La Tanzanie traverse une période politique troublée alors que le pays s’apprête à organiser des élections locales le 27 novembre prochain. Ces derniers développements jettent une ombre inquiétante sur l’état de la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Le chef de l’opposition arrêté dans des circonstances troubles
Vendredi dernier, Freeman Mbowe, le chef du principal parti d’opposition tanzanien Chadema, a été arrêté en compagnie d’autres responsables du parti. Les circonstances de cette arrestation sont pour le moins préoccupantes.
Selon des sources proches du parti, les forces de l’ordre auraient tendu une embuscade au convoi de M. Mbowe dans une forêt de l’Ouest du pays. La police serait intervenue avec des gaz lacrymogènes pour disperser un rassemblement de militants avant de procéder aux interpellations.
La police a emmené nos dirigeants sans dévoiler leur destination.
John Mrema, porte-parole du parti Chadema
Le parti dénonce une opération coordonnée visant à entraver sa campagne électorale. Quelques jours plus tôt, Chadema avait déjà protesté contre la disqualification “injuste” de plusieurs de ses candidats.
Un contexte politique de plus en plus répressif
Cette arrestation est le dernier épisode en date d’une inquiétante dérive autoritaire observée ces derniers mois en Tanzanie :
- Disparitions de plusieurs membres du parti Chadema
- Meurtre d’un dirigeant de l’opposition en septembre
- Enlèvement et torture présumés d’une responsable du parti
- Répression violente de manifestations pacifiques
Il y a quelques semaines à peine, deux anciens députés de l’opposition avaient déjà été arrêtés aux côtés de Freeman Mbowe lors d’un rassemblement interdit par les autorités.
La présidente Samia Suluhu Hassan critiquée
Arrivée au pouvoir en mars 2021 suite au décès soudain de son prédécesseur John Magufuli, la présidente Samia Suluhu Hassan avait pourtant initialement montré des signes d’ouverture. Elle avait notamment autorisé la réouverture de médias fermés sous la précédente présidence.
Mais à l’approche des élections, la dirigeante fait face à de vives critiques. Beaucoup l’accusent de renouer avec les pratiques autoritaires de son prédécesseur et de museler toute voix dissidente. Les élections locales du 27 novembre, qui servent de baromètre avant la présidentielle de 2025, seront un test majeur pour la présidente.
La communauté internationale appelée à réagir
Face à cette escalade répressive, le parti Chadema appelle la communauté internationale à condamner fermement les atteintes aux droits démocratiques en Tanzanie. Des observateurs craignent que ces élections locales ne se déroulent pas dans des conditions libres et transparentes.
Nous invitons la communauté internationale à être témoin des violations continues des droits démocratiques contre les partis d’opposition lors de ces élections.
John Mrema, porte-parole de Chadema
Le déroulé des prochains jours sera suivi avec attention, alors que l’opposition tanzanienne craint de nouvelles arrestations et entraves. Au-delà des enjeux électoraux immédiats, c’est la solidité même du système démocratique tanzanien qui semble aujourd’hui menacée. Un défi majeur pour ce pays considéré jusqu’ici comme relativement stable dans une région d’Afrique régulièrement secouée par des crises politiques.