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Tensions commerciales entre les USA, le Canada et le Mexique

Le Canada promet une riposte ferme et le Mexique appelle au calme face aux pressions commerciales de Trump qui menacent de faire dérailler l'accord USMCA. Des centaines de milliers d'emplois en jeu. Les voisins des USA cherchent la parade pour éviter la crise, mais jusqu'où iront-ils ?

Les récentes menaces de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 25% à ses voisins nord-américains, le Canada et le Mexique, en dépit de l’accord commercial USMCA qui les lie, font trembler les économies de ces pays. Face à ces pressions commerciales qui pourraient avoir des conséquences désastreuses, les dirigeants canadiens et mexicains cherchent la parade, oscillant entre promesses de riposte ferme et appels à garder son calme.

Le Canada promet une riposte à la mesure des attaques

Pour le Premier ministre canadien Justin Trudeau, hors de question de se laisser faire. Il a promis mardi une « riposte » ferme et rapide si les États-Unis mettent leurs menaces à exécution, comme annoncé par Trump dès le 1er février. Même s’il reconnaît que cela « aura un coût pour les Canadiens », Trudeau assure que « tout est sur la table » et qu’il soutiendra « le principe de droits de douane équivalents au dollar près ».

Il faut dire que l’enjeu est de taille pour le Canada. Selon les économistes, l’imposition de tels droits de douane déclencherait une profonde récession dans le pays, dont 75% des exportations partent vers les États-Unis. Des centaines de milliers d’emplois canadiens sont en jeu. D’après un scénario inquiétant de la Chambre de commerce du Canada :

  • Une hausse des droits de douane US suivie d’une riposte canadienne pourrait faire chuter le PIB canadien de 2,6%
  • Dans le même temps, le PIB américain n’encaisserait qu’un recul de 1,6%

Le Mexique, entre fermeté et appel au calme

Au sud de la frontière américaine, c’est un son de cloche un peu différent. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum appelle à « rester calme » et « garder la tête froide » face aux menaces trumpiennes. Elle rappelle que pour l’instant, l’accord commercial USMCA signé en 2018 tient toujours et que des consultations sont prévues en 2026 pour une éventuelle révision.

Un accord d’autant plus crucial que le Mexique est devenu en 2023 le premier partenaire commercial des États-Unis, devant la Chine. Mais le déficit commercial américain a atteint des sommets à 150 milliards de dollars cette année-là. De quoi attiser les velléités protectionnistes de Trump.

Le fentanyl comme prétexte

Pour justifier ses menaces de taxes douanières, Donald Trump a une autre carte dans sa manche : le fentanyl. Il accuse le Mexique et le Canada de laisser entrer « un grand nombre de personnes » et « beaucoup de fentanyl » sur le sol américain, en référence à la terrible crise sanitaire des opioïdes qui ravage les États-Unis.

Un argument qui semble bien pratique pour faire pression et pousser les entreprises étrangères à venir s’installer aux USA. Comme l’a déclaré sans ambages Howard Lutnick, pressenti comme futur secrétaire au Commerce : « Si les sociétés veulent échapper aux barrières douanières, elles n’ont qu’à construire des usines aux États-Unis et embaucher des Américains avec de très bons salaires ».

Quelles options pour le Canada et le Mexique ?

Entre la fermeté de façade et la nécessité de préserver leurs intérêts économiques vitaux, le Canada et le Mexique sont pris entre le marteau et l’enclume. Même si Justin Trudeau, sur le départ, espère encore convaincre l’administration Trump de renoncer à sa surenchère protectionniste, il sera bientôt remplacé et la ligne pourrait changer.

Quant au Mexique, il semble vouloir temporiser et miser sur la clause de révision de l’USMCA prévue dans quelques années pour renégocier les termes de l’accord. Mais en attendant, difficile de riposter trop fort aux coups de boutoir de l’imprévisible président américain, au risque de fragiliser une relation commerciale plus cruciale que jamais.

Une chose est sûre, dans ce bras de fer commercial en Amérique du Nord, tous les coups semblent permis et les conséquences pourraient être lourdes pour les économies et les emplois. Mais jusqu’où iront les voisins des États-Unis pour défendre leurs intérêts sans mettre en péril leur précieux accès au marché américain ? Les prochains mois s’annoncent déterminants et à haut risque dans cette guerre commerciale aux allures de poker menteur.

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