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Tensions à Maputo : La Capitale du Mozambique Paralysée Après les Élections

Maputo, capitale du Mozambique, est paralysée par des manifestations violentes suite à la confirmation de la victoire controversée du parti au pouvoir, le Frelimo, aux élections d'octobre. L'opposition maintient ses accusations de fraude électorale et appelle à la "vérité électorale". La situation reste tendue à la veille de Noël...

En cette période de fêtes de fin d’année, la capitale mozambicaine Maputo ne respire pas la joie et la sérénité habituelles. La ville est plutôt figée dans un climat de peur et d’insécurité au lendemain de la confirmation par la plus haute cour du pays de la victoire très contestée du parti au pouvoir, le Frelimo, aux élections générales du mois d’octobre. Des scènes de chaos ont éclaté dans la soirée et la nuit de lundi, des manifestations violentes paralysant la capitale.

Une Capitale Sous Haute Surveillance

Alors que Maputo devrait en temps normal connaître l’effervescence des dernières courses de Noël à cette période, la ville offre un tout autre visage ce mardi. Les principales artères de la capitale sont désertées et fortement sécurisées, a pu constater sur place l’AFP. La police, déployée en véhicules blindés, patrouille dans le centre-ville, témoin des violences de la nuit.

Les axes routiers donnant accès à Maputo et à la ville voisine de Matola restent bloqués par des barricades de fortune constituées de rondins et de blocs de pierre. Quant aux rares riverains qui osent s’aventurer à l’extérieur, c’est pour constater l’ampleur des dégâts ou tenter de faire quelques courses de première nécessité.

Des Manifestations Qui Dégénèrent

Lundi soir, rapidement après l’annonce de la confirmation des résultats par le Conseil constitutionnel, des épaisses fumées grises ont commencé à recouvrir la capitale. Des barrages routiers ont été incendiés et des pneus brûlés par des manifestants en colère. Plusieurs boutiques, banques, supermarchés et même des bâtiments publics n’ont pas été épargnés, mis à sac ou incendiés durant la nuit.

Cette vague de violence n’a pas uniquement touché Maputo. Selon les médias locaux, des scènes similaires se sont déroulées dans plusieurs villes du nord du pays où l’opposition est fortement implantée, notamment dans les provinces de Cabo Delgado, Nampula, Zambezia et Tete. Des véhicules et bâtiments publics comme des commissariats ou des postes de péages ont aussi été pris pour cible par des manifestants.

Un Bilan Humain Déjà Lourd

Ces violences post-électorales sans précédent au Mozambique ont déjà coûté la vie à plus de 130 personnes selon une ONG locale, la plupart des victimes étant des manifestants tués par balles. Rien que pour la nuit de lundi à mardi, l’hôpital central de Maputo a fait état de près de 90 blessés admis, dont une quarantaine par arme à feu.

« L’hôpital central de Maputo fonctionne dans des conditions critiques, plus de 200 salariés n’ont pas pu se rendre sur le site. »

– Mouzinho Saide, directeur de l’hôpital central de Maputo

Le trafic est totalement paralysé dans la capitale en ce mardi, seuls les véhicules funéraires et les ambulances circulant encore. Les transports publics sont à l’arrêt.

L’Opposition Ne Désarme Pas

Malgré la confirmation par la plus haute juridiction de la victoire de Daniel Chapo, candidat du Frelimo, à la présidentielle avec 65,17% des voix, l’opposition continue de crier à la fraude électorale massive. Son principal représentant, Venancio Mondlane, a réitéré ses accusations sur les réseaux sociaux :

« Le Conseil constitutionnel a légalisé la fraude, a légalisé l’humiliation du peuple. Nous devons continuer le combat, rester unis et forts. »

– Venancio Mondlane, opposant mozambicain

Celui que ses partisans surnomment « Venancio » ne compte pas en rester là et appelle la population à réclamer « la vérité électorale ». Une position intransigeante, malgré les irrégularités soulevées par de nombreux observateurs lors du scrutin, et qui fait craindre un possible durcissement de la contestation dans les prochains jours.

Une Communauté Internationale « Inquiète »

Face à ce climat très tendu, les États-Unis se sont dits « inquiets » lundi du « manque de transparence » autour des résultats, appelant « les parties prenantes à s’abstenir de toute violence », dans un communiqué du département d’État.

Daniel Chapo, dont l’investiture est prévue mi-janvier, avait pourtant adopté un ton conciliant lors de son discours de victoire lundi, promettant de « continuer à parler à tout le monde ». Des paroles qui peinent pour l’heure à apaiser une situation qui semble de plus en plus lui échapper, alors que le pays vient d’entrer dans une période de vacances et de fêtes.

À la veille de Noël, Maputo panse donc ses plaies, sous haute surveillance, avec la crainte de voir la violence s’inviter à nouveau dans ses rues. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir du Mozambique, suspendu à la capacité de ses dirigeants et de l’opposition à trouver un chemin vers l’apaisement et le dialogue. Une perspective qui semble encore bien lointaine en cette fin d’année sous haute tension.

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