Depuis le 13 mai dernier, la Nouvelle-Calédonie est secouée par une vague de violence sans précédent. Des émeutes et affrontements ont éclaté suite à l’opposition des indépendantistes kanaks à un projet de réforme constitutionnelle visant à geler le corps électoral. Ce mardi, un homme blessé le 29 mai par un gendarme a succombé à ses blessures, portant le bilan à 9 morts depuis le début des troubles. Une situation qui ne cesse de s’aggraver sur fond de tensions intercommunautaires.
Un projet de réforme qui met le feu aux poudres
C’est un projet de loi visant à modifier la constitution qui a mis le feu aux poudres en Nouvelle-Calédonie. Le texte prévoit notamment de geler le corps électoral pour les élections provinciales, ce à quoi s’opposent farouchement les indépendantistes kanaks. Pour eux, cela revient à figer la situation et à compromettre leurs espoirs d’accéder un jour à l’indépendance. Les loyalistes y voient quant à eux un moyen d’assurer la stabilité.
Dès l’annonce du projet, des appels à manifester ont été lancés par les partis indépendantistes. Rapidement, les rassemblements ont dégénéré en émeutes et en violents affrontements avec les forces de l’ordre. Malgré les appels au calme, la situation n’a fait qu’empirer jour après jour.
Nouméa, épicentre des violences
C’est dans la capitale Nouméa que les incidents les plus graves ont eu lieu. Barricades, incendies, pillages, attaques de bâtiments publics… La ville a été le théâtre de scènes d’une grande violence. Les affrontements entre jeunes des quartiers populaires et forces de l’ordre ont été particulièrement intenses.
On a vu des émeutes d’une ampleur inédite, avec une rage et une détermination impressionnantes chez ces jeunes qui n’ont plus rien à perdre.
– Un habitant de Nouméa
Les dégâts sont considérables dans la ville, avec de nombreuses dégradations sur les bâtiments et les infrastructures. Des commerces ont été vandalisés et pillés. Le couvre-feu instauré n’a pas suffi à ramener le calme dans les rues.
L’engrenage de la violence
Depuis, la violence n’a cessé de s’intensifier des deux côtés. Policiers et gendarmes font face à une hostilité grandissante lors de leurs interventions. Deux membres des forces de l’ordre ont perdu la vie dans ces affrontements. Dans la nuit du 29 mai, un homme a été grièvement blessé par balle par le GIGN alors qu’il ouvrait le feu sur les gendarmes. Il est décédé ce mardi des suites de ses blessures.
Le bilan humain ne cesse donc de s’alourdir, avec désormais 9 morts (dont 2 gendarmes) depuis le début des troubles mi-mai. Un lourd tribut qui endeuille la Nouvelle-Calédonie et rend le dialogue de plus en plus difficile. Les positions se crispent de part et d’autre, chaque nouveau drame ne faisant qu’attiser les tensions.
Un territoire plus divisé que jamais
Ces violences mettent en lumière le fossé qui se creuse entre les communautés sur le Caillou. Malgré les accords de Nouméa et le processus de décolonisation entamé il y a 25 ans, les rancœurs restent vives. Le ressentiment des Kanaks face aux inégalités et au manque de perspectives est profond.
On a l’impression que rien n’a changé depuis toutes ces années, que les promesses n’ont pas été tenues. La colère est immense.
– Un manifestant indépendantiste
De l’autre côté, une partie de la population calédonienne craint pour son avenir et son identité en cas d’indépendance. Les tensions intercommunautaires n’ont jamais été aussi fortes, exacerbées par ce nouveau drame.
Un avenir des plus incertains
La Nouvelle-Calédonie se trouve aujourd’hui à un tournant de son histoire. Les discussions sur l’avenir institutionnel du territoire sont au point mort. La situation sécuritaire, économique et sociale est des plus préoccupantes, avec un territoire qui se déchire.
Les appels au dialogue peinent à se faire entendre dans ce climat de violence. Il y a urgence pourtant à renouer le fil de la discussion entre loyalistes et indépendantistes, à ramener la paix civile. L’Etat a une lourde responsabilité pour sortir de l’impasse actuelle.
Si on ne fait rien, on va droit dans le mur. Il faut que toutes les parties se remettent autour de la table, fassent des concessions. L’avenir de la Nouvelle-Calédonie est en jeu.
– Un responsable politique local
Une neuvième victime qui endeuille encore un peu plus le territoire et rend le chemin de la paix très incertain. La Nouvelle-Calédonie retient son souffle, suspendue à ce qui se jouera dans les prochains jours et les prochaines semaines. Les cicatrices de ces semaines de crise seront en tout cas très longues à refermer.