ActualitésÉconomie

Télétravail aux USA : les employés ne veulent plus revenir en arrière

Cinq ans après le début de la pandémie, le télétravail est devenu la norme pour de nombreux Américains. Malgré la volonté de grands groupes de faire revenir leurs salariés au bureau, la résistance s'organise. Les employés ne sont pas prêts à renoncer aux avantages du travail à distance...

Cinq ans après les premiers confinements liés à la pandémie de Covid-19, le télétravail est devenu la norme pour de nombreux Américains. Malgré la volonté de grands groupes comme Amazon et JPMorgan Chase de faire revenir leurs salariés au bureau à temps plein, la résistance s’organise. Les employés, qui ont pris goût à cette nouvelle organisation du travail, ne sont pas prêts à renoncer aux avantages du travail à distance.

Le télétravail, un rêve devenu réalité pour beaucoup

« Personne ne grandit en rêvant d’être un jour enchaîné à un bureau dans une entreprise », lance Curtis Sparrer, patron d’une agence de relations publiques et pionnier du télétravail. Depuis son appartement avec vue sur les toits de San Francisco, il rejette un par un les arguments des sociétés déterminées à imposer un retour au bureau. Pour lui, cette volonté reflète « un manque de confiance implicite, comme s’il fallait voir les gens pour s’assurer qu’ils accomplissent leurs tâches ».

Une tendance lourde vers l’hybride remise en cause

Au sortir de la crise sanitaire, l’organisation hybride, avec deux ou trois jours de présence par semaine, semblait s’imposer comme la nouvelle norme, à quelques exceptions près comme Goldman Sachs ou Tesla. Mais cinq ans plus tard, plusieurs grands groupes remettent en cause ce fonctionnement. Chez Amazon, les ingénieurs et employés administratifs ont ainsi dû revenir à temps plein début 2025, suscitant un fort mécontentement. Selon un sondage interne, plus de 90% d’entre eux désapprouvaient cette décision.

JPMorgan Chase face à l’inquiétude de ses salariés

L’annonce de la fin du télétravail chez JPMorgan Chase en mars dernier n’est pas mieux passée. D’après le Wall Street Journal, les employés ont posté tellement de commentaires sur leurs inquiétudes (frais de transport, garde d’enfants, etc) sur une plateforme interne que la banque a dû fermer cette section. Jeremy Barnum, directeur financier, a admis craindre que cette politique ne débouche sur des départs et « une sélection négative ».

Les multiples avantages du travail à distance

Pour Curtis Sparrer, le télétravail représente un progrès majeur qu’il serait dommage de remettre en cause. Outre les économies réalisées en se passant de bureaux, cela permet de recruter les meilleurs talents sans contrainte géographique. Il y voit aussi un moyen de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux trajets domicile-travail, le harcèlement sexuel, les inégalités ou encore les risques de contagion et de conflits entre collègues.

Où, quand, comment. On ne leur dicte pas, on leur fait confiance, mais il y a aussi des mécanismes pour s’assurer que le travail est fait.

– Mathew Carrico, DRH de DrFirst

Faire confiance plutôt que contrôler

Chez DrFirst, entreprise de logiciels médicaux qui a adopté le full remote, la clé est de responsabiliser les employés. « On ne leur dicte pas où, quand, comment. On leur fait confiance, mais il y a aussi des mécanismes pour s’assurer que le travail est fait », explique Mathew Carrico, DRH. Avec des objectifs clairs, des points réguliers et des espaces d’échanges, la productivité reste élevée. Et plus de 85% des salariés constatent une amélioration de leur qualité de vie et de leur santé.

Pour Heather Happe, qui travaille chez DrFirst depuis près de 14 ans, c’est un changement radical. Malgré une tendance à trop travailler au début, elle a trouvé son équilibre. « J’échappe aux embouteillages et je vois beaucoup plus mon fils, mes animaux et mes plantes ! », se réjouit-elle. Des témoignages qui montrent que le télétravail, loin d’être un effet de mode, correspond à une évolution profonde des attentes et des modes de vie.

Face à des employés qui ne veulent plus revenir en arrière, les entreprises américaines vont devoir s’adapter. Plutôt que d’imposer un retour forcé au bureau, mieux vaut miser sur la confiance et l’autonomie pour attirer et fidéliser les talents, tout en réduisant les coûts. Un défi majeur pour rester compétitif à l’heure de la guerre des talents et de la quête de sens au travail.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.