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Tensions électorales au Sénégal: Appel à la vengeance du Premier ministre

Le Sénégal plonge dans la tourmente à l'approche des législatives. Le Premier ministre appelle à venger ses militants agressés, l'opposition crie au scandale. Jusqu'où iront ces violences politiques ? Le pays retient son souffle...

À quelques jours des élections législatives au Sénégal, la tension monte d’un cran. Le Premier ministre Ousmane Sonko a suscité l’indignation en appelant à venger ses militants qu’il affirme avoir été agressés par des sympathisants de l’opposition. Un appel à la violence qui fait craindre de nouveaux débordements.

Agressions de militants et appel à la vengeance

Le ton monte au Sénégal à l’approche des élections législatives prévues ce dimanche. Dans la nuit de lundi à mardi, le Premier ministre Ousmane Sonko, tête de liste du parti Pastef, a dénoncé sur Facebook de multiples agressions dont auraient été victimes ses supporteurs à Dakar, Saint-Louis et Koungueul. Des violences qu’il impute aux sympathisants de Barthélémy Dias, maire de Dakar et leader d’une coalition concurrente.

Face à cette situation, M. Sonko n’a pas mâché ses mots. Pour lui, chaque agression subie par le Pastef doit être “proportionnellement vengée”. “Nous exercerons notre droit légitime à la riposte”, a-t-il martelé. Le Premier ministre est même allé jusqu’à déclarer que “Barthélémy Dias et sa coalition ne doivent plus battre campagne dans ce pays”.

L’opposition dénonce un “appel au meurtre”

Ces propos virulents d’Ousmane Sonko ont immédiatement fait réagir ses adversaires politiques. La coalition Samm Sa Kaddu de Barthélémy Dias a dénoncé dans un message “un appel au meurtre assumé par l’actuel Premier ministre sénégalais”. Elle affirme avoir elle-même été visée par de “multiples attaques”.

Ousmane Sonko, dévoré par la peur de la défaite, tente désespérément de museler la démocratie en tentant d’instaurer un climat de terreur.

Coalition Samm Sa Kaddu

La coalition menace de tenir M. Sonko “pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à ses membres, ses militants, ses sympathisants et ses électeurs”. Une escalade verbale inquiétante à l’approche d’un scrutin qui s’annonce déjà sous haute tension.

De multiples incidents durant la campagne

Depuis le début de la campagne électorale le 27 octobre, de nombreux incidents ont été rapportés. Le 30 octobre, des échauffourées ont opposé des partisans de l’opposition et du pouvoir à Koungueul lors du passage du convoi de M. Sonko. Deux jours plus tôt, à Dakar, le siège d’un parti d’opposition avait été attaqué et incendié par des inconnus.

Face à ces violences, le président Bassirou Diomaye Faye avait appelé à la “modération” de tous les acteurs politiques, les invitant à “éviter les dérives dans leurs discours et leurs actes”. Un appel à l’apaisement qui semble avoir été peu suivi d’effets jusqu’à présent.

Un contexte post-électoral tendu

Ces tensions interviennent dans un contexte politique déjà très tendu au Sénégal, quelques mois seulement après la présidentielle qui a vu la victoire de Bassirou Diomaye Faye. Le nouveau président avait dû dissoudre l’Assemblée nationale, encore dominée par le camp de son prédécesseur Macky Sall, pour convoquer ces législatives anticipées.

L’enjeu est crucial pour le parti au pouvoir Pastef qui souhaite obtenir une majorité pour gouverner et mettre en œuvre son programme de “rupture”. Mais ses principaux opposants entendent bien lui barrer la route et consolider leur position sur l’échiquier politique.

La crainte de nouvelles violences

C’est dans ce contexte électrique que les déclarations incendiaires de M. Sonko font craindre une nouvelle flambée de violences dans le pays. D’après une source proche du pouvoir, un important rassemblement des militants du Pastef est prévu ce mardi après-midi près du domicile du maire de Dakar, laissant redouter de possibles affrontements.

Ousmane Sonko a de nouveau interpellé l’Etat sénégalais, l’accusant de “faiblesse” et menaçant de “régler le problème” lui-même s’il ne prenait pas ses responsabilités. Des propos qui font planer le spectre d’une escalade incontrôlée à l’approche du scrutin de dimanche.

Après trois années de bras de fer et de violences sporadiques ayant fait des dizaines de morts, le Sénégal retient son souffle. Chacun espère que ces élections législatives ne seront pas le détonateur d’une nouvelle crise politique majeure. Mais les appels à la vengeance et les tensions croissantes entre les camps ne laissent rien présager de bon pour la suite.

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