Le monde agricole français est actuellement secoué par un conflit opposant les deux principaux syndicats du secteur : la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et la Coordination rurale. Une confrontation qui prend une tournure préoccupante à mesure que les tensions s’exacerbent.
Des accusations graves de la part du président de la FNSEA
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, a haussé le ton ce vendredi en dénonçant vivement les agissements de la Coordination rurale. Il accuse le syndicat concurrent d’user de “méthodes lamentables” et de proférer des “menaces inacceptables” à l’encontre de ses représentants.
Ces accusations font suite à un incident survenu lors d’un déplacement d’Arnaud Rousseau à Agen, dans le Lot-et-Garonne. Le dirigeant syndical affirme avoir dû être escorté par les forces de l’ordre pour quitter un congrès agricole, face à une cinquantaine de militants de la Coordination rurale qui tentaient de l’empêcher de partir.
C’est juste des méthodes que je trouve absolument lamentables. Je me réserve le droit de porter plainte.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Un contexte de rivalité syndicale exacerbée
Ces tensions surviennent dans un contexte de vive concurrence syndicale, à l’approche des élections des chambres d’agriculture prévues en janvier prochain. La FNSEA, alliée aux Jeunes Agriculteurs, détient actuellement la majorité dans 95% de ces instances.
Mais la Coordination rurale, qui a gagné en visibilité ces derniers mois avec des actions coup de poing menées par ses “bonnets jaunes”, espère bien renverser la vapeur. Le syndicat affirme pouvoir ravir entre 15 et 20 chambres d’agriculture à l’alliance FNSEA-JA lors de ce scrutin.
La Coordination rurale, dans le cadre de son congrès, n’a eu qu’un objectif : cibler la FNSEA. Ça cherche l’escalade, le buzz.
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Au-delà de la rivalité, des visions opposées de l’agriculture
Derrière cette guerre des chiffres et des postures se cachent en réalité deux visions assez différentes de l’agriculture et de la défense des intérêts des paysans.
La FNSEA, syndicat historique et réformiste, mise sur le dialogue avec les pouvoirs publics et les acteurs de l’agroalimentaire pour faire évoluer les modèles agricoles. Une stratégie jugée trop conciliante par la Coordination rurale, qui prône une ligne plus dure et une opposition frontale face à ce qu’elle considère comme les “dérives” de l’agriculture productiviste et mondialisée.
Au-delà de la joute syndicale, c’est donc bien l’avenir de l’agriculture française et de ses centaines de milliers d’actifs qui se joue en filigrane de cette confrontation. Quelle ligne l’emportera en janvier prochain ? Celle du compromis et de l’accompagnement des transitions, ou celle de la rupture et de la résistance ?
L’appel au calme et à l’unité du monde agricole
Face à ces tensions, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler les syndicats agricoles à l’apaisement et au rassemblement. Car au-delà des divergences, c’est bien la crise profonde que traverse le monde paysan qui devrait mobiliser toutes les énergies.
- Baisse continue des revenus agricoles
- Pression de la grande distribution sur les prix
- Normes environnementales et sanitaires de plus en plus strictes
- Agribashing et dévalorisation du métier d’agriculteur
- Dérèglement climatique menaçant les récoltes
Autant de défis communs qui nécessitent l’union sacrée du syndicalisme agricole, plutôt que sa division. Un vœu pieux à l’heure où chacun fourbis ses armes en vue des prochaines échéances électorales ? L’avenir le dira, mais il est certain que les agriculteurs, eux, attendent de leurs représentants qu’ils se battent avant tout pour leur survie et la pérennité de leurs exploitations. La guerre des chapelles attendra…