Le week-end dernier, la tempête Kirk a déferlé sur la France, provoquant des inondations d’une ampleur inédite en Seine-et-Marne. Plus de 140 communes du département ont été durement touchées par la montée des eaux, contraignant de nombreux habitants à quitter précipitamment leurs logements. Retour sur cet événement météorologique exceptionnel qui a profondément marqué le territoire.
Une tempête d’une intensité rare
Dès vendredi soir, les services météorologiques ont placé la Seine-et-Marne en vigilance rouge pour risque de crues, le niveau d’alerte maximal. Et pour cause : en l’espace de 24 heures, il est tombé l’équivalent d’un mois de précipitations sur le département. Un épisode pluvieux d’une intensité rare qui a rapidement fait sortir de leur lit la Seine et ses affluents.
Face à la rapide montée des eaux, de nombreuses communes n’ont eu d’autre choix que d’évacuer leurs habitants des zones les plus exposées. Partout, les cours d’eau d’ordinaire si paisibles se sont transformés en torrents de boue, emportant tout sur leur passage. Routes coupées, maisons et commerces inondés, véhicules submergés… Les dégâts sont considérables.
La commune de Condé-Sainte-Libiaire particulièrement sinistrée
Dans le nord du département, le village de Condé-Sainte-Libiaire fait figure d’épicentre de la catastrophe. En quelques heures seulement, près de 200 personnes ont dû être mises en sécurité alors que les flots envahissaient les rues du bourg.
“On n’a jamais vu ça, même pendant la crue historique de 2016 ! L’eau est montée à une vitesse folle, on a à peine eu le temps de monter les meubles à l’étage. La plupart des habitants ont dû tout laisser derrière eux et partir en catastrophe”
témoigne Annie, une riveraine.
À Esbly, Crécy-la-Chapelle et Meaux aussi, les pompiers et la sécurité civile ont procédé à de nombreux sauvetages en barque et hélitreuillage toute la journée de samedi pour venir en aide aux sinistrés coincés par les eaux.
Des cours d’eau transformés en torrents de boue
Dans les secteurs les plus impactés, le spectacle est de désolation. Partout où l’œil se pose, on ne voit que des bâtiments éventrés, des voitures encastrées les unes dans les autres, des arbres déracinés, des amas de branches et déchets charriés par les flots.
Cette crue éclair a pris de court tous les habitants, y compris les plus anciens qui n’avaient jamais connu pareille montée des eaux. “On a l’habitude des inondations ici mais là c’était du jamais vu. Le Grand Morin est sorti de son lit en un clin d’œil et a tout emporté sur son passage !”, s’alarme un septuagénaire de Crécy-la-Chapelle.
La décrue amorcée mais des dégâts considérables
Alors que la décrue s’amorce, l’heure est maintenant au bilan et nul doute qu’il sera très lourd. De nombreuses entreprises et exploitations agricoles ont vu leurs locaux et équipements dévastés. Le réseau routier a aussi beaucoup souffert, de nombreux axes étant toujours impraticables car jonchés de débris ou carrément éventrés par endroits.
“Il faudra des semaines voire des mois pour effacer les stigmates de ce déluge et revenir à la normale”
prévient le maire de Crécy, qui comme de nombreux édiles craint des dégâts se chiffrant en millions d’euros.
L’urgence est maintenant d’assurer l’hébergement de toutes les familles sinistrées qui ont souvent tout perdu. Des centres d’accueil ont été ouverts dans les communes pour accueillir les personnes qui ne peuvent regagner leur logement. L’état de catastrophe naturelle devrait être rapidement décrété pour débloquer des aides d’urgence.
Une fois le choc passé, il faudra aussi s’interroger sur cet événement qui constitue un nouveau signal alarmant du dérèglement climatique. Avec le réchauffement, les épisodes météo extrêmes de ce type risquent hélas de se multiplier dans les années à venir. Il est urgent d’en prendre conscience et d’adapter nos territoires en conséquence.
