En dépit des vives protestations de la Chine, le président taïwanais Lai Ching-te poursuit sa tournée diplomatique dans le Pacifique. Ce déplacement, qui constitue son premier voyage à l’étranger depuis sa prise de fonctions en mai, vise à renforcer les soutiens internationaux de Taïwan face aux pressions croissantes de Pékin.
Une tournée à haut risque diplomatique
Mercredi, Lai Ching-te a fait escale à Guam, un territoire américain non incorporé, avant-dernière étape d’un périple qui l’a déjà mené à Hawaï, aux îles Marshall et aux Tuvalu. Vendredi, il achèvera son voyage au Palaos, l’un des rares pays qui reconnaissent encore Taipei au détriment de Pékin.
Cette tournée intervient alors que la Chine cherche à isoler diplomatiquement Taïwan en lui soufflant ses derniers alliés, souvent avec la promesse d’aides financières et d’investissements. Pékin considère en effet l’île comme une de ses provinces et n’exclut pas le recours à la force pour parvenir à une « réunification ».
Le soutien appuyé des alliés du Pacifique
Malgré les mises en garde chinoises, les dirigeants des nations insulaires visitées ont réaffirmé leur appui indéfectible à Taïwan. Aux îles Marshall, la présidente Hilda Heine a assuré que son pays continuerait à « exprimer et à soutenir l’inclusion de Taïwan aux Nations unies et dans toutes les autres organisations régionales et internationales ».
La République des îles Marshall restera un allié fidèle de Taipei.
Hilda Heine, présidente des îles Marshall
En retour, Lai Ching-te a annoncé une série d’aides au développement, comme un prêt préférentiel à la compagnie aérienne marshallaise ou la construction d’un abattoir pour renforcer la sécurité alimentaire de l’archipel. Une coopération similaire a été évoquée aux Tuvalu.
La colère de Pékin et le soutien américain
Sans surprise, la Chine a vivement réagi à cette tournée, accusant Taïwan de se livrer à des « manœuvres séparatistes » et enjoignant aux États-Unis de cesser de s’immiscer dans cette question. Pékin a aussi « déploré » l’approbation par Washington d’un nouveau projet de vente d’armes à Taïwan.
Si les États-Unis reconnaissent diplomatiquement la Chine populaire depuis 1979, ils restent l’allié le plus puissant de Taïwan, son principal fournisseur d’armements et un soutien crucial face à la pression chinoise. À Hawaï, Lai Ching-te s’est d’ailleurs entretenu avec l’influente Nancy Pelosi des « menaces militaires chinoises ».
Taïwan déterminé à défendre sa souveraineté
Cette tournée illustre la volonté de Taïwan de défendre sa souveraineté et de préserver ses appuis internationaux face à une Chine de plus en plus pressante. Si le rapport de force reste très déséquilibré, Taipei semble déterminé à ne pas se laisser isoler et à affirmer sa singularité politique et culturelle vis-à-vis du continent.
Le déplacement de Lai Ching-te est donc un message clair envoyé à Pékin, mais aussi à la communauté internationale : malgré les pressions, Taïwan refuse de disparaître de la scène diplomatique. Un pari risqué face au géant chinois, mais qui témoigne de la résilience de la jeune démocratie taïwanaise.