entre les exigences réglementaires et les attentes du marché. Un défi de taille, aux implications potentiellement majeures pour l’avenir du secteur.