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Tanzanie : Une Élection Présidentielle Sous Tension

En Tanzanie, la présidente Samia Suluhu lance sa campagne électorale dans un climat de répression. L’opposition est muselée, mais que réserve cette élection ?

Dans un pays où la démocratie semble vaciller, la Tanzanie s’apprête à vivre une élection présidentielle qui suscite autant d’espoir que de controverse. En octobre, les Tanzaniens se rendront aux urnes pour choisir leur prochain dirigeant, mais le climat politique est loin d’être apaisé. La présidente Samia Suluhu Hassan, en poste depuis le décès de son prédécesseur en 2021, a officiellement lancé sa campagne électorale dans la capitale économique, Dar es Salaam. Mais derrière les discours optimistes et les foules rassemblées, une question persiste : cette élection sera-t-elle réellement démocratique ?

Un Contexte Politique Chargé de Tensions

Depuis son arrivée au pouvoir, Samia Suluhu Hassan a tenté de se démarquer de l’héritage autoritaire de John Magufuli, dont le mandat a été marqué par une répression accrue des voix dissidentes. Pourtant, les récents événements laissent planer un doute sur l’ouverture démocratique promise par la présidente. La disqualification de candidats de l’opposition et les accusations de violations des droits humains jettent une ombre sur le processus électoral.

Mercredi, la Commission électorale tanzanienne a disqualifié Luhaga Mpina, un candidat du parti ACT Wazalendo, troisième force politique du pays. Cette décision s’ajoute à l’exclusion, en avril, du principal parti d’opposition, le Chadema, dont le leader, Tundu Lissu, fait face à des accusations de trahison. Ces mesures, dénoncées par les organisations de défense des droits humains, rappellent les pratiques autoritaires de l’ère Magufuli.

La disqualification de l’opposition est un signal clair : le gouvernement cherche à consolider son pouvoir à tout prix.

Une ONG de défense des droits humains

La Campagne de Samia Suluhu : Un Message d’Unité ?

Lors de son lancement de campagne, Samia Suluhu Hassan a adressé un message d’optimisme à ses partisans. Devant une foule composée de dignitaires, d’artistes populaires et de militants, elle a vanté les réalisations de son parti, le CCM (Chama Cha Mapinduzi), au pouvoir depuis l’indépendance de la Tanzanie. « Nous avons mis en œuvre notre programme ces cinq dernières années, et nous sommes prêts à continuer », a-t-elle déclaré, promettant stabilité et progrès.

La présidente a également évoqué des projets ambitieux, comme la création d’une commission de réconciliation et l’élaboration d’une nouvelle constitution. Ces annonces, bien qu’attrayantes, restent floues, et leur absence de détails concrets soulève des interrogations. Pour beaucoup, ces promesses visent à apaiser les critiques tout en consolidant son emprise sur le pouvoir.

Les annonces de Samia Suluhu Hassan en bref :

  • Création d’une commission de réconciliation pour apaiser les tensions.
  • Rédaction d’une nouvelle constitution, sans calendrier précis.
  • Engagement à maintenir la stabilité économique et politique.

Une Opposition Muselée

La disqualification des principaux adversaires politiques n’est pas un incident isolé. En avril, le leader de Chadema, Tundu Lissu, a été arrêté et accusé de trahison, une charge grave pouvant entraîner la peine capitale. Cette répression s’inscrit dans un contexte plus large où les opposants politiques font face à des intimidations, des arrestations et, selon certaines accusations, des enlèvements. Ces pratiques ont poussé l’ambassadeur tanzanien à Cuba à démissionner le mois dernier, dénonçant des agissements contraires aux principes des droits humains.

Pour les organisations internationales, ces événements signalent un retour en arrière vers des pratiques autoritaires. Les critiques estiment que la présidente, bien qu’initialement perçue comme une réformatrice, n’a pas réussi à rompre avec l’héritage de son prédécesseur. « La Tanzanie semble revenir à un système où toute dissidence est écrasée », déplore un observateur international.

Les Réactions des Partisans et des Critiques

Le lancement de la campagne a attiré des milliers de partisans, certains parcourant de longues distances pour assister au rassemblement à Dar es Salaam. Pour beaucoup, le CCM reste une force incontournable, symbole de stabilité dans un pays marqué par une histoire complexe. « Aucun parti ne peut rivaliser avec nous », affirme Mashaka Ngao, un fervent supporter, convaincu de la victoire de Samia Suluhu.

Nous sommes heureux, car cette situation nous assure la victoire.

Anatory Clement, partisan du CCM

Cependant, tous ne partagent pas cet enthousiasme. Omary Mrisho, membre du CCM, regrette l’exclusion de l’opposition. « Ils nous poussent à nous améliorer. Ce sont nos rivaux, mais nous avons besoin d’eux », confie-t-il. Cette voix dissonante au sein du parti au pouvoir illustre les tensions internes, même parmi les soutiens de la présidente.

Un Débat sur le Genre et le Pouvoir

Un autre aspect marquant de cette campagne est la question du genre. Samia Suluhu Hassan, première femme présidente de la Tanzanie, fait face à des critiques que certains attribuent à un système patriarcal. Stephen Wassira, vice-président du CCM, a accusé les détracteurs de s’opposer à la présidente en raison de son genre. « Ils critiquent parce qu’elle est une femme dans un système dominé par les hommes », a-t-il déclaré lors du rassemblement.

Cette rhétorique, bien que séduisante pour certains, ne suffit pas à apaiser les inquiétudes. Les accusations de répression transcendent la question du genre et pointent vers des problèmes structurels plus profonds dans la gouvernance tanzanienne.

Aspect Situation Actuelle
Opposition Disqualifiée ou poursuivie pour trahison
Droits humains Accusations d’enlèvements et répression
Promesses Nouvelle constitution, commission de réconciliation

Vers une Élection Sans Suspens ?

Avec l’opposition affaiblie, l’élection d’octobre semble jouée d’avance pour Samia Suluhu et le CCM. Cependant, cette absence de compétition réelle pourrait avoir des conséquences à long terme. Une démocratie saine repose sur la pluralité des voix, et l’exclusion des partis d’opposition risque d’alimenter le mécontentement populaire.

Les promesses de réconciliation et de réforme constitutionnelle, si elles se concrétisent, pourraient apaiser certaines tensions. Mais sans un engagement clair et des actions concrètes, ces annonces risquent de rester des paroles en l’air. Les Tanzaniens, comme les observateurs internationaux, attendent de voir si Samia Suluhu Hassan saura tenir ses promesses ou si la Tanzanie s’enfoncera davantage dans un système autoritaire.

En attendant, le climat politique reste tendu. Les accusations de répression, les disqualifications et les arrestations continuent de faire débat. Alors que la campagne bat son plein, une question demeure : la Tanzanie peut-elle retrouver une véritable stabilité sans une démocratie inclusive ?

Les enjeux de l’élection en résumé :

  • Stabilité politique : La présidente promet de consolider la paix.
  • Répression : L’opposition est marginalisée, suscitant des inquiétudes.
  • Genre : La première femme présidente fait face à un système patriarcal.

À l’approche des élections, la Tanzanie se trouve à un tournant. Le scrutin d’octobre dira si le pays s’engage sur la voie de la réforme ou s’il s’enfonce dans un système où la dissidence n’a plus sa place. Une chose est sûre : les regards sont tournés vers Samia Suluhu Hassan, dont les choix pourraient redéfinir l’avenir de la nation.

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