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Tempête à Gaza : Pluies Diluviennes Engloutissent Espoir

Des enfants pieds nus mangent accroupis dans la boue, sous des bâches qui dégoulinent sans cesse. À Gaza, la tempête Byron vient de transformer les camps de tentes en marécages. Et ce n’est que le début de l’hiver… Que va devenir cette population déjà épuisée par plus d’un an de guerre ?

Imaginez-vous réveillé en pleine nuit par le bruit assourdissant de la pluie qui tamboure sur une simple bâche en plastique. Vos enfants tremblent de froid, les couvertures sont trempées, le sol de la tente est devenu une mare. Et dehors, il n’y a nulle part où aller. C’est la réalité brutale que vivent des centaines de milliers de Palestiniens à Gaza depuis l’arrivée de la tempête Byron.

Quand la pluie devient un ennemi de plus

Depuis mercredi soir, des pluies diluviennes et des vents violents s’abattent sur la bande de Gaza. Ce qui aurait pu être une simple intempérie hivernale se transforme en catastrophe humanitaire dans un territoire déjà ravagé par plus d’un an de guerre. Les campements de fortune érigés parmi les ruines n’offrent aucune protection.

Dans le quartier de Zeitoun à Gaza-ville, des familles creusent frénétiquement des tranchées autour de leurs tentes avec des pelles rouillées. En sandales en plastique et pulls trop fins, elles tentent de détourner des flots qui montent inexorablement. Le spectacle est saisissant : un océan de toiles et de bâches plastiques s’est mué en marécage sous un ciel plombé.

Des enfants qui mangent sous l’averse

Accroupis sur des briques à peine émergées de la boue, un groupe d’enfants partage un repas directement dans des faitouts en aluminium. L’eau ruisselle sur leurs visages, mais ils gardent les yeux levés vers le ciel, comme s’ils espéraient qu’il finisse par se calmer. Cette image résume à elle seule la détresse quotidienne.

Au centre de la bande de Gaza, à al-Zawaida, la situation n’est guère plus enviable. Les chemins sont devenus des rivières, les habitants sautent d’un monticule de sable à l’autre pour éviter l’eau stagnante qui leur arrive aux chevilles. Les plus jeunes marchent pieds nus, faute de chaussures étanches.

« La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants. Les couvertures, les matelas, tout est trempé. Nous ne savions pas où aller. »

Souad Mouslim, déplacée vivant sous une tente

Cette mère de famille lance un appel déchirant : « Donnez-nous au moins des tentes décentes, des couvertures chaudes, des vêtements et des chaussures pour nos enfants. Jusqu’à quand allons-nous vivre comme ça ? » Sa voix doit couvrir le bruit incessant des gouttes qui martèlent la toile au-dessus de sa tête.

850 000 personnes menacées par les inondations

Selon les chiffres de l’ONU, pas moins de 761 sites abritant environ 850 000 déplacés présentent un risque élevé d’inondation. Des chiffres vertigineux qui donnent la mesure de l’ampleur du drame. Et l’hiver ne fait que commencer.

Habituellement, la bande de Gaza connaît des épisodes pluvieux en fin d’automne et en hiver. Mais la destruction massive des infrastructures – routes éventrées, égouts bouchés, bâtiments effondrés – empêche désormais l’évacuation naturelle des eaux. Chaque averse devient une menace vitale.

« La situation est désespérée. Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu. De toute façon, nous n’avons ni bois ni gaz. » – Chourouk Mouslim, originaire de Beit Lahia

Un mort et des maisons qui s’effondrent

La Défense civile a déjà recensé un décès : une personne écrasée par l’effondrement d’un mur fragilisé par l’eau. Trois maisons se sont partiellement effondrées durant la nuit, obligeant leurs occupants à fuir en urgence. Les secours, débordés, lancent des alertes répétées aux habitants qui persistent à vivre dans des bâtiments endommagés par les bombardements.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, est catégorique : « Les tentes, c’est inacceptable. » Il appelle à la fourniture urgente d’abris modulaires équipés de panneaux solaires, avec sanitaires et pièces séparées. « Ce n’est qu’à cette condition que la reconstruction pourra réellement commencer », insiste-t-il.

Une aide humanitaire toujours insuffisante

Malgré la trêve entrée en vigueur le 10 octobre, l’aide humanitaire reste largement en deçà des besoins. Les frontières fermées et les contrôles stricts freinent l’arrivée de matériel essentiel : bâches renforcées, couvertures thermiques, pompes pour évacuer l’eau, bottes, vêtements chauds.

Dans les camps, les plus chanceux tentent de protéger leurs affaires en posant des briques au sol ou en bâchant par-dessus bâche. Mais la plupart n’ont rien. Ils restent debout des heures à l’entrée de leur abri, refusant de s’asseoir sur une surface détrempée.

Partout, les bulldozers continuent de déblayer les décombres des immeubles détruits. Le bruit des engins se mêle à celui de la pluie, comme un rappel constant que la guerre, même atténuée, n’a jamais vraiment cessé.

Un hiver qui s’annonce impitoyable

Byron n’est que la première tempête de la saison. Les prévisions météorologiques annoncent d’autres épisodes pluvieux intenses dans les prochaines semaines. Pour les familles déplacées, chaque alerte météo est désormais synonyme d’angoisse.

Comment protéger un nourrisson du froid quand la température descend sous les 10°C la nuit ? Comment empêcher les maladies respiratoires quand tout est humide en permanence ? Comment maintenir un semblant de dignité quand la boue colle à la peau et aux vêtements jour après jour ?

Ces questions hantent des centaines de milliers de personnes qui n’ont plus de maison, plus de quartier, parfois plus de famille. Elles n’ont plus que cette tente fragile qui craque sous le vent et s’affaisse sous le poids de l’eau.

Un cri d’alarme qui doit être entendu

Les images qui nous parviennent de Gaza ces derniers jours sont insoutenables. Elles montrent une population poussée dans ses derniers retranchements, où même les éléments se liguent contre elle. La communauté internationale peut-elle rester sourde plus longtemps à ce énième drame ?

Des abris dignes, des équipements adaptés à l’hiver, une augmentation massive et immédiate de l’aide humanitaire : voilà les besoins criants exprimés sur le terrain. Chaque jour qui passe sans réponse concrète aggrave une situation déjà catastrophique.

Dans les camps inondés de Gaza, on ne demande plus la lune. On demande simplement de pouvoir passer l’hiver sans que les enfants meurent de froid ou que les tentes s’effondrent sous la pluie. Un minimum vital qui, dans ce contexte, ressemble déjà à un luxe inaccessible.

En attendant, les familles continuent de creuser leurs tranchées dérisoires, de poser leurs briques dans la boue, de serrer leurs enfants trempés contre elles. Et sous les bâches qui claquent dans le vent, elles gardent les yeux rivés sur un ciel qui, pour l’instant, refuse toute pitié.

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