Malgré la neige qui s’est abattue sur Séoul pendant la nuit, des milliers de Sud-Coréens, partisans comme détracteurs de l’ex-président Yoon Suk Yeol, sont descendus dans les rues de la capitale ce dimanche. Certains bravent le froid glacial pour soutenir l’ancien procureur vedette déchu, d’autres pour réclamer son arrestation, à la veille de l’expiration du mandat d’arrêt émis contre lui.
Au cœur de ce chaos politique qui secoue le pays depuis décembre : la tentative ratée de Yoon Suk Yeol d’imposer la loi martiale, ravivant le spectre de la dictature militaire. Destitué par l’Assemblée nationale le 14 décembre, l’ex-président de 64 ans fait désormais l’objet de plusieurs enquêtes, notamment pour « rébellion », accusé d’avoir fait vaciller la jeune démocratie sud-coréenne.
Une nation divisée, une démocratie fragilisée
Devant la résidence de Yoon Suk Yeol, ses soutiens sont venus en nombre malgré le froid mordant. Park Young-chul, un partisan, déclare à l’AFP : « J’ai traversé la guerre et des températures de -20 degrés dans la neige pour me battre (…) Cette neige, ce n’est rien », affirmant que la « guerre est de nouveau là ».
De l’autre côté, les détracteurs de l’ex-président ne sont pas en reste. Lee Jin-ah, 28 ans, a même quitté son emploi pour venir manifester : « J’ai quitté mon emploi pour venir protéger notre pays et la démocratie. J’habite à deux heures d’ici et aller aux manifestations puis repartir, c’était trop », confie-t-elle à l’AFP. « La neige, ce n’est rien (…) on sera quand même là », martèle la jeune femme.
La tentative de coup de force qui a ébranlé le pays
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, Yoon Suk Yeol avait tenté d’imposer la loi martiale, cernant le Parlement avec des soldats. Un coup de force qui avait ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire en Corée du Sud. Contraint par la Constitution et sous la pression des élus et de milliers de manifestants, il avait finalement dû faire marche arrière quelques heures plus tard.
Suspendu depuis sa destitution par l’Assemblée le 14 décembre, Yoon reste officiellement le président titulaire en attendant que la Cour constitutionnelle tranche sur son cas d’ici juin. Une éventuelle arrestation serait une première pour un président sud-coréen en exercice.
Un pays qui s’enfonce dans le chaos politique
Vendredi, les enquêteurs venus arrêter Yoon à son domicile sont repartis bredouilles, bloqués par sa garde rapprochée qui a refusé d’obtempérer. Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate, principal groupe d’opposition, a dénoncé au Parlement un « service de sécurité présidentiel » devenu une « force rebelle ».
La Corée du Sud ne cesse de s’enfoncer dans une crise politique majeure depuis début décembre. Après Yoon, le premier président par intérim a lui aussi été destitué le 27 décembre par les députés. C’est désormais le ministre des Finances Choi Sang-mok qui assure l’intérim en tant que deuxième président par intérim.
La communauté internationale observe, inquiète
Face à cette situation chaotique, la communauté internationale observe avec inquiétude l’évolution de la situation en Corée du Sud. Signe de cette préoccupation, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu à Séoul pour un entretien lundi avec son homologue sud-coréen Cho Tae-yul.
Une chose est sûre : le pays du matin calme traverse une zone de fortes turbulences politiques. L’issue de cette crise, qui met à l’épreuve la solidité de ses institutions démocratiques, sera scrutée de près, tant par les Sud-Coréens que par la communauté internationale. L’avenir politique de Yoon Suk Yeol et la stabilité du pays sont en jeu.