La situation s’envenime au Sud-Liban, où la guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah a pris un nouveau tournant alarmant. Selon des sources proches de la Finul, la Force intérimaire des Nations unies déployée dans la région, deux chars israéliens seraient « entrés de force » dans l’une de ses positions dimanche matin. Un incident grave qui a fait cinq blessés parmi les Casques bleus en l’espace de seulement trois jours.
Une intrusion choquante des chars israéliens
D’après les informations communiquées par la Finul, l’incursion israélienne s’est produite vers 04h30, alors que des Casques bleus se trouvaient dans des abris. Deux chars Merkava de Tsahal auraient détruit le portail principal avant de pénétrer de force dans la position onusienne, où ils sont restés environ 45 minutes. Deux heures plus tard, des tirs ont déclenché des fumées irritantes, provoquant des réactions cutanées et gastro-intestinales chez une quinzaine de soldats de la paix.
La Finul ne mâche pas ses mots face à cette nouvelle violation de son intégrité, rappelant « pour la quatrième fois en quatre jours » aux différents acteurs leur obligation d’assurer la sécurité de son personnel et l’inviolabilité de ses positions. Des témoins rapportent que les forces israéliennes auraient également bloqué samedi un mouvement logistique crucial de la Finul, lui interdisant le passage.
La version de Tsahal
Sur le réseau social X, l’armée israélienne a livré sa version des faits. Elle affirme qu’une importante salve de missiles antichars a été tirée en direction de ses troupes dans le sud du Liban, faisant deux soldats grièvement blessés et plusieurs autres légèrement à modérément touchés. Un char qui tentait d’évacuer les blessés sous le feu se serait alors reculé de quelques mètres dans un poste de la Finul, avant de le quitter une fois les tirs ennemis interrompus.
Tsahal assure avoir utilisé un écran de fumée pour couvrir l’évacuation et avoir coordonné ses activités avec la Finul, estimant qu’elles ne présentaient « aucun danger » pour les forces onusiennes. Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a par ailleurs appelé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à mettre les Casques bleus « à l’abri immédiatement ».
Tollé international
Ces graves incidents ont suscité une vive réaction de la communauté internationale. Le pape François a plaidé pour le respect des forces de maintien de la paix, tandis que le Premier ministre libanais Najib Mikati a dénoncé « un nouveau refus israélien de se plier au droit international ». L’Italie a même évoqué de possibles « crimes de guerre ».
Inacceptable que les forces israéliennes visent délibérément les Casques bleus
– Emmanuel Macron, président français
De son côté, le président américain Joe Biden a demandé à Israël de cesser ses tirs sur les forces de l’ONU au Liban. Son homologue français Emmanuel Macron a jugé « inacceptable » que les Casques bleus soient visés « délibérément » par Tsahal. L’ONU a également rappelé qu’attaquer son personnel de maintien de la paix peut constituer un crime de guerre.
La « ligne bleue » sous très haute tension
Ces développements illustrent la situation explosive qui prévaut le long de la « ligne bleue », la frontière de facto entre Israël et le Liban. Avec le Hezbollah solidement implanté au nord, Tsahal qui intensifie ses opérations au sud et la Finul prise en étau au milieu, cette zone reste l’un des points les plus chauds du conflit israélo-libanais.
Malgré les appels pressants à la désescalade lancés par les dirigeants du monde entier, la spirale des violences ne semble pas près de s’interrompre. Les affrontements directs entre l’armée israélienne et le Hezbollah se multiplient, tandis que les civils et les soldats de la paix paient un lourd tribut. Une source diplomatique évoque une situation « au bord de l’embrasement » qui fait craindre une nouvelle guerre ouverte.
Face à l’aggravation des tensions, la communauté internationale redouble d’efforts pour tenter d’apaiser les esprits et d’éviter une conflagration régionale aux conséquences potentiellement dévastatrices. Mais sur le terrain, chaque nouvel incident rend la tâche plus ardue et les espoirs de paix plus lointains. Dans ce contexte, l’intrusion des chars israéliens dans une position de la Finul apparaît comme un nouveau pas vers l’escalade.