Ça chauffe dans les couloirs de l’Assemblée ! La proposition d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, de taxer les retraités gagnant plus de 2000€ par mois pour financer la Sécurité sociale provoque un tollé dans la classe politique. De l’extrême gauche à l’extrême droite, c’est un refus catégorique.
Une mesure « scandaleuse » pour l’opposition
Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, n’y est pas allé de main morte. Pour lui, taxer des retraités à 2000€, c’est tout bonnement « scandaleux ». Une « spoliation » du fruit de leur travail selon ses mots. Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise, abonde dans le même sens :
Les retraités qui gagnent 2000 ou 2500 €, ce ne sont pas les plus riches. Vous ne vous en sortez pas si bien que ça.
Manuel Bompard, coordinateur de La France Insoumise
Les deux opposants préviennent : il ne faudra pas compter sur eux pour laisser passer une telle mesure au Parlement. Ils brandissent déjà la menace d’une motion de censure si le gouvernement s’entête.
Même la majorité grince des dents
Si l’opposition est vent debout, les alliés d’Astrid Panosyan-Bouvet ne sont guère plus enthousiastes. Le député MoDem Mathieu Lefèvre fustige une « idée antitravail » qui cible « les retraités qui ont travaillé toute leur vie ». Son collègue Olivier Falorni, sur Sud Radio, enfonce le clou :
Quand on apprend qu’il y a eu en 2024, 100 milliards d’euros de dividendes distribués dans le CAC 40… Comment peut-on demander une participation à des retraités qui touchent 2000 euros par mois ?
Olivier Falorni, député MoDem
La droite crie au loup
À droite non plus, on ne décolère pas. Pour le chef de file des députés Les Républicains Laurent Wauquiez, cette proposition pourrait mener à « la banqueroute ». Éric Ciotti, président de l’UDR, dénonce une « nouvelle folie fiscale », pendant que le maire de Nice, Christian Estrosi, qualifie la mesure d' »inadmissible ». Seul le patron du Medef, Patrick Martin, apporte un soutien timide et conditionnel à la ministre :
Pourquoi pas. Mais temporairement, de manière ciblée et en protégeant les petites retraites.
Patrick Martin, président du Medef
Où trouver les recettes ?
Malgré la bronca, le problème reste entier : il faut trouver de l’argent pour combler le gouffre de la « Sécu ». Différentes pistes sont mises sur la table par les oppositions :
- Réserver la prime d’activité aux Français pour économiser 1 milliard (RN)
- Réduire la contribution française au budget de l’UE (RN)
- Instaurer une surcotisation pour les plus hauts revenus (LFI)
Astrid Panosyan-Bouvet se retrouve donc bien isolée avec sa proposition explosive. Selon une source proche du dossier, Matignon aurait déjà pris ses distances, qualifiant l’idée de simple « position personnelle » de la ministre. Manifestement pas de quoi rassurer des retraités inquiets pour leur pouvoir d’achat. La bataille ne fait sans doute que commencer sur ce sujet brûlant.