C’est un procès hors norme qui s’ouvre ce lundi devant la cour d’assises des mineurs du Val-d’Oise. Trois individus sont jugés pour avoir tenté de tuer un policier dans un train de banlieue parisienne en novembre 2021. Les faits, d’une rare violence, ont choqué les forces de l’ordre et relancé le débat sur l’insécurité grandissante dans les transports.
Une agression ultraviolente dans un train bondé
Le 2 novembre 2021, peu avant 22h30, Alexis*, un jeune policier de 26 ans, rentre chez lui après sa journée de travail. Il monte dans un train de la ligne H à la gare du Nord, à Paris, en compagnie d’un collègue. Ce dernier descend quelques minutes plus tard, laissant Alexis seul dans la rame bondée.
C’est alors que trois individus s’en prennent violemment au policier. Selon des sources proches de l’enquête, les agresseurs l’auraient reconnu et ciblé en raison de sa profession. S’ensuit un déchainement de coups, le jeune homme est roué de coups de pied et de poing, y compris au visage et à la tête.
Malgré les appels à l’aide d’Alexis, personne dans le train n’intervient. Ses agresseurs lui lancent des menaces de mort : « On va te crever sale flic, tu vas crever ! ». L’un d’eux tente même de l’étrangler. Le calvaire dure de longues minutes, le policier perd connaissance à plusieurs reprises.
Un passager s’interpose, le policier échappe à la mort
Alors que tout semble perdu, un passager décide finalement d’intervenir au péril de sa vie. Il s’interpose et parvient à faire cesser les violences et à alerter les secours, sauvant probablement la vie du policier. Alexis est transporté dans un état critique à l’hôpital. Il souffre de multiples fractures au visage et gardera des séquelles à vie de cette agression.
Rapidement, une enquête est ouverte et les agresseurs sont identifiés grâce aux caméras de surveillance. Il s’agit de trois jeunes hommes de 17, 18 et 20 ans, déjà connus de la justice. Ils sont interpellés dans les jours qui suivent et placés en détention.
Un procès sous haute tension
18 mois après les faits, les trois accusés comparaissent à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises des mineurs pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.
Pour les parties civiles, il s’agit clairement d’un crime de haine anti-flic. La question centrale sera de déterminer si les agresseurs connaissaient la qualité de policier de la victime, ce qui constituerait une circonstance aggravante.
C’est le procès de la haine anti-flic, de la violence gratuite contre ceux qui nous protègent. On espère des sanctions exemplaires.
Un responsable syndical policier
Dans le box des accusés, les trois jeunes hommes nient avoir eu connaissance de la profession d’Alexis. Mais pour l’accusation, de nombreux éléments prouvent le contraire, à commencer par les propos tenus pendant l’agression.
Une affaire symptomatique d’un malaise grandissant
Au-delà de son caractère ultraviolent, cette affaire met en lumière plusieurs problématiques inquiétantes :
- La hausse des violences contre les policiers, de plus en plus pris pour cible y compris en dehors de leurs heures de service
- L’insécurité grandissante dans les transports en commun, en particulier en banlieue parisienne
- La loi du silence qui règne dans certains territoires, où s’interposer pour aider les forces de l’ordre relève de l’exploit
Pour les syndicats de police, il est urgent que des mesures fortes soient prises pour enrayer cette spirale de la violence et restaurer l’autorité républicaine dans les zones de non-droit. Le procès qui s’ouvre aujourd’hui sera scruté de près. Son issue donnera le ton de la réponse pénale face à ce type d’agression.
*Le prénom a été changé