Une affaire de violences sexuelles secoue actuellement le Val-de-Marne. Kamel R., un ressortissant algérien sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), comparaît devant la cour criminelle départementale de Paris pour deux tentatives de viol commises en octobre 2022 à Créteil. Les victimes, une magistrate et une étudiante, ont livré mardi un témoignage glaçant à la barre.
Une magistrate agressée sur le chemin du tribunal
Alexia*, 29 ans, est magistrate au tribunal de Créteil depuis peu. Le 21 octobre 2022 vers 10h30, alors qu’elle se rend à son travail, un homme surgit sur son chemin entre la station de métro et le palais de justice. Il la plaque violemment au sol.
J’ai hurlé, je me suis débattue
déclare-t-elle d’une voix brisée.
La jeune femme parvient à échapper à son agresseur et donne rapidement l’alerte. L’homme est interpellé par la police peu après. Il s’agit de Kamel R., 31 ans, un Algérien en situation irrégulière faisant déjà l’objet d’une OQTF.
Une étudiante agressée deux jours plus tôt
Les enquêteurs découvrent rapidement que l’homme est impliqué dans une autre agression survenue deux jours plus tôt. Le 19 octobre en début de soirée, Eva*, une étudiante de 20 ans, a été attaquée alors qu’elle rentrait chez elle. L’agresseur l’a suivie jusque dans le hall de son immeuble avant de tenter de la violer.
Il a essayé d’introduire sa main dans mon pantalon. J’ai cru que j’allais mourir
raconte la jeune femme en sanglots à la barre.
Là encore, la victime réussit à s’échapper et à donner l’alerte. Le signalement correspond à celui de Kamel R.
Un suspect au passé trouble
L’enquête révèle que Kamel R. est arrivé illégalement en France en 2019. Il s’est vu notifier une OQTF en 2021 mais n’a jamais quitté le territoire. Son casier judiciaire fait état de plusieurs condamnations pour vols et violences.
Chose troublante, peu avant les agressions, l’homme s’était présenté au commissariat de Créteil en demandant à être expulsé vers l’Algérie. Une requête restée sans suite, les autorités étant débordées par le nombre de clandestins à gérer.
La parole des victimes au cœur du procès
Tout au long de ce procès à huis clos, la cour a accordé une attention particulière aux déclarations des victimes. Courageuses malgré le traumatisme subi, elles ont fait face à leur agresseur présumé et détaillé le cauchemar enduré.
Leurs avocats ont salué leur « force et dignité extraordinaires » et appelé à une réponse pénale ferme. « Aucune femme ne devrait avoir à subir de telles violences, encore moins celles qui incarnent la loi au quotidien », a martelé Me Sarah Lévy, conseil d’Alexia.
Un verdict attendu vendredi
Kamel R. conteste les faits qui lui sont reprochés, évoquant de simples « tentatives de séduction maladroites ». Une ligne de défense qui a suscité l’indignation sur les bancs des parties civiles.
« Il pense toujours que la parole des femmes ne vaut rien. Prouvez-lui le contraire », a lancé Me Alix Dumas-Perrier, l’avocate d’Eva, à l’adresse de la cour.
L’avocat général a requis une peine de 15 ans de réclusion criminelle assortie d’une interdiction définitive du territoire français. Le verdict sera rendu vendredi.
Une affaire symptomatique des failles du système
Au-delà des faits eux-mêmes, l’affaire met en lumière les lacunes des pouvoirs publics face à la délinquance des clandestins. Malgré les OQTF prononcées, de nombreux étrangers en situation irrégulière restent sur le territoire et passent entre les mailles du filet.
Il y a un vrai problème avec ces OQTF qui ne sont pas appliquées. On laisse des situations se gangréner, des bombes à retardement, jusqu’au drame
déplore un policier dans les couloirs du tribunal.
Le ministre de l’Intérieur a récemment annoncé des mesures pour améliorer l’exécution des obligations de quitter le territoire. Mais pour beaucoup, il est urgent d’aller plus loin.
Ce n’est pas une question de moyens mais de volonté politique. Il faut envoyer un message clair : quand on n’a pas le droit d’être en France, on ne reste pas
tonne un élu local.
Des propos qui font écho à la colère et l’incompréhension des victimes. Eva comme Alexia espèrent que leur combat permettra une réelle prise de conscience. « Je me battrai pour que plus aucune femme n’ait à revivre mon calvaire », promet la magistrate.
Une affaire emblématique des zones d’ombre de notre système migratoire, où la lutte contre la délinquance des étrangers est devenue un défi majeur. Au-delà du procès de Kamel R., c’est toute une politique qui est sur le banc des accusés.
* les prénoms ont été modifiés