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Tensions diplomatiques entre l’Inde et le Bangladesh

Les relations entre l'Inde et le Bangladesh traversent une zone de turbulences depuis la chute de l'ex-Première ministre bangladaise Sheikh Hasina en août dernier. Un émissaire indien est arrivé à Dacca pour tenter d'apaiser la situation, mais le chemin vers la normalisation s'annonce semé d'embûches...

Depuis plusieurs mois, les relations entre l’Inde et le Bangladesh traversent une zone de fortes turbulences diplomatiques. En août dernier, la chute soudaine de l’ex-Première ministre bangladaise Sheikh Hasina, soutenue par New Delhi, a provoqué un séisme politique dont les répliques continuent d’agiter les deux pays voisins. Pour tenter d’apaiser les tensions, un haut responsable indien est arrivé lundi à Dacca, la capitale bangladaise.

L’ombre de Sheikh Hasina plane sur les relations bilatérales

Pendant les 15 années de pouvoir de Sheikh Hasina, l’Inde a apporté un soutien inconditionnel à son régime, malgré les nombreuses accusations de violations des droits de l’homme. Mais en août, un soulèvement étudiant a précipité la chute de la dirigeante autocrate, qui s’est réfugiée en Inde. Dacca a depuis émis une demande d’extradition, restée sans réponse de New Delhi.

Muhammad Yunus, qui dirige le gouvernement intérimaire bangladais, n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé une « agression indienne » visant selon lui à « saper » les efforts de réforme démocratique et à déstabiliser son gouvernement. Des attaques auxquelles New Delhi n’a pas officiellement réagi, préférant dépêcher un émissaire pour renouer le dialogue.

Un contexte communautaire tendu

La question des minorités religieuses, et notamment de la communauté hindoue du Bangladesh, cristallise également les tensions. New Delhi accuse Dacca de ne pas avoir suffisamment protégé les hindous, victimes selon l’Inde d’attaques de représailles depuis le départ de Sheikh Hasina. L’arrestation en novembre d’un prêtre hindou pour « sédition » a encore aggravé la situation, suscitant l’ire des partisans du Premier ministre indien Narendra Modi.

Pour sa part, le gouvernement bangladais reconnaît des violences anti-hindous mais affirme que nombre d’entre elles étaient davantage motivées par des considérations politiques que religieuses. Muhammad Yunus accuse l’Inde d’en exagérer l’ampleur dans le cadre d’une « campagne de propagande ».

Un émissaire indien pour une délicate mission d’apaisement

C’est dans ce contexte délicat que Vikram Misri, haut responsable du ministère indien des Affaires étrangères, a entamé lundi une visite au Bangladesh, la première d’un officiel indien de ce rang depuis la chute de Sheikh Hasina. Une reconnaissance implicite, selon Touhid Hossain, ministre bangladais des Affaires étrangères, qu’un « changement qualitatif » est intervenu dans les relations bilatérales.

La mission de M. Misri s’annonce complexe. Il va devoir rassurer un gouvernement bangladais méfiant tout en défendant les intérêts stratégiques indiens. Le sort de Sheikh Hasina, la protection des hindous et l’avenir des projets de coopération lancés sous l’ancienne Première ministre figureront en bonne place dans les discussions. Reste à savoir si cette main tendue de New Delhi suffira à apaiser les relations indo-bangladaises, mises à rude épreuve ces derniers mois.

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