Depuis jeudi, la Corse est paralysée par des blocages spontanés dans ses aéroports et ses ports. À l’origine de cette crise, un conflit entre l’État et les élus locaux sur la gestion future de ces infrastructures stratégiques. Une situation tendue qui menace la continuité territoriale de l’île et qui a suscité la colère de Gilles Simeoni, président autonomiste du conseil exécutif de Corse.
Un projet de syndicats mixtes au cœur des tensions
Le projet de créer deux syndicats mixtes ouverts (SMO) pour gérer les ports et aéroports corses à partir de 2025 est au cœur des discussions. Ces SMO devraient permettre à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Corse de continuer à exploiter ces infrastructures via des concessions. Mais lors d’une assemblée générale extraordinaire jeudi, un représentant de l’État a estimé que ce montage présentait “un risque juridique important”.
La colère de Gilles Simeoni
Cette prise de position a suscité l’ire de Gilles Simeoni, qui y voit une “déclaration de guerre”. Le leader autonomiste a affirmé avec force :
Pour moi ce n’est pas négociable, il n’y aura pas de groupes internationaux qui géreront les ports et les aéroports de Corse.
Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse
Il a dénoncé “la décision que vient d’annoncer aujourd’hui l’État, en catimini, sans nous prévenir et en reniant son engagement et sa parole”.
L’État se veut rassurant
Face à cette colère, le préfet de Corse Amaury de Saint-Quentin a tenté de clarifier la position de l’État. Il a assuré n’avoir “aucune opposition” à une gestion des infrastructures par des SMO, à condition qu’elle se fasse en “régie directe” pour éviter tout risque juridique. Il a également nié toute “velléité de la part de l’État” de privatiser les ports et aéroports corses.
Un mouvement social spontané
Mais ces déclarations n’ont pas suffi à apaiser les tensions. Dès jeudi après-midi, à l’appel des syndicats de la CCI emmenés par le STC, un mouvement de grève spontané a été lancé, entraînant le blocage total des quatre aéroports et six ports de l’île. Une situation qui a laissé des centaines de voyageurs en rade, contraints de passer la nuit dans des gymnases mis à disposition par les autorités.
Un conflit financier en toile de fond
Derrière ce conflit institutionnel se cache aussi un désaccord financier. Gilles Simeoni réclame en effet 50 millions d’euros supplémentaires à l’État pour compenser l’inflation dans le cadre de la continuité territoriale entre l’île et le continent. Une demande restée sans réponse pour l’instant, malgré son caractère jugé vital par les élus corses.
Cette crise met en lumière les relations complexes et souvent tendues entre la Corse et l’État central. Elle illustre aussi l’attachement des élus et de la population à une gestion locale des infrastructures, perçue comme un enjeu de souveraineté. Reste à savoir si un compromis pourra être trouvé rapidement pour sortir de l’impasse et permettre un retour à la normale dans les transports insulaires. L’avenir de la Corse et de son économie en dépendent largement.