Le Tchad a été secoué par une attaque sanglante visant le cœur même du pouvoir. Dans la soirée de mercredi, un commando lourdement armé a pris d’assaut le palais présidentiel dans la capitale N’Djamena. L’attaque, d’une violence inouïe, a fait 19 morts dont 18 parmi les assaillants selon un bilan officiel communiqué par le gouvernement.
D’après une source proche du pouvoir, le commando serait parvenu à s’introduire dans l’enceinte du palais avant d’être neutralisé par la garde présidentielle après d’intenses échanges de tirs. Le ministre des Affaires étrangères, s’exprimant depuis le palais et entouré de soldats, a assuré que la situation était « totalement maîtrisée » et que cette « tentative de déstabilisation avait été éradiquée ».
Boko Haram suspecté, tensions politiques en toile de fond
Si aucune revendication n’a été émise pour le moment, certaines sources sécuritaires soupçonnent une action du groupe djihadiste Boko Haram, actif dans la région du Lac Tchad. Le pays est engagé depuis plusieurs années dans une lutte acharnée contre cette mouvance terroriste aux côtés des pays voisins.
Mais cette attaque intervient aussi dans un contexte politique tendu, quelques mois seulement après l’arrivée au pouvoir de Mahamat Idriss Déby, fils du défunt président Idriss Déby, à la tête d’un conseil militaire de transition. La légitimité de ce dernier est contestée par une partie de l’opposition qui dénonce une succession dynastique.
Le Tchad, un partenaire clé fragilisé
Partenaire crucial de la France et des pays occidentaux dans la lutte anti-djihadiste au Sahel, le Tchad traverse une période d’instabilité depuis la mort subite d’Idriss Déby en avril 2021. Son fils Mahamat, bien que soutenu par la communauté internationale, peine à asseoir son pouvoir et à contenir les nombreux facteurs de déstabilisation.
Le Tchad est un verrou sécuritaire essentiel dans une région en proie aux groupes djihadistes. Sa déstabilisation aurait des conséquences catastrophiques.
Un expert de la région cité par l’AFP
Après l’attaque du palais présidentiel, les autorités tchadiennes ont renforcé les mesures de sécurité dans la capitale. Mais c’est tout le dispositif sécuritaire du pays qui semble fragilisé et avec lui, les efforts de stabilisation dans cette partie tourmentée de l’Afrique.
Une transition démocratique compromise ?
Au-delà du défi sécuritaire immédiat, c’est aussi le processus de transition politique qui semble menacé. Mahamat Déby avait promis des élections libres pour rendre le pouvoir aux civils. Mais beaucoup doutent de sa volonté et de sa capacité à mener à bien ce processus dans le contexte actuel.
L’attaque du palais présidentiel, par son audace et sa violence, vient rappeler la fragilité du pouvoir en place et les immenses défis qui l’attendent pour ramener la stabilité et bâtir un véritable État de droit au Tchad. Un chemin semé d’embûches qui nécessitera un soutien accru et vigilant de la communauté internationale.
Le Tchad à la croisée des chemins
Ebranlé par ce nouveau choc sécuritaire, le Tchad se retrouve plus que jamais à la croisée des chemins. Les prochains mois seront décisifs pour l’avenir du pays et de toute la région. Le président Déby parviendra-t-il à relever le défi de la stabilité et à engager son pays sur la voie d’une véritable démocratisation ? L’enjeu dépasse largement les frontières de ce vaste pays sahélien. C’est toute l’architecture sécuritaire et politique de la région qui est en jeu.
Une chose est sûre : le Tchad a plus que jamais besoin du soutien de ses partenaires pour surmonter cette épreuve et avancer sur le chemin escarpé de la paix et du développement. Un chemin qui passera nécessairement par un renforcement de l’État, un dialogue politique inclusif et des réformes profondes pour s’attaquer aux racines de l’instabilité chronique qui mine le pays depuis des décennies.