La politique française traverse une zone de turbulences. Avec la chute récente du gouvernement, les rapports de force à l’Assemblée nationale sont plus que jamais incertains. Au cœur de ces remous, les écologistes tentent de définir leur stratégie pour peser dans les débats à venir. Mais les divergences sont profondes et les débats houleux.
Le dilemme des Verts : radicalité ou compromis ?
La question divise les rangs écologistes. D’un côté, les partisans d’une ligne dure, refusant tout compromis avec les forces de gouvernement. De l’autre, les tenants d’une approche plus souple, ouverts au dialogue dans une Assemblée morcelée. Un clivage qui n’est pas nouveau mais qui prend une acuité particulière dans le contexte post-législatives.
La France Insoumise campe sur ses positions
Les Insoumis ont donné le ton. Hors de question pour eux de voter la confiance à un gouvernement qui ne serait pas issu du Nouveau Front populaire, l’alliance des partis de gauche. Une position tranchée réaffirmée par les cadres du mouvement ces derniers jours. Toute entorse au « programme partagé » serait vécue comme une trahison.
EELV cherche une troisième voie
Chez les Verts, on s’efforce de trouver un point d’équilibre. «Être fidèle à nos électeurs n’est pas d’attendre d’avoir les mains libres totalement parce que ce jour n’arrivera pas tout de suite», a déclaré Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, sur les ondes. Pour elle, la solution passe par un « front républicain » plus large, intégrant potentiellement des forces au-delà du NFP.
« La solution doit être trouvée dans le cadre du front républicain »
– Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV
Cette main tendue a provoqué des remous dans les rangs écologistes. Pour les plus radicaux, c’est la porte ouverte aux compromissions. Pourtant, Marine Tondelier s’en défend. Il ne s’agit pas de renier les engagements pris devant les électeurs, mais de trouver une voie de passage dans une Assemblée nationale où aucun camp ne dispose de majorité stable.
Le spectre des négociations avec les macronistes
Pour nouer les compromis nécessaires, certains écologistes seraient prêts à discuter avec le parti présidentiel et ses alliés. Un scénario vivement rejeté par l’aile gauche des Verts. Ces derniers craignent qu’EELV ne se retrouve piégée, contrainte d’apporter sa caution à une politique qu’elle a pourtant combattue pendant la campagne des législatives.
Ces tensions stratégiques sont loin d’être anodines. Elles pourraient déterminer la capacité des écologistes à imprimer leur marque sur les débats parlementaires des mois à venir. Entre volonté de changement et nécessité de trouver des majorités, l’équation est complexe. Il faudra aux Verts français toute leur habileté politique pour ne pas se perdre en chemin.
D’autant que l’image du parti est déjà écornée sur la scène internationale. Marine Tondelier n’a pas manqué de fustiger le «camouflet pour Emmanuel Macron et sa diplomatie» que représente le voyage en Amérique latine d’Ursula von der Leyen. Un déplacement destiné à relancer les négociations sur l’accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur, pourtant combattu par Paris.
« Le chaos politique permet à leurs alliés du reste de l’Europe de leur marcher sur la gueule »
– Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV
Affaiblie sur le front intérieur comme à l’international, la France peine à faire entendre sa voix écologiste. Les Verts sauront-ils surmonter leurs divisions pour porter haut et fort la bannière de l’écologie politique ? L’avenir nous le dira. Une chose est sûre, les semaines à venir s’annoncent décisives. Les écologistes jouent gros. A eux de saisir leur chance, sans se renier.