Les relations sino-américaines se crispent une nouvelle fois autour de la question taïwanaise. Pékin a vivement dénoncé dimanche la nouvelle aide militaire de 571 millions de dollars octroyée par Washington à Taïwan, y voyant une « grave atteinte » à sa souveraineté et à ses intérêts sécuritaires. Une réaction musclée qui fait craindre un regain de tensions dans le détroit de Formose.
Une aide militaire américaine qui passe mal à Pékin
Vendredi dernier, la Maison Blanche a annoncé son intention de fournir des équipements et services militaires à Taïwan pour un montant de 571 millions de dollars, soit environ 547 millions d’euros. Cette nouvelle tranche d’aide, qui fait suite à une précédente enveloppe de 567 millions de dollars approuvée en septembre, a provoqué l’ire de la Chine.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a immédiatement réagi, affirmant « s’opposer fermement » à cette décision américaine qui « porte gravement atteinte » à la souveraineté et aux intérêts sécuritaires de la Chine. Pékin considère en effet Taïwan comme une partie intégrante de son territoire et s’insurge contre tout soutien international à ce qu’elle perçoit comme des velléités indépendantistes.
Washington, allié historique de Taipei
Les États-Unis sont depuis longtemps le principal allié de Taïwan et son plus gros fournisseur d’armements. Une position qui a le don d’exaspérer Pékin, mais que Washington justifie par sa volonté de permettre à l’île de se défendre face aux pressions chinoises. Les dirigeants américains maintiennent cependant une politique « d’ambiguïté stratégique » quant à une éventuelle intervention militaire si Taïwan était attaquée.
Mais pour la Chine, cette nouvelle aide « contredit les engagements sérieux » pris par les États-Unis de ne pas soutenir l’indépendance taïwanaise. Zhu Fenglian, porte-parole du Bureau des Affaires taïwanaises, a exhorté Washington à « cesser immédiatement d’armer Taïwan » et à gérer la question avec « la plus grande précaution ».
Taïwan sous pression militaire chinoise
Ces tensions diplomatiques interviennent dans un contexte de pression militaire accrue de la Chine sur Taïwan. Ces dernières années, Pékin a intensifié les manœuvres aériennes et maritimes autour de l’île, envoyant régulièrement des avions de chasse et des navires de guerre dans la zone.
La semaine dernière encore, les autorités taïwanaises ont fait état d’un déploiement chinois « massif » à proximité de l’île, évoquant la présence d’une flotte d’environ 90 bâtiments. Une démonstration de force visant à maintenir la pression sur Taipei et à dissuader tout soutien international.
Une aide militaire conséquente
Au cours des cinq dernières décennies, les États-Unis ont vendu pour plusieurs milliards de dollars d’équipements et de munitions à Taïwan, lui fournissant notamment des avions de combat F-16 et divers navires de guerre. Une aide précieuse pour moderniser l’armée taïwanaise et lui permettre de faire face à la menace chinoise.
Mais cette assistance militaire est aussi un point de friction majeur dans les relations sino-américaines. Chaque nouvelle vente d’armes provoque immanquablement la colère de Pékin, qui y voit une ingérence dans ses affaires intérieures et un encouragement aux tendances séparatistes taïwanaises.
Vers une escalade des tensions ?
Si la Chine se contente pour l’instant d’une réponse verbale, beaucoup craignent que cette nouvelle pomme de discorde ne conduise à une escalade des tensions dans la région. Pékin pourrait être tentée de durcir sa posture, que ce soit par des sanctions économiques, des pressions diplomatiques ou un renforcement de sa présence militaire autour de Taïwan.
Une telle escalade serait lourde de conséquences, non seulement pour les relations sino-américaines, mais aussi pour la stabilité et la sécurité en Asie de l’Est. Taïwan, prise en étau entre les ambitions chinoises et le soutien américain, se retrouve plus que jamais au cœur de ce bras de fer géopolitique.
Face à ces tensions, la communauté internationale appelle toutes les parties à la retenue et au dialogue. Mais dans un contexte de rivalité croissante entre Washington et Pékin, la question taïwanaise reste un point d’achoppement majeur, où le moindre faux pas pourrait avoir des répercussions considérables.