Une polémique a éclaté à Taïwan après qu’une journaliste de la chaîne anglophone publique TaiwanPlus ait qualifié le nouveau président américain élu Donald Trump de “criminel condamné” dans un reportage. Suite à un avertissement du gouvernement taïwanais sur le caractère “très sérieux” de l’incident, la chaîne a rapidement supprimé la vidéo incriminée.
Pourtant, Taïwan avait publiquement félicité Donald Trump pour sa victoire, rejoignant ainsi de nombreux autres pays tentant de bien s’entendre avec la future administration américaine. Les États-Unis sont depuis longtemps le plus grand soutien de Taipei sur la scène internationale.
Une journaliste dérape en direct
Louise Watt, correspondante de TaiwanPlus aux États-Unis, commentait en direct les résultats de l’élection présidentielle américaine la semaine dernière. Face caméra, elle a alors déclaré que “les États-Unis voteront soit pour leur première femme présidente, soit pour leur premier criminel condamné”, faisant référence aux affaires judiciaires impliquant Donald Trump.
“Et bien il semblerait que l’Amérique ait choisi le criminel”, a-t-elle conclu dans cet extrait relayé par plusieurs médias taïwanais et qui a fait le tour des réseaux sociaux. Des propos qui ont suscité un tollé, à Taïwan comme aux États-Unis.
Le gouvernement taïwanais réagit
Averti, le ministre taïwanais de la Culture Li Yuan a rapidement contacté la direction de TaiwanPlus. Selon des propos rapportés par les médias locaux, il aurait transmis le message “que le problème était très sérieux”, demandant le retrait immédiat de la vidéo controversée.
La Fondation pour le service de télévision publique, qui chapeaute TaiwanPlus, a annoncé lundi avoir “humblement revu ses procédures” suite à l’incident. Elle a convoqué un comité d’autodiscipline pour discuter de l’affaire et éviter que cela ne se reproduise.
Taïwan et les États-Unis, une relation complexe
Si Taïwan a officiellement félicité Donald Trump pour son élection, ce dernier avait suscité des inquiétudes pendant sa campagne. Il avait notamment suggéré que Taïwan devrait payer davantage les États-Unis pour assurer sa défense. Il avait aussi accusé l’île de voler l’industrie américaine des semi-conducteurs, un secteur clé de l’économie taïwanaise.
Malgré ces frictions, Washington reste le principal allié de Taipei et son plus grand fournisseur d’armes. Les États-Unis sont engagés à aider Taïwan à maintenir ses capacités d’autodéfense face à la menace chinoise. Pékin considère en effet l’île comme une province rebelle à réunifier, par la force si nécessaire.
TaiwanPlus, vitrine médiatique à l’international
Lancée récemment, la chaîne TaiwanPlus est un projet ambitieux visant à donner une vitrine anglophone à Taïwan dans le monde. Diffusée sur le web, le câble et dans des hôtels dans plusieurs grandes villes américaines, elle cherche à toucher les élites politiques et économiques.
Selon la fondation qui la gère, plus de 90% de son audience se trouve à l’étranger. Un incident comme celui impliquant Louise Watt est donc très dommageable pour l’image que cherche à renvoyer Taïwan. Le gouvernement entend bien garder le contrôle sur sa communication, surtout quand il s’agit de ménager son précieux allié américain.