Alors que son investiture approche, le président élu américain Donald Trump passe à l’offensive sur le front du commerce international. Il menace l’Union Européenne de taxes douanières punitives si elle ne consent pas à réduire son « énorme » déficit commercial avec les États-Unis, notamment en important massivement gaz et pétrole américains.
Trump exige une réduction du déficit commercial US-UE
Dans un message posté vendredi sur son réseau social Truth, le milliardaire républicain a vertement interpellé l’UE : « J’ai dit à l’Union européenne qu’elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz ». Et de conclure avec une menace à peine voilée : « Sinon, ce sont les TARIFS DOUANIERS jusqu’au bout !!! ».
Le déséquilibre commercial entre les deux zones économiques est en effet substantiel. Selon les chiffres américains, les importations de biens en provenance de l’UE s’élevaient à 553,3 milliards de dollars en 2022, contre seulement 350,8 milliards de dollars d’exportations dans l’autre sens. Soit un déficit de 202,5 milliards de dollars du point de vue de Washington.
Une rhétorique protectionniste
La rhétorique protectionniste et agressive de Donald Trump en matière commerciale n’est pas nouvelle. Tout au long de sa campagne, il a fustigé les accords de libre-échange et promis de renégocier les termes des échanges avec les principaux partenaires des États-Unis.
En ligne de mire : le Canada, le Mexique et la Chine, accusés par le président élu d’inonder les États-Unis de drogues, de migrants illégaux et de produits bon marché. Il a d’ores et déjà annoncé vouloir taxer leurs importations à hauteur de 25% pour les deux premiers et d’au moins 10% pour l’empire du Milieu.
L’UE prône le libre-échange
Face à ces menaces, l’Union Européenne affiche sa préférence pour le libre-échange et le multilatéralisme. Le 6 décembre, elle a conclu un vaste accord commercial avec quatre pays sud-américains du Mercosur, créant une zone de libre-échange de 700 millions de consommateurs.
« Cet accord créera des ponts commerciaux alors que des vents forts soufflent dans la direction opposée, vers l’isolement et la fragmentation »
a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, dans ce qui ressemble à une allusion aux velléités protectionnistes de Donald Trump
Entre fanfaronnade et réel rapport de force
Les analystes s’interrogent cependant sur la portée réelle des menaces brandies par le président américain élu. S’agit-il d’une fanfaronnade destinée à son électorat ou d’un véritable moyen de pression en vue de futures négociations commerciales ?
Donald Trump ne cesse en tout cas de marteler que des droits de douane « correctement utilisés » seraient positifs pour l’économie américaine : « Notre pays est actuellement perdant face à tout le monde. Les taxes douanières rendront notre pays riche. » a-t-il ainsi déclaré cette semaine depuis sa résidence de Floride.
Une chose est sûre, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump risque de redistribuer les cartes du commerce international. Reste à savoir si ses menaces se traduiront en actes et quelles en seront les conséquences pour l’économie mondiale. L’Union Européenne, qui a fait du libre-échange un marqueur identitaire, pourrait bien être la première à en faire les frais.