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Tensions américano-ukrainiennes: Zelensky pris pour cible par Trump

Nouvelle salve de Donald Trump contre Volodymyr Zelensky, qui brouille un peu plus la position américaine sur la guerre en Ukraine. Le gouvernement français s'interroge sur la cohérence de Washington alors que les combats font rage...

Les récentes déclarations explosives de Donald Trump à l’encontre de Volodymyr Zelensky ont semé la consternation dans les chancelleries occidentales. Le président américain a en effet accusé sans ambages son homologue ukrainien d’avoir lui-même « commencé » le conflit qui ravage son pays depuis février 2022, lui reprochant au passage une grande impopularité.

Cette charge virulente intervient en réaction aux critiques exprimées par Zelensky sur l’attitude des États-Unis. Le dirigeant ukrainien reproche en effet à Washington d’avoir entamé des discussions « sur l’Ukraine sans l’Ukraine » avec la Russie, lors d’une rencontre à Ryad mardi. Il réclame une place pour son pays et pour les Européens à la table des négociations.

Une série de propos « peu compréhensibles » de Trump

Loin de calmer le jeu, la réponse cinglante de Trump a jeté un froid. « Aujourd’hui, j’ai entendu +oh nous n’étions pas invités+. Et bien, vous avez été là depuis trois ans. Vous auriez dû y mettre un terme il y a trois ans. Vous n’auriez jamais dû la commencer« , a-t-il lancé, semblant imputer à l’Ukraine la responsabilité d’un conflit pourtant déclenché par l’agression russe.

Le président américain a même affirmé que « la Russie veut faire quelque chose. Ils veulent mettre un terme à la barbarie sauvage« , sans un mot pour les exactions dont est accusée l’armée russe contre les civils ukrainiens depuis le début de l’invasion.

Pour le gouvernement français, cette saillie trumpienne s’inscrit dans une longue liste de déclarations américaines pour le moins déroutantes sur ce dossier brûlant. La porte-parole de l’exécutif Sophie Primas a ainsi fait part de l’incompréhension de Paris face à « la position des États-Unis au travers des propos divers et variés et souvent peu compréhensibles (exprimés) par le président Trump« , dont « on cherche la cohérence dans le temps« .

Washington brouille le message sur son soutien à Kiev

Au-delà de l’émotion suscitée, les propos de Donald Trump interrogent en effet sur le positionnement réel des États-Unis dans ce conflit. Si Washington se présente comme un allié indéfectible de Kiev, multipliant les promesses d’assistance militaire et les sanctions contre Moscou, le discours présidentiel vient semer le doute.

En imputant à l’Ukraine au moins une part de responsabilité dans le déclenchement des hostilités, Trump prend le contre-pied de la position officielle américaine qui n’a eu de cesse de condamner « l’agression » et « l’invasion » russes. Il donne aussi des gages à Vladimir Poutine au moment où s’esquissent des discussions directes américano-russes.

Le président américain n’en est pas à sa première sortie ambiguë sur ce dossier. Il avait déjà surpris en qualifiant Poutine de « génie » au début de l’invasion, avant de se montrer plus critique par la suite. Plus récemment, il a semblé lier la poursuite de l’aide à l’Ukraine à des concessions de Zelensky sur des dossiers de politique intérieure.

Entre fermeté et négociations, la position américaine balance

Cette cacophonie à la tête de l’État américain tend à brouiller le message sur le soutien de Washington à Kiev. Une ambiguïté dont pâtit le président ukrainien, déjà confronté aux réticences grandissantes de son opinion publique face à une guerre qui s’enlise.

Elle s’explique aussi par la volonté américaine de ne pas fermer la porte à des négociations avec Moscou. Mais en dialoguant avec la Russie sans y associer l’Ukraine, les États-Unis prennent le risque de donner l’impression de décider de l’avenir du conflit dans le dos de leur allié.

Un équilibre subtil que peinent à trouver les Américains, tiraillés entre la tentation d’un accord rapide pour sortir du bourbier ukrainien et la nécessité de ne pas donner l’impression d’abandonner Kiev face aux exigences russes. Un dilemme qui continuera sans doute d’alimenter les spéculations et les critiques, alors même que la guerre poursuit ses ravages sur le terrain.

Combats acharnés et crise humanitaire, l’Ukraine à la peine

Car en dépit de l’intense activité diplomatique, le conflit continue de faire rage en Ukraine. Mercredi, les bombardements russes ont ainsi laissé une « grande » zone résidentielle d’Odessa, important port du sud du pays, sans chauffage ni électricité. Un nouveau coup dur pour la population, déjà durement éprouvée par trois années de pilonnage des infrastructures civiles.

Depuis février 2022, l’armée russe s’acharne en effet sur les installations énergétiques ukrainiennes, plongeant régulièrement villes et villages dans le noir et le froid, au mépris du droit humanitaire international. Des attaques qui se doublent de bombardements meurtriers sur les zones civiles, faisant des milliers de victimes.

Face à cette catastrophe humanitaire, le soutien occidental continue de jouer un rôle vital pour l’Ukraine. Mais les ambiguïtés du positionnement américain, illustrées par les récentes sorties de Donald Trump, risquent de compliquer un peu plus la tâche, déjà immense, du président Zelensky pour garder la guerre à l’agenda international et maintenir la pression sur Moscou.

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