Le constructeur automobile américain Tesla semble prêt à conquérir le marché indien. Quelques jours seulement après une rencontre entre son dirigeant Elon Musk et le Premier ministre indien Narendra Modi à Washington, l’entreprise a commencé à publier des offres d’emploi dans le pays. Un signal fort de ses ambitions sur ce marché à fort potentiel, malgré les obstacles règlementaires et la rude concurrence des acteurs locaux et chinois.
Tesla amorce son recrutement en Inde
Selon des sources proches du dossier, Tesla a diffusé plus d’une dizaine d’annonces sur son site internet et le réseau LinkedIn pour des postes basés à New Delhi, la capitale, et Bombay, le poumon économique du pays. Les profils recherchés incluent notamment un responsable de magasin et des techniciens de maintenance. Ces embauches interviennent dans la foulée d’un tête-à-tête entre Elon Musk et Narendra Modi la semaine passée à Washington, dont la teneur exacte n’a pas été révélée.
Un marché stratégique pour la croissance de Tesla
Avec ses 1,4 milliard d’habitants, l’Inde représente une immense opportunité de développement pour le pionnier des véhicules électriques. Tesla y voit un relais de croissance crucial alors que la concurrence chinoise s’intensifie et que ses ventes annuelles ont reculé pour la première fois en 2022. Le pays a d’ailleurs assoupli certaines barrières à l’entrée pour attirer les investissements étrangers dans ce secteur.
L’Inde a réduit en 2024 les taxes à l’importation pour les constructeurs automobiles mondiaux qui s’engagent à investir 500 millions de dollars et à démarrer une production locale dans les trois ans.
Starlink autorisé sous conditions
Outre son offensive dans l’automobile, Elon Musk a également obtenu en novembre le feu vert indien pour lancer Starlink, son service de connexion internet par satellite. Une autorisation conditionnée au respect des règles de sécurité du pays, sur fond de débats houleux autour des enjeux de souveraineté nationale. L’homme d’affaires devait initialement se rendre en Inde en 2024 mais a dû renoncer en raison d’un agenda chargé chez Tesla.
Des défis persistants sur le marché indien
Malgré ces avancées, Tesla devra encore surmonter plusieurs obstacles pour s’imposer en Inde. Le pays applique historiquement des droits de douane élevés sur les véhicules électriques importés, qu’Elon Musk a qualifiés parmi « les plus élevés au monde ». Des barrières tarifaires qui ont longtemps dissuadé Tesla d’entrer sur le marché faute de capacités de production locales.
New Delhi a néanmoins consenti quelques concessions en amont du voyage de Narendra Modi aux États-Unis, réduisant notamment les taxes sur les motos haut de gamme. Une manœuvre perçue comme un geste envers Harley-Davidson, le constructeur américain en difficulté sur le marché indien, un dossier qui avait irrité l’ex-président Donald Trump, proche d’Elon Musk.
Quelle stratégie pour percer en Inde ?
Les derniers signaux envoyés par Tesla soulèvent de nombreuses questions sur sa stratégie pour conquérir le marché indien des véhicules électriques :
- Quels modèles et gammes de prix Tesla compte-t-il proposer pour s’adapter au pouvoir d’achat local ?
- Misera-t-il d’abord sur les importations ou accélérera-t-il les investissements productifs sur place pour contourner les barrières douanières ?
- Quels partenariats locaux tissera-t-il pour développer son réseau de distribution, de recharge et de maintenance à travers cet immense territoire ?
- Comment se positionnera-t-il face aux acteurs indiens et chinois déjà implantés, comme Tata Motors ou BYD ?
Autant d’enjeux cruciaux auxquels devra répondre Tesla pour transformer l’essai en Inde et y reproduire le succès rencontré sur ses marchés historiques. Son implantation progressive via des premières embauches ciblées laisse présager une approche prudente et graduelle. Mais la taille et le potentiel du marché indien pourraient aussi inciter le trublion de l’automobile à accélérer et bousculer le jeu concurrentiel. Réponse dans les prochains mois.
