L’Allemagne traverse une période de turbulences politiques alors que de profondes divisions secouent la coalition gouvernementale dirigée par le chancelier Olaf Scholz. Au cœur de cette crise, un document controversé de 18 pages rédigé par Christian Lindner, ministre des Finances et chef du parti libéral FDP, qui appelle à un « tournant économique » pour le pays.
La fuite de cette feuille de route, qui prône une série de réformes immédiates allant à l’encontre des positions des partenaires de coalition, notamment le parti social-démocrate (SPD) du chancelier et les écologistes, a provoqué une véritable onde de choc. Les médias allemands y voient une « provocation », une « attaque » contre les alliés du FDP, et même une « épreuve de vérité » pour le gouvernement.
Des propositions radicales qui divisent
Parmi les mesures préconisées par Christian Lindner, on trouve notamment :
- La fin de l’« impôt de solidarité », instauré en 1991 pour financer le coût de la réunification allemande
- L’abandon des objectifs climatiques plus ambitieux que ceux fixés par l’Union européenne
- Le renoncement à plusieurs réformes sociales et environnementales jugées nuisibles à la compétitivité des entreprises
Sans surprise, ces propositions ont suscité de vives réactions au sein de la coalition. Nils Schmid, député SPD proche d’Olaf Scholz, a qualifié le document de « rhétorique néolibérale » incompatible avec le contrat de coalition. Les écologistes, eux, tentent de sauver leur agenda climatique menacé.
L’économie allemande au cœur des préoccupations
Ces tensions interviennent alors que l’économie allemande, première puissance européenne, est menacée de récession pour la deuxième année consécutive. Les désaccords au sein de la coalition tripartite, au pouvoir depuis fin 2021, se cristallisent justement autour des solutions pour relancer la croissance.
Tandis que les sociaux-démocrates refusent tout recul sur les questions sociales, Christian Lindner, chantre de l’orthodoxie budgétaire, se montre de plus en plus critique envers ses partenaires. Il a d’ailleurs évoqué un « automne de décisions » pour le pays.
Un avenir incertain pour le gouvernement Scholz
Le budget 2025, qui concentre toutes les tensions, doit être bouclé en novembre. Plusieurs réunions de négociation sont prévues dès la semaine prochaine, mais l’hypothèse d’une implosion de la coalition en cas d’échec des discussions gagne du terrain. Un tel scénario ouvrirait la voie à des élections anticipées avant la date prévue du 28 septembre 2025.
La situation est extrêmement tendue. Si les partenaires ne parviennent pas à s’entendre rapidement sur une ligne commune, c’est tout l’édifice gouvernemental qui pourrait s’effondrer.
Un expert politique s’exprimant sous couvert d’anonymat
Face à ces défis, Olaf Scholz va devoir déployer des trésors de diplomatie et de persuasion pour maintenir la cohésion de sa coalition hétéroclite. L’enjeu est de taille : il en va de la stabilité politique de l’Allemagne et de sa capacité à affronter les crises économiques et environnementales qui s’annoncent.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour l’avenir du gouvernement allemand. Entre nécessité de réformes et impératif de compromis, Olaf Scholz marche sur un fil. L’Allemagne, et l’Europe toute entière, retiennent leur souffle.