Une photographie saisissante prise le 13 juillet 2024 semble propulser Donald Trump vers un statut quasi-messianique aux yeux d’une partie du peuple américain. Ce cliché, capturant l’ancien président le poing levé devant un drapeau américain flottant sur un ciel d’un bleu irréel, résume à lui seul les facettes de l’Amérique républicaine.
Une image aux allures de sanctification
La composition de l’image n’est pas sans rappeler les monumentales descentes de croix peintes par les grands maîtres flamands. La présence d’un sang rédempteur renforce cette association. Donald Trump semble se percevoir comme le nouveau Christ de l’Amérique, en portant jusqu’aux stigmates.
Conscient ou non de la portée symbolique de ses postures, le candidat à la présidence laisse à son audience le soin d’interpréter les indices signifiants. En véritable démiurge de sa propre geste, Trump n’attend pas que d’autres construisent son image à sa place.
La force de la simplicité
Si Trump réussit là où d’autres échouent, c’est que dans une époque saturée de discours nuancés, l’évidente simplification des idées séduit. N’est fort que ce qui est simple. Le candidat s’inscrit dans une ascendance iconographique millénaire, reprenant à son compte l’image du chevalier chrétien.
Trump n’est ni le Chevalier au Lion, ni le naïf Perceval, c’est le Roland furieux de L’Arioste. C’est la force brute du mercenaire qui s’échappe dans les pourtours de l’incontrôlé.
– Ophélie Roque, professeur de français
Un pays jeune en quête de héros
Trump parle aussi bien à l’ouvrier désargenté qu’au pasteur prêchant dans son église coincée entre un drugstore et une station essence. Il se fait le héraut de l’Amérique des tréfonds, celle qui demande à ne pas être enterrée tout de suite. Les États-Unis, pays encore jeune, sont à la recherche de leurs héros. Trump a su inscrire un monde complexe dans l’arène manichéenne du bien contre le mal.
Cette photographie emblématique semble conférer à Donald Trump un rôle quasi-rédempteur aux yeux de ses fidèles. Qu’on le déplore ou non, cette image simple et forte résonne dans l’imaginaire d’une Amérique en quête de repères. L’ancien président, tel un chevalier des temps modernes, s’affirme comme le protecteur des oubliés et le pourfendeur d’un establishment honni.