Quand le sport se mêle à la politique, l’ambiance peut vite devenir électrique. C’est ce qui se passe actuellement entre le Canada et les États-Unis, où les tensions diplomatiques semblent avoir gagné la glace. Le match de hockey opposant les deux nations jeudi en finale du Tournoi des quatre Nations s’annonce plus que jamais sous haute tension.
Pour les amateurs de hockey canadiens, l’affrontement revêt une dimension toute particulière cette année. « C’est une question d’honneur », confie Cédric Bernard, un supporter rencontré dans un parc de Montréal. Patins aux pieds et crosse à la main, il n’hésite pas à qualifier les récents commentaires de Donald Trump de « ridiculisants » pour son pays. La meilleure façon de laver l’affront selon lui ? « Gagner au hockey ! »
L’hymne américain copieusement hué
Un premier match entre les deux équipes samedi dernier à Montréal avait donné le ton. Remporté 3-1 par les États-Unis, il avait été marqué par de nombreux sifflets pendant l’hymne américain et pas moins de trois bagarres en neuf secondes sur la glace, un phénomène rarissime à ce niveau. Le joueur américain Matthew Tkachuk, à l’origine de la première échauffourée, avait d’ailleurs prévenu quelques jours plus tôt qu’il n’appréciait guère ce manque de respect envers le « Star-Spangled Banner ».
Mais dans les travées, la grogne des supporters canadiens ne faiblit pas. Depuis plusieurs semaines, les hymnes américains sont régulièrement conspués, que ce soit au hockey ou au basket. En cause, les attaques répétées de Donald Trump envers le Canada, cible d’une guerre commerciale et qui se verrait bien, selon le président américain, devenir le 51e État de l’Union.
Vous voulez faire la guerre ? Allons-y !
Cette réaction épidermique ravive le souvenir de la Série du siècle en 1972 qui avait vu le Canada affronter l’URSS en pleine Guerre Froide sur fond de rivalité politique Est-Ouest. Pourtant, même à l’époque, « nous n’avons jamais déshonoré l’hymne national ou le drapeau de l’Union soviétique », se remémore Serge Savard, légende du hockey canadien.
Un symbole « sacré » pour certains
S’il comprend l’indignation provoquée par les menaces existentielles de Trump envers son pays, l’ancien joueur considère néanmoins qu’un hymne reste « quelque chose de sacré ». Huées, bagarres et provocations présidentielles créent selon lui « un climat de haine » qui n’a pas sa place dans le sport.
Mais à l’heure où « les États-Unis sont devenus une menace pour notre mode de vie » comme le souligne un éditorial du Toronto Star, difficile pour certains de faire la part des choses. La finale qui se profile jeudi à Boston promet en tout cas d’être explosive, sportivement et politiquement.
Trump attendu dans les tribunes ?
D’autant que selon Bill Guerin, le directeur général de l’équipe américaine, la présence de Donald Trump dans les tribunes n’est pas à exclure. De quoi électriser encore un peu plus une rencontre où la « petite touche politique » s’ajoute à « la grande rivalité » entre les deux nations, une combinaison qui « inspire les joueurs sur la glace » selon le dirigeant.
Une chose est sûre, au-delà de l’enjeu sportif, c’est bien une bataille pour l’honneur qui se jouera sur la glace. Et vu le climat actuel, il y a fort à parier que les esprits s’échaufferont autant que les patins. Réponse jeudi, à Boston, pour un match qui s’annonce d’ores et déjà bouillant à tous les niveaux.