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Tensions entre Paris et Ankara autour des écoles françaises en Turquie

Nouvelle crise diplomatique entre la France et la Turquie. En jeu : le futur des écoles françaises en terres turques. Ankara hausse le ton et dénonce l'arrogance française, Paris se dit déterminé à trouver un accord. Mais à quel prix pour les élèves turcs et les relations bilatérales ?

C’est un nouveau front de tensions qui s’ouvre entre la France et la Turquie. Cette fois-ci, la pomme de discorde concerne le statut des écoles françaises en Turquie. Ankara a haussé le ton ce samedi, dénonçant « l’arrogance » de Paris dans ce dossier épineux. En jeu : la possibilité pour les élèves turcs de continuer à fréquenter ces établissements prestigieux.

Un statut en sursis pour les écoles françaises

Depuis des décennies, les écoles françaises sont des institutions renommées en Turquie, scolarisant l’élite du pays. Mais leur avenir est aujourd’hui menacé. Le gouvernement turc exige désormais une « réciprocité » : il souhaite pouvoir ouvrir des écoles turques en France, avec une reconnaissance officielle de l’État français.

Une demande jugée inacceptable côté français. La France se dit néanmoins « plus déterminée que jamais à poursuivre les négociations ». Mais le temps presse. Dès la rentrée 2024, les élèves turcs pourraient se voir refuser l’accès à ces établissements si aucun accord n’est trouvé.

« Arrogance française » selon Ankara

Pour le ministre turc de l’Éducation, Yusuf Tekin, l’attitude française relève de « l’arrogance ». Il pointe du doigt le refus de Paris de conclure un accord bilatéral. « Ces écoles ont été créées pour les enfants des missions diplomatiques, mais elles ont commencé à accepter des élèves turcs. C’est contraire à la loi », martèle-t-il.

Il faut conclure un accord bilatéral et le problème sera résolu, mais ils n’en veulent pas. Bref, ils sont arrogants.

Yusuf Tekin, ministre turc de l’Éducation

Une fermeture progressive en vue

Si les négociations échouent, les autorités turques prévoient d’interdire progressivement l’accès des écoles françaises aux élèves turcs. Ceux déjà inscrits pourront terminer leur scolarité, mais aucune nouvelle admission ne sera autorisée. À terme, ces établissements pourraient devenir des coquilles vides, réservées à une poignée d’enfants d’expatriés.

Enjeux de souveraineté et de soft power

Au-delà de la question scolaire, ce bras de fer illustre les enjeux de souveraineté et d’influence qui traversent les relations franco-turques. Pour Ankara, il s’agit d’affirmer son autorité sur son système éducatif. Mais aussi potentiellement de rogner le soft power culturel de la France en Turquie, incarné par son réseau d’établissements.

Côté français, on semble vouloir préserver ce levier d’influence tout en ménageant un partenaire stratégique, malgré des relations en dents de scie. Un exercice d’équilibriste diplomatique qui s’annonce périlleux.

L’avenir des élèves turcs en question

Les premiers perdants de ce bras de fer pourraient être les milliers d’élèves turcs qui fréquentent les écoles françaises. Des parcours d’excellence et des projets d’avenir sont en jeu. Beaucoup espèrent une issue positive des négociations, pour ne pas voir leurs perspectives scolaires s’obscurcir.

Cette crise soulève aussi la question plus large de la coopération éducative internationale. Dans un monde globalisé, où le savoir traverse les frontières, les enjeux de réciprocité et de souveraineté restent prégnants. Et les écoles, lieux d’apprentissage, peuvent aussi devenir des terrains de jeu géopolitiques.

Alors que l’échéance de la rentrée approche, Paris et Ankara sauront-ils apaiser les tensions pour préserver ces ponts éducatifs entre les deux pays ? L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : dans cette partie diplomatique, l’éducation ne devrait pas être prise en otage.

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