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Tanzanie : Répression Brutale Avant les Élections

En Tanzanie, la répression s'intensifie : opposants tués, kidnappés, médias censurés. Quelle est cette "nouvelle norme" avant les élections ? Découvrez la vérité...

Imaginez un pays où critiquer le pouvoir peut coûter la vie. En Tanzanie, à l’approche des élections présidentielle et législatives de 2025, une vague de violence et de censure s’abat sur les opposants. Meurtres, enlèvements, agressions : la situation alarme les défenseurs des droits humains. Plongez dans cette réalité troublante, où la démocratie semble s’effacer sous le poids de l’autoritarisme.

Une Démocratie sous Pression

La Tanzanie, nation d’Afrique de l’Est de 62 millions d’habitants, traverse une crise politique majeure. À l’aube d’un scrutin crucial, le gouvernement, dirigé par la présidente Samia Suluhu Hassan, est accusé de museler toute forme d’opposition. Les espoirs d’ouverture démocratique, nés en 2021 après la mort de l’autoritaire John Magufuli, se sont vite dissipés. Aujourd’hui, une répression brutale semble devenir la norme, marquée par des actes d’une violence inouïe.

Des chiffres alarmants circulent : selon le barreau du Tanganyika, 83 opposants auraient disparu depuis l’arrivée au pouvoir de la présidente. Parmi eux, 20 cas ont été recensés dans les semaines précédant les élections. Ces actes, souvent impunis, jettent une ombre sur la promesse d’un pays démocratique.

Des Opposants Réduits au Silence

Les histoires de violence politique sont légion. Prenez le cas d’Ali Mohamed Kibao, figure du parti d’opposition Chadema. En septembre 2024, il est enlevé par des hommes armés, battu, puis retrouvé mort, le corps aspergé d’acide. Ce crime, d’une cruauté rare, illustre la gravité de la situation. Aucune enquête sérieuse n’a suivi, malgré les promesses officielles.

« Notre pays est démocratique, et tous les citoyens ont droit à la vie. »

Samia Suluhu Hassan, présidente de la Tanzanie

Ces mots, prononcés par la présidente après le meurtre de Kibao, sonnent creux pour beaucoup. Les résultats de l’enquête promise n’ont jamais été rendus publics, renforçant le sentiment d’impunité. Un autre cas marquant est celui d’Abdul Nondo, leader jeunesse du parti ACT Wazalendo. Enlevé en décembre dernier, il raconte avoir été menacé de mort : « Tu parles trop. On va te tuer. » Relâché après des heures de sévices, il refuse pourtant de se taire, affirmant : « C’est mon pays. »

La peur s’installe, mais la résistance persiste. Ces voix courageuses continuent de défier un système qui cherche à les étouffer.

Une Vague de Terreur avant les Élections

À mesure que le scrutin approche, les actes de répression se multiplient. Des figures politiques comme Humphrey Hesron Polepole, ancien ambassadeur devenu critique du gouvernement, disparaissent sans laisser de trace. Une vidéo virale montre sa maison dévastée, avec des traces de sang au sol. Le principal parti d’opposition, Chadema, a été exclu des élections, et son leader, Tundu Lissu, arrêté pour trahison, un chef d’accusation passible de la peine de mort.

Un autre candidat sérieux, Luhaga Mpina d’ACT Wazalendo, a été disqualifié pour des raisons administratives douteuses. Ces exclusions systématiques laissent peu de place à une compétition électorale équitable. Les observateurs internationaux, y compris les médias, sont également tenus à l’écart, privés d’autorisation pour couvrir le scrutin.

  • 83 disparitions d’opposants recensées depuis 2021.
  • 20 cas signalés dans les semaines précédant les élections.
  • Exclusion des principaux partis d’opposition du scrutin.
  • Arrestation de leaders politiques pour des motifs controversés.

La Censure et la Peur au Quotidien

La répression ne se limite pas aux politiciens. Les citoyens ordinaires, les religieux, et même les avocats subissent des pressions. Le père Charles Kitima, agressé après une réunion sur la démocratie, témoigne : « La police sait qui m’a attaqué, mais rien n’a été fait. » Son cas reflète un climat où critiquer le pouvoir expose à des représailles immédiates.

Les médias, eux, sont muselés. Les journalistes internationaux se voient refuser l’accès au pays, tandis que les voix critiques locales risquent l’enlèvement ou pire. Cette censure systématique empêche la diffusion d’informations objectives, laissant la population dans l’ignorance des abus commis.

Un Héritage Autoritaire

La Tanzanie n’en est pas à son premier épisode de répression. Depuis l’indépendance en 1961, le pays a connu des périodes d’autoritarisme, notamment sous le régime à parti unique de Julius Nyerere. Malgré l’introduction de la démocratie en 1992, les pratiques oppressives ont perduré. L’arrivée de Samia Suluhu Hassan au pouvoir en 2021 avait suscité un espoir de changement, vite balayé par la réalité.

Un analyste basé à Dar es Salaam, sous couvert d’anonymat, résume la situation : « Nous pensions que l’autoritarisme de Magufuli était une anomalie. Mais c’est devenu la norme. » Cette métamorphose d’un régime espéré progressiste en un système répressif rappelle, pour certains, un coup d’État silencieux, où le pouvoir refuse de céder du terrain.

Événement Date Conséquences
Meurtre d’Ali Mohamed Kibao Septembre 2024 Aucune enquête concluante
Arrestation de Tundu Lissu Avril 2024 Accusation de trahison
Enlèvement d’Abdul Nondo Décembre 2023 Relâché après sévices

Une Population Résignée ?

Face à cette répression, la possibilité d’un soulèvement populaire semble faible. Contrairement à des pays voisins comme le Kenya ou Madagascar, où la jeunesse s’est mobilisée, les Tanzaniens semblent davantage préoccupés par des questions économiques. Avec une croissance de 5,5 % en 2024, selon la Banque mondiale, l’économie tanzanienne, portée par l’agriculture, les mines et le tourisme, offre une certaine stabilité.

Durant la campagne électorale, la présidente Hassan a misé sur des promesses d’infrastructures et d’assurance maladie universelle. Ces annonces, bien accueillies, éclipsent souvent les débats sur les droits humains. Pourtant, pour beaucoup, cette prospérité économique ne compense pas la perte des libertés fondamentales.

Quand la peur remplace la liberté, peut-on encore parler de démocratie ? La Tanzanie se trouve à un carrefour décisif.

Un Avenir Incertain

Alors que les élections approchent, les critiques internationales se multiplient. Des organisations comme Amnesty International dénoncent une « vague de terreur » orchestrée pour garantir la victoire du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi. Le gouvernement, lui, rejette ces accusations, les qualifiant d’« infondées » tout en évitant de répondre aux demandes d’éclaircissements.

Pour les Tanzaniens, le choix est limité. Avec une opposition décimée et une presse muselée, le scrutin risque de reconduire un pouvoir autoritaire. Pourtant, des voix comme celle d’Abdul Nondo persistent, défiant la peur. « S’ils veulent me tuer, qu’ils le fassent », déclare-t-il, incarnant une résistance qui refuse de plier.

La Tanzanie, jadis symbole d’espoir pour une démocratie africaine, semble s’enfoncer dans un cycle de répression. La communauté internationale observe, mais sans accès direct au terrain, il est difficile de mesurer l’ampleur de la crise. Une question demeure : jusqu’où ira ce régime pour conserver le pouvoir ?

  • Une opposition systématiquement écartée des élections.
  • Une presse internationale bloquée, incapable de couvrir le scrutin.
  • Une population partagée entre stabilité économique et perte de libertés.

La situation en Tanzanie est un rappel brutal que la démocratie, même lorsqu’elle existe sur le papier, peut être fragile. Les événements actuels pourraient redéfinir l’avenir du pays pour des années. Reste à savoir si la population, ou la communauté internationale, trouvera les moyens de réagir avant qu’il ne soit trop tard.

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