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Tensions entre la Serbie et le Kosovo après une attaque « terroriste »

Un acte de sabotage contre un canal essentiel au Kosovo a relancé les tensions avec la Serbie. Le gouvernement kosovar accuse Belgrade, qui dément toute implication. Une nouvelle crise dans les Balkans se profile à l'horizon, menaçant la stabilité régionale...

C’est un incident qui pourrait avoir de lourdes conséquences. Vendredi soir, une mystérieuse explosion a gravement endommagé le canal Ibar-Lepenac, une infrastructure vitale pour le Kosovo. Cet acte de sabotage a immédiatement provoqué une nouvelle montée des tensions entre Pristina et Belgrade, ravivant le spectre d’un conflit ethnique dans les Balkans.

Une attaque contre une infrastructure critique

L’explosion, survenue dans une zone à majorité serbe du nord-ouest du Kosovo, a créé une brèche de plusieurs mètres dans le mur en béton du canal. Des milliers de litres d’eau se sont déversés, menaçant l’approvisionnement en eau potable de centaines de milliers de personnes. Le canal alimente également les circuits de refroidissement de deux centrales thermiques qui fournissent plus de 90% de l’électricité du pays.

Le premier ministre kosovar, Albin Kurti, a immédiatement pointé du doigt la Serbie, qualifiant l’incident d’« attaque terroriste ». Selon lui, Belgrade aurait utilisé des « méthodes russes » pour priver le Kosovo d’eau, d’électricité et de communications en plein hiver. Une accusation grave qui fait écho au conflit en Ukraine, où la Russie cible régulièrement les infrastructures énergétiques.

La Serbie rejette les accusations

Sans surprise, la Serbie a fermement rejeté ces allégations. Les autorités serbes affirment n’avoir aucune implication dans cette attaque et accusent le gouvernement kosovar de vouloir s’en servir comme prétexte pour renforcer son contrôle sur le nord du pays, où vit une importante minorité serbe. Belgrade mène d’ailleurs sa propre enquête sur l’incident, selon le président serbe Aleksandar Vucic.

Si une enquête conclut que la Serbie est impliquée, le Kosovo pourrait l’interpréter comme un acte de guerre, ce qui provoquerait une escalade dramatique des tensions.

Shpetim Gashi, analyste indépendant à Pristina.

Une animosité persistante

Cette nouvelle crise s’inscrit dans un contexte de tensions récurrentes entre la Serbie et son ancienne province, dont elle n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008. Depuis son arrivée au pouvoir en 2021, le premier ministre kosovar Albin Kurti a adopté une ligne dure vis-à-vis de Belgrade, multipliant les opérations pour démanteler les structures parallèles serbes au Kosovo.

Une politique souvent critiquée par les États-Unis et l’Union européenne, qui y voient un facteur d’aggravation des tensions régionales. Mais à deux mois d’élections législatives au Kosovo, Albin Kurti semble décidé à capitaliser sur cet incident pour affirmer son autorité sur l’ensemble du territoire, y compris les zones à majorité serbe du nord.

Des bénéfices politiques pour Pristina et Belgrade ?

Certains analystes estiment que les deux parties pourraient en réalité tirer profit de cette nouvelle crise. Pour Albin Kurti, c’est l’occasion de montrer que le nord du Kosovo échappe encore en partie au contrôle de Pristina, et de justifier un déploiement de l’armée et des forces de sécurité kosovares dans cette région, malgré l’opposition de l’OTAN.

Côté serbe, le président Aleksandar Vucic est confronté à une contestation grandissante après l’effondrement meurtrier d’un bâtiment à Novi Sad début novembre. Braquer à nouveau les projecteurs sur le Kosovo pourrait lui permettre de détourner l’attention et de remobiliser son électorat nationaliste.

L’impact immédiat est que les tensions sécuritaires reviennent au premier plan de l’agenda, aussi bien au Kosovo qu’en Serbie, ce qui donne un coup de pouce politique aux deux dirigeants.

Agon Maliqi, analyste politique.

Une enquête cruciale

Alors que l’approvisionnement en eau a pu être rétabli temporairement, tous les regards sont désormais tournés vers l’enquête pour identifier les responsables de l’attaque. Les États-Unis ont proposé leur aide aux autorités kosovares, insistant sur la nécessité d’une investigation « crédible ». Mais à ce stade, Washington affirme ne pas être en mesure de désigner un coupable.

Certains experts soulignent que le mode opératoire de l’attentat, visant une infrastructure critique et nécessitant un certain savoir-faire, suggère l’implication d’acteurs entraînés plutôt qu’un simple acte de sabotage isolé. Les prochaines semaines seront donc décisives pour faire la lumière sur cet incident et éviter qu’il ne dégénère en une nouvelle crise majeure dans les Balkans.

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