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Tempête politique chez Syriza : l’opposition grecque en crise

Le parti Syriza, principale force d'opposition en Grèce, traverse une crise majeure. Scissions en série, création d'un mouvement dissident par l'ex-dirigeant... Que va-t-il advenir de la gauche grecque ?

Le parti grec de gauche Syriza, principale force d’opposition au gouvernement, est en proie à une crise politique majeure. Alors qu’un congrès extraordinaire était réuni ce week-end, de nouvelles défections de députés sont venues s’ajouter à une longue liste, tandis que l’éphémère dirigeant Stefanos Kasselakis a officialisé la création d’un mouvement dissident.

Un congrès sur fond de scission

Ce samedi, en plein congrès extraordinaire du parti, quatre députés réputés proches de Stefanos Kasselakis ont annoncé tour à tour leur départ de Syriza. Parallèlement, l’ex-dirigeant déchu, mis sur la touche en septembre après moins d’un an à la tête du parti, a proclamé le lancement d’un nouveau mouvement “populaire progressiste”, dont le nom sera choisi par un vote des adhérents.

Stefanos Kasselakis, 36 ans, homme d’affaires ayant longtemps vécu aux États-Unis et premier responsable politique grec ouvertement homosexuel, avait créé la surprise en prenant la tête de Syriza en septembre 2023, après une série de défaites électorales. Mais ce novice en politique a vite été accusé de vouloir recentrer la ligne de l’ancien parti de la gauche radicale.

Bras de fer avec l’appareil

Moins d’un an après son élection, Stefanos Kasselakis a été évincé le 8 septembre par le comité central, au terme d’une guerre interne de plusieurs mois émaillée de polémiques sur son style, sa ligne politique et des déclarations controversées. Son salaire impayé pendant deux mois, comme celui de tous les salariés des médias du parti, a aussi suscité des remous.

Dans un congrès sous haute tension, l’ex-dirigeant s’est plaint que ses partisans aient été empêchés de participer par l’appareil du parti. Son remplaçant doit être désigné par un vote des militants les 24 novembre et 1er décembre.

Députés frondeurs

Cette crise intervient alors que Syriza n’est plus que l’ombre du parti qui avait mené un bras de fer avec les Européens pour un plan de sauvetage de la Grèce en 2015, du temps où il était au pouvoir avec Alexis Tsipras comme Premier ministre. Depuis, l’ancien trublion de la gauche radicale est passé de la 2e à la 5e place dans les sondages en moins d’un an.

Mécontent de la ligne jugée trop “pro-patronale” de Stefanos Kasselakis, un groupe de onze députés dissidents a claqué la porte du groupe parlementaire Syriza début novembre, le faisant passer de 47 à seulement 36 sièges sur les 300 que compte le parlement grec. Ces frondeurs ont constitué un nouveau groupe baptisé Nouvelle Gauche.

Nous ne reviendrons pas au sein de Syriza.

Alexis Haritsis, chef de file des députés dissidents

Réunis eux-aussi en congrès ce week-end, les dissidents de la Nouvelle Gauche ont exclu tout retour dans le giron de Syriza via la voix de leur chef de file Alexis Haritsis. C’est donc un véritable séisme qui secoue le principal parti d’opposition grec.

Un paysage politique chamboulé

L’émergence de deux nouveaux mouvements à gauche, portés par d’anciens ténors de Syriza, vient redistribuer les cartes dans un paysage politique grec en pleine recomposition. Alors que la droite conservatrice au pouvoir semble pour l’instant confortée par les divisions de ses opposants, la question de l’avenir de la gauche et d’éventuelles alliances est plus que jamais posée.

Entre affrontements de personnalités, débats stratégiques et course au positionnement, la crise qui secoue Syriza depuis des mois est loin d’être terminée. La principale force d’opposition au gouvernement conservateur joue son avenir dans cette tempête inédite.

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